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L'année du volcan

L'année du volcan

Titel: L'année du volcan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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tout ceci ? J’en suis encore à recevoir un choc derrière la tête au moment où… Il s’est passé une chose affreuse que je ne parviens à revivre…
    — Il est encore hors de gamme et ne retrouve pas ses souvenirs. C’est normal. Le choc plus ma médecine, de plus forts n’y résisteraient pas. Il faut prendre son temps pour lui démêler les circonstances qui ne laissent pas d’être compliquées pour un esprit encore brumeux.
    — Guillaume, cessez donc de me traiter en animal d’expérience. D’ailleurs, j’ai faim !
    — À la bonne heure. Voilà une saine réaction ! Je propose d’aller au carré et, là, nous pourrons confabuler, dit Rivoux.
    Le docteur et lui soutinrent Nicolas encore vacillant, le conduisirent à quelques toises de là et l’installèrent à la table vissée au sol. Le repas fut frugal,composé de porc salé, d’un poulet sacrifié de la réserve vivante du bâtiment, de biscuit de marine, d’un vin agréablement aigrelet et d’une rasade de rhum. Nicolas but et mangea sans dire un mot avec une ardeur qui rassura Semacgus, encore inquiet sur les suites de son traitement.
    — Maintenant je vous écoute, mes amis. Que s’est-il passé dont je ne me souviens pas et par quel miracle me suis-je retrouvé l’hôte à bord de mon ami Emmanuel ?
    L’officier alla vérifier que personne ne traînait dans les coursives. Il parla à un homme, que Nicolas ne put apercevoir, et qu’il chargea de demeurer en faction devant la porte du carré. C’est le docteur Semacgus qui prit la parole.
    — C’est une longue histoire. D’abord il faut vous dire que tout fut diligenté par M. de Sartine lui-même qui, une fois n’est pas coutume, n’a pas ménagé ses efforts pour préparer cette expédition par le menu. Lui, qui ne goûte jamais la cuisine des enquêtes, a tenu à cœur, s’agissant de vous, de veiller au moindre détail car, disait-il, «  je ne me pardonnerais pas – et on ne me pardonnerait pas – qu’il arrive quelque chose à Nicolas ». Je crois qu’il a éprouvé quelque plaisir à tout cela.
    À ce récit l’intéressé se mit à penser que sa vie avait tenu à un cheveu et à quelques secondes.
    — Et quel était son plan ? coupa Nicolas, impatient de connaître dans quelle intrigue il avait été jeté.
    — Les préliminaires ayant été conclus avec le maître chanteur, Sartine avait décidé que vous prendriez contact avec lui et que cette rencontre permettrait de régler la question, définitivement. Pour cela il s’agissait de ne pas vous perdre de vue, unseul instant, puisque c’était ce maître chanteur qui devait vous conduire dans un lieu que nous ignorions. C’est ainsi que vous vous êtes innocemment…
    Il rit en voyant la tête de Nicolas.
    — … laissé conduire par un quidam sympathique vers un logis à Saint James Square.
    — Et pourtant, dit Nicolas, depuis ma première arrivée à Paris, je me méfie d’importance de ces cicérones d’entregent qui vous entêtent. La première fois, j’y avais perdu ma montre ! Mais j’y songe, mon porte manteau, mes affaires ?
    — Elles ont justement été récupérées à votre logis. Tout est à bord, sauf un habit perdu dans des conditions que je vous expliquerai. Nos hommes, enfin ceux que Sartine, en sous-main, utilise depuis des années pour les affaires secrètes qu’il traite, vous suivaient en permanence.
    — Ce que m’a révélé lord Aschbury ! Imaginez qu’il s’inquiétait pour moi.
    — Je crois qu’il se méfiait de vous et soupçonnait quelque machination. Il nous a causé du tracas. Alors que nos hommes vous filaient, ils surveillaient aussi les Anglais. Il fallait donc que le rendez-vous au British Museum se déroulât dans les conditions prévues. Aussi avons-nous usé d’un stratagème que vous connaissez bien pour l’avoir plusieurs fois utilisé. Une précaution qui vous avait été prescrite de porter des besicles en verres fumés facilitait la chose. Un de nos hommes ayant revêtu votre habit, celui que nous récupérerons peut-être.
    — Peu importe, maître Vachon y pourvoira !
    — Cet homme a joué votre rôle et, pourvu de besicles lui aussi, a rameuté à lui la horde des Anglais. Ce qui vous a permis de sortir sans encombre du British Museum. La suite était aisée ;il suffisait de vous suivre à distance jusqu’à une abbaye en ruines où devait se tenir votre conférence. Nous sommes arrivés juste pour prendre le débat à

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