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L'année du volcan

L'année du volcan

Titel: L'année du volcan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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dis-je ? Paieront cher pour votre tête !
    De qui voulait-il parler ? Au cours de ce presque quart de siècle, combien de malfaisants avait-il démasqués ? Et beaucoup avaient échappé au châtiment et s’étaient enfuis de France. Il jeta un regard autour de lui, il ne vit aucune possibilité de fuite ni secours d’aucune sorte. Soudain, il eut la vision de tout ce qu’il allait quitter. Des visages aimés et amis défilèrent devant ses yeux, il revit le libre océan près duquel il était né. Il s’en remit à Dieu, pressa sur son cœur le reliquaire que lui avait donné Madame Louise et attendit la mort les yeux ouverts. Deux coups de feu éclatèrent en même temps. À peine un cri de surprise était-il sorti de sa bouche à la vue des impacts sanglants qui étoilaient les fronts de l’inconnu et de la Présidente qu’un choc violent lui frappa l’arrière de la tête. Dans le même temps qu’il perdait connaissance, un troisième coup de feu se faisait entendre.
     
    Du brouillard, du brouillard, il nage dans une masse opaque dans l’âcre odeur du bois et du cuir. Des chocs, répétés à l’infini. Est-il mort ? Il n’est pas conscient mais ressent tout. Il est le centre vers lequel affluent en brutalité diverses impressions. Chacune d’elles s’impose, affirme en force son existence, une autre lui succède, puis toutes se superposent, se mêlent, dilacérant son esprit dans de multiples voies. Pense-t-on quand on est mort ? Est-il dans son cercueil ? Cette idée déclenche une affreuse oppression, il se débat ou plutôt son esprit se meut dans une masse élastique. Puis plus rien, plus rien, le néant. Des chocs à nouveau, puis un long moment d’immobilité. Une odeur, un parfum, il lui semble que des lèvres se posent sur les siennes. Il en éprouve une ineffable douceur. De nouveau, tout bouge et bascule. Des chocs. L’impression étrange d’être vivant et mort à la fois, de sentir sans ressentir, d’être au dehors de lui-même, mais de ne pouvoir échapper à cette enveloppe qui l’enserre et l’empêche de parler, bouger, vivre. Puis le froid d’un cristal contre sa bouche et une amertume glacée qui le pénètre tout entier. De nouveau le néant, le vide, le puits sans fond, la chute interminable, un retournement, le doux contact d’un oreiller. Il oscille sur lui-même au milieu de craquements et d’ordres lointains hurlés. Une main ferme se pose sur son front et une voix goguenarde se fait entendre.
    — Ma foi, je crains d’avoir un peu forcé la dose. Mais le voilà qui resurgit.
    L’esprit de Nicolas chavire. Il porte les mains à sa tête, finit par ouvrir les yeux et voit, penché sur lui, le bon visage du docteur Semacgus. Il croit retomber dans son cauchemar, refuse la réalité qui s’impose à lui et gémit sourdement.
    — Allons bon ! Le voilà qui retombe dans son délire, dit le chirurgien de marine en passant sous les narines de Nicolas un flacon de sels.
    Pour le coup le patient s’éveilla, effaré de ce qu’il constatait pour la seconde fois. Il saisit la main que lui tendait Semacgus et se redressa péniblement.
    — Où suis-je ? Comment cela est-il possible ?
    Il sentit derechef sa couche bouger sous lui alors qu’une odeur de calfat frappait son odorat.
    — Suis-je en mer ?
    — Bon ! Voilà la raison qui revient. Cela fait bien une heure que je tente de vous extraire de votre marasme. La prochaine fois, j’aurai la main plus légère. Six grains c’est trop, trois devraient suffire. L’expérience aura du bon !
    — Monsieur le marquis, nous avons l’honneur de vous transporter sur La Fringante , corvette de Sa Majesté.
    La voix sembla familière elle aussi à Nicolas qui, écarquillant les yeux, aperçut au fond de la cabine étroite un officier de marine en uniforme, le chapeau à la main.
    — Mon Dieu ! Cette voix… Est-ce vous, monsieur de Rivoux, mon ami ? Mon compagnon d’armes ?
    Il lui tendit les mains qui furent saisies d’enthousiasme. L’officier avait été jadis tiré d’un mauvais pas 25 . Nicolas l’avait retrouvé 26 à bord du Saint-Esprit lors du combat d’Ouessant.
    — Vous voilà seul maître à bord d’un vaisseau du roi !
    — Vous n’y êtes pas pour rien, monsieur. Il semble que Sa Majesté ait écouté avec attention le secret que vous lui fîtes d’un certain combat.
    Nicolas finit par se redresser et s’assit sur sa couchette.
    — Allez-vous m’expliquer le mystère de

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