Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'année du volcan

L'année du volcan

Titel: L'année du volcan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
Vom Netzwerk:
à celles que nos savants ont eux-mêmes constatées en France. Un volcan en Islande serait à l’origine de ces phénomènes.
    Biscuits et fromages furent apportés et ils poursuivirent leur conversation autour d’une vénérable bouteille de porto.
    Alors que Nicolas prenait congé, lord Aschbury le serra dans ses bras dans une sorte de mouvement spontané qui malgré lui surprit et toucha Nicolas.
    — Mon ami, je suis un vieil homme. Cela change les perspectives. Vous reverrai-je jamais ? Une dernière chose. Prenez garde à vous. Depuis que vous êtes chez nous, on vous suit et ce n’est pas nous !

X
    TRIBULATIONS
    « Nous vivons en ce monde dans une éternelle tromperie. »
    Madame de Motteville
    De retour à Saint James Square, Nicolas méditait les propos de lord Aschbury. Il l’avait trouvé changé, vieilli, empreint d’une espèce de philosophie qui ne rappelait que de loin le fauve cynique d’antan. De fait, ils avaient conversé comme deux amis qui se retrouvent après une longue séparation. Nulle acrimonie n’avait percé dans ce dialogue inattendu. Restait que Nicolas s’interrogeait sur l’avertissement qui avait clos l’entretien. Ce que lui avait confié le chef des services anglais, le fait qu’il fût suivi, signifiait deux choses. La première, c’était que les Anglais eux-mêmes le contrôlaient, ce qui appartenait au domaine du normal ; la seconde, c’était que cette surveillance avait décelé d’autres suiveurs, dontapparemment lord Aschbury ignorait l’origine et les intentions. L’avertissement, libéralement prodigué, le surprenait. Quel message lui voulait-on faire passer ? Quel intérêt le vieil espion avait-il de le prévenir de cette filature ? Par le passé, ils s’étaient durement affrontés, l’Anglais ayant à plusieurs reprises fait attenter à sa vie. Se pouvait-il que la paix, sa signature imminente, l’apaisement du caractère dû à l’âge, une vraie connivence entre deux adversaires rapprochés par une mutuelle estime, aient produit ce miracle de voir lord Aschbury s’inquiéter de la sûreté de Nicolas Le Floch ? Ou bien la tromperie usait-elle de la sincérité dans un inavouable but ? Il avait pourtant cru découvrir dans les propos et l’accent de son ennemi un air de sympathie, une sorte d’émotion d’un vieil homme revenu de beaucoup de choses et tenté de faire un geste envers un Français vers lequel le portait une propension d’estime. Nicolas jugea bon de s’en tenir à cette supposition, mais, dans le même temps, de prendre des précautions. Il s’endormit sur cette idée. La nuit fut agitée après les trop abondantes libations de la soirée.
    Samedi 26 juillet 1783
    Le jour décisif était arrivé. Il devait suivre à la lettre les instructions que lui avait confiées M. de Sartine pour la rencontre avec le maître chanteur. Le plan concocté par les services de l’ancien ministre était des plus précis. Nicolas devait sortir à onze heures sonnantes, rejoindre à pied Covent Garden, portant des besicles à verres fumés. Là, il demeurerait en attente une dizaine de minutes. Unfiacre s’arrêterait devant lui, il y monterait. Il serait conduit au British Museum à Bloomsbury. Il y entrerait et là serait contrôlé par un guide qui le mènerait à destination. Nicolas espérait que tout avait été prévu pour éviter que le Service anglais mît son nez dans cette intrigue. Les secrets en question étaient tout autant dangereux aux mains de lord Aschbury que dans celles des folliculaires criminels qui en faisaient commerce.
    Il respecta à la lettre les instructions, pourtant persuadé qu’il était sans doute filé par un ou deux espions. Sans encombre, il se retrouva face à Montagu House où était installé le British Museum au milieu d’un beau jardin. Il y pénétra et, dans l’attente d’un premier contact, parcourut les salles dans lesquelles étaient présentées des suites d’histoire naturelle. Il admira des planches de papillons qui réunissaient tous les spécimens que l’ancien et le nouveau monde pouvaient offrir, les minéraux, les livres, médailles, manuscrits et objets que le capitaine Cook avait déposés et qui, songea Nicolas, auraient fort intéressé le roi. Il contempla des reproductions de la Magna Carta, ce palladium de la liberté anglaise. Il resta un long moment à regarder les plafonds peints par La Fosse et certains morceaux exécutés sous sa direction par les Français

Weitere Kostenlose Bücher