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L'année du volcan

L'année du volcan

Titel: L'année du volcan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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Rousseau et Monnoyer. Il y rêvait quand une petite main saisit la sienne. Un petit garçon, un doigt sur les lèvres, le conduisit dans une pièce vide et jusqu’à un escalier dérobé qui menait au rez-de-chaussée. Là, une porte donnant sur une cour emplie d’ustensiles de jardinage leur permit de gagner un parc au nord du bâtiment. Sur un chemin creux au milieu des haies, une voiture l’attendait dans laquelle le garçon l’invita à monter. Il obéit, la portière claquaet il se retrouva dans le noir absolu, les glaces ayant été recouvertes de panneaux de bois. La caisse s’ébranla et il se laissa entraîner, aveugle, dans cette redoutable équipée. Décidément ses visites à Londres se ressemblaient avec leur lot de fuites par des passages dérobés et de chausse-trapes.
    Il réfléchit un moment aux moyens de savoir où il se dirigeait. Il pensa à sa montre à répétition qui sonnait les heures et les quarts d’heures. Il suffirait de noter à l’aveugle l’heure de départ et, à intervalles réguliers, de mesurer le temps écoulé pour se faire une idée, certes grossière, du chemin parcouru. Il faudrait prendre en compte les aléas de la circulation dans des rues aussi encombrées d’embarras que celles de Paris. S’il s’en référait à la rapidité et à l’égalité de la course, il lui sembla pourtant que la voiture avait quitté assez vite la ville pour s’engager sur une voie libre. De plus le British Museum se situait à la périphérie de la ville, proche de la campagne avoisinante.
    Une heure et demie avait été comptée aux sonneries de sa montre. Il lui sembla que la voiture bifurquait sur un chemin caillouteux qui fut parcouru encore une bonne heure. Enfin la course ralentit. Le sol sur lequel on roulait changea une nouvelle fois de nature. Le bruit des roues et de l’attelage et l’écho qui soudain y répondit l’incitèrent à estimer que la voiture avait pénétré dans une cour pavée dont les murailles ou des bâtiments renvoyaient le vacarme en l’accentuant. Il espéra un moment sa libération. Cette perspective s’éloigna au fur et à mesure que les heures tournaient. Il avait quitté Saint James Square à midi. À partir de son départ du British Museum au moins sept heures s’étaient écoulées. Il finit même par s’assoupir quand le bruitdu loquet de la portière le ramena à la réalité. Les lunettes fermées lui furent arrachées sans ménagement. Un homme masqué le fit descendre et, l’empoignant vigoureusement par le bras, l’entraîna en dehors de l’espèce de grange où stationnait le fiacre. Il pénétra à la suite de l’inconnu dans une cour dallée. La nuit était tombée. On entendait dans le lointain les cris des oiseaux nocturnes que Nicolas reconnaissait pour en avoir appris les différents registres lorsque, enfant, il passait la nuit au château de Ranreuil. Ainsi il ne s’était pas trompé ; il avait été transporté loin de Londres dans une campagne inconnue.
    Au milieu de la cour l’attendaient un autre homme et une vieille femme courbée sur une canne. Des flambeaux et un brasero éclairaient la scène. L’homme masqué poussa Nicolas.
    — Voilà enfin un interlocuteur de qualité. Nicolas Le Floch, commissaire au Châtelet à la ville et marquis de Ranreuil à la cour. Joli cœur à l’occasion pour engrosser les putains. Mais est-ce bien lui que nous avons l’avantage d’avoir devant nous, à merci ?
    La vieille femme s’approcha de Nicolas qui, dans cette face ravagée, reconnut la Présidente, l’amie de la Satin, celle qui neuf ans auparavant lui avait appris par mégarde qu’il avait un fils. Elle le fixait l’air atone, sa bouche ouverte laissant échapper un filet de sanie. Un lichen noirâtre lui défigurait une partie du visage.
    — C’est bien lui, marmonna-t-elle, en reculant sous le regard de Nicolas.
    — Comment êtes-vous arrivée à ce point d’abjection ? dit-il sans colère.
    — Hé, l’ami, point de cela. Nous avons à conférer.
    — Certes, dit le commissaire, mais il y a des conditions.
    — Comment, des conditions ? Il n’en était pas question.
    — D’abord, à qui ai-je affaire ?
    — Mon nom ne vous dirait rien. Alors, qu’entendez-vous par conditions ?
    — Conditions est un terme trop vulgaire, disons qu’il y a une procédure indispensable. Une suite d’actions nécessaires propres à satisfaire les deux parties. Vous n’imaginiez pas que notre

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