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L'année du volcan

L'année du volcan

Titel: L'année du volcan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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rencontre allait se conclure sans que les précautions fussent prises. J’ai donc des exigences.
    — Des exigences ! Vraiment ?
    — De légitimes exigences, en effet. Primo, nous désirons connaître l’origine en France des faits faux ou avérés qui nourrissent la substance des libelles. Secundo, nous exigeons la preuve que lesdits imprimés soient détruits et les planches d’imprimerie brisées. Les lettres de change sur une banque de la City ne seront honorées qu’à cette condition.
    Nicolas aurait bien ajouté une demande sur le cas particulier du vicomte de Tréhiguier, mais la présence de la Présidente lui avait donné la réponse. La Paulet avait vu juste. C’était elle qui, dans des conditions ignorées mais résultant sans doute de sa déroute dans la misère, avait dévoilé ce secret. Il ne lui en voulut pas trop, conscient de ce que ces femmes affrontaient lorsque l’âge et des attraits flétris leur faisaient abandonner leur négoce.
    — Je vois, monsieur, que vous ne mesurez pas bien votre situation. Vous voici à merci, loin de tout, sans secours et vous osez poser de nouvelles conditions à ce qui avait été convenu. Je crains que nous ne puissions nous entendre. Toutefois, par purebonté d’âme, je consens à vous fournir quelques informations qui pourraient bien ne vous être d’aucune utilité.
    — Je vous écoute.
    — Pour l’origine du corps des libelles, nous avons des informateurs à la cour dont le principal était, car comme vous le savez il est mort, le vicomte de Trabard. Régulièrement, par des voies ad hoc , il nous faisait parvenir les dernières nouvelles scandaleuses. Rassurez-vous, il sera remplacé. Pour ce qui vous touche au plus près, vous avez sans doute compris par quel canal un secret, jusqu’alors bien gardé, a été éventé. Vous mesurez sans doute le levier qui est en nos mains pour briser toute résistance de votre part. Là où vous êtes placé, vous pourriez avec avantage participer de notre chaîne d’informations.
    Nicolas trouvait que l’entretien prenait un tour inquiétant et sinistre. L’attitude presque affalée de la Présidente laissait augurer des périls imminents. Il prit soudain conscience du piège où il était tombé : seul, isolé dans un endroit inconnu, à plusieurs lieues de Londres, tout pouvait survenir et les menaces qui sous-tendaient le propos de son interlocuteur – son geôlier ? – ne le rassuraient guère.
    — De fait, monsieur le marquis, nous savons que les lettres de change sont dans votre pourpoint et que vous venez d’imaginer une condition qui n’a jamais existé dans les négociations préalables à votre venue. Songez à tout ce qui dépend de votre bonne volonté. Que de chefs-d’œuvre annoncés qui, publiés, vont rameuter les cours et l’opinion de l’Europe. Voulez-vous quelques titres, au choix ? Les Passe-temps d’Antoinette , ouvrage fort circonstanciédans tous les domaines, Les Amours du vizir Vergennes , ce vieux bouc, Les Petits Soupers de l’Hôtel de Bouillon , ô combien crapuleux et bien d’autres avec figures, du style des Amours de Charlot et d’Antoinette ou La Naissance du Dauphin dévoilée . Vlà le plaisir, mesdames, vlà le plaisir, faites votre choix !
    Voilà bien Sartine, songea Nicolas, et son agaçante manière de ne dévoiler jamais la totalité d’intrigues qu’il serait utile de connaître. Ce rendez-vous prenait de plus en plus l’aspect d’un guet-apens. On pouvait craindre que l’affaire ne se conclût pas à l’avantage de la couronne et que, l’argent remis, aucune garantie n’existât plus que les libelles fussent à jamais détruits.
    L’homme, menaçant, avait sorti un pistolet dont il armait la détente, il fit un pas en avant. Nicolas ne broncha pas et demeura silencieux.
    — Monsieur, ajouta l’inconnu, ne m’obligez pas à user de mesures définitives. Vos chefs ont eu grand tort de vous jeter dans nos bras. Allons ! J’attends. Vous imaginez bien que d’une manière ou d’une autre, j’obtiendrai ce que je désire.
    Il leva l’arme. Nicolas estima que cette injonction pouvait signifier qu’il ne tirerait pas et que la menace n’était qu’une tentative d’intimidation. Pourtant il pouvait se tromper. L’homme grimaçait, la bouche tordue d’une haine mauvaise.
    — Vous avez des amis en Angleterre, monsieur Le Floch, qui vous apprécient au plus haut point. Ces amis paieraient cher pour votre tête. Que

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