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L'année du volcan

L'année du volcan

Titel: L'année du volcan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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pailleté d’étoiles d’argent sur lequel tranchait le bleu clair du Saint-Esprit. Un maquillage excessif offrait du volume à un visage de plus en plus réduit. Et pourtant, se disait Nicolas, quelle énergie encore dans cette défroque presque vide !
    Noblecourt eut un regard suppliant pour l’arrivant qui comprit aussitôt ce que cela signifiait.
    — Messieurs, dit-il, que ne profitez-vous de la douceur du soir ?
    Et il se dirigea vers la croisée qu’il ouvrit à deux battants. Le bruit d’un charroi qui passait rue Montmartre se fit entendre. Noblecourt, sans perruque, saisit près de lui une coiffe.
    — Avec votre permission, monseigneur, je me couvre.
    Il posa la petite calotte de soie noire sur son crâne chauve.
    Un courant d’air salubre traversa la pièce. Le maréchal haussa les épaules et reprit son propos, respectant son habitude de vider jusqu’à ses conclusions le sujet qui, sur le moment, lui tenait à cœur. Et derechef la fureur anima le vieil automate de cour et lui remit à la bouche son langage lâché et peuple, souvenir de sa jeunesse sous le régent d’Orléans. M. de Noblecourt qui en avait l’usage depuis longtemps essaya de divertir la conjoncture.
    — Voyez, Nicolas, cette délicate célestine…
    Il se tapota la tête
    — … dont m’a fait présent le maréchal pour me sauver des vents coulis. Ne voilà-t-il pas que déjà elle me sert ? N’est-ce pas merveilleux ? Et de surcroît, notre hôte m’annonce l’arrivée d’une pièce de son vin de Fronsac. Quel privilège et quel honneur que l’amitié d’un grand. Je suis votre humble serviteur, monseigneur.
    — Peuh ! Broutilles que tout cela ! Ah ! La calomnie, celle-là, cette boucaneuse des salons et des ruelles, elle me croque le foie, la gueuse ! Elle n’a qu’une voix et mille visages. Que ne puis-je tenir un de ces marauds de couloir, un de ces gredins de latrines qui tentent de me déshonorer, moi, un Richelieu !
    Pour les Richelieu, songea Nicolas, chacun sait ce qu’il faut en penser. Le père du duc était à l’origine un Vignerot qui avait ajouté à son patronyme celui du grand cardinal appartenant à son épouse.
    — Et tout vieux mâtin que je sois, je lui foutrai mon gant à la gueule, j’irai sur le pré et te le larderai. Ou mieux, je lui ferai donner les étrivièrespar mes valets au point que le sang lui giclera par le nez !
    Il s’était dressé et mimait un imaginaire combat contre un fantomatique adversaire.
    — De grâce, monsieur le maréchal, plaise à vous. Toutefois prenez garde de vous retrouver, pour la quatrième fois, emprisonné à la Bastille, vous, le vainqueur de Fontenoy et de Mahon !
    — Fi donc ! L’impertinent. La première fois, ce n’était point pour un duel. J’étais alors duc de Fronsac. Les oreilles du roi furent agacées par la rumeur – mon père n’y était pas pour rien – que je faisais la cour à la duchesse de Bourgogne, sa petite-fille. Mme de Maintenon, ma protectrice – je la charmais, cette vieille guenipe, la faisant rire –, en avertit elle-même Louis XIV, sachant que la punition serait moins rigoureuse si elle était demandée comme une grâce. Je me retrouvai entre quatre murs puants et les quittai seulement pour gagner l’armée comme mousquetaire. J’y servis sous Villars, le pillard, qui sauva le royaume par la victoire de Denain. Ce fut un mal pour un bien. Ah ! Jeunesse. Le bon temps où l’on montait à la tranchée au son des tambours et des fifres !
    — La seconde sous le Régent, pour un duel avec M. de Matignon.
    — Ciel ! J’oubliais qu’il était commissaire.
    — La troisième à cause des affaires d’Espagne. Ne paraissiez-vous pas être entré dans la conspiration ? Le Régent vous pardonna.
    — Mais pour la bonne raison qu’il ne s’agissait, mon cher, que d’une affaire tendre avec la duchesse de Modène. Vous êtes un fourbe et le maître des secrets, Ranreuil ! Mais vous n’oubliez pas que l’évocation de la gloire passée sait calmer les injures duprésent. Que faisiez-vous donc avec la reine au Trianon ce matin ?
    Richelieu pensait le désarçonner, mais il en fallait plus pour décontenancer le commissaire. Il comprit soudain que cette visite, la célestine et l’annonce d’une pièce de vin n’étaient que prétextes pour venir visiter Noblecourt dans l’espoir de rencontrer Nicolas et lui tirer les vers du nez. À demandeur, demandeur et demi.
    — On ne

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