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L'année du volcan

L'année du volcan

Titel: L'année du volcan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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voiture du comte et gagnèrent la place du Carrousel par le Pont Royal. Au cours de ce trajet, Besenval confirma à Nicolas l’appartenance de leur ami à la franc-maçonnerie, allégeance qui avait favorisé la nature de sa propension à l’égard dudit Cagliostro. Le personnage se prétendait lui-même restaurateur de la maçonnerie égyptienne. Nicolas s’inquiéta de l’heure car il était bien tôt pour un souper. Besenval s’esclaffa en lui donnant la clé du mystère.
    — Mon cher, l’homme, dit-on, ne soupe jamais et se couche à neuf heures en toute saison. Il apparaît qu’il fait une grande faveur à La Borde en acceptant cette invitation. Il me semble fort habile, alternant l’audace, l’humilité, la sincérité, la dissimulation et la faquinerie. Il semble taillé tout exprès pour jouer le rôle du signor Tulipano dans une de ces pochades dont nous régale la Comédie italienne.
     
    Ce fut Mme de La Borde qui les accueillit dans ce grand salon où s’accumulaient les pièces de porcelaine et les laques chinoises dont son époux demeurait en France l’amateur le plus éclairé. Une table, fleurie d’abondance et chargée de cristaux et d’argenterie, était dressée près d’une croisée.
    D’une longue période de mélancolie, Mme de La Borde avait conservé une sorte de langueur et de sérieux qui convenait à son genre de beauté calme.Nicolas comprit pourquoi elle avait séduit la reine qui, après se l’être attachée comme lectrice, avait créé en sa faveur la charge nouvelle de dame de lit, consistant à ouvrir et fermer les rideaux et à dormir au pied de la couche royale. Cela ne laissait de susciter la jalousie des Polignac, toujours attentifs aux affections de la reine. Une autre conséquence de cette faveur avait été le retour en grâce de Benjamin de La Borde, longtemps tenu à distance, réputé avoir été le complaisant de la dernière sultane du feu roi.
    — Mon époux va paraître, mais il a pris jadis dans les petits appartements de Versailles… le goût de la cuisine. Pour l’heure il préside à l’office aux derniers apprêts. Nicolas, il sera heureux de vous voir. Comte, étiez-vous à l’Opéra récemment ?
    — Tous les soirs, lorsque je ne suis pas au château.
    — Qu’en est-il de ces rixes entre ces dames de l’empyrée dont on s’amuse dans les salons ? Sa Majesté s’en est enquise et je n’ai su lui répondre. Posséderiez-vous sur cette affaire quelques détails piquants ?
    — Il se trouve que Mlle de Saint-Hubert y ayant joué le rôle d’ Armide , interprétation qui fut goûtée du public, la Levasseur, sa rivale, lui a cherché querelle. En présence de son amant, Mercy-Argenteau, l’ambassadeur d’Autriche, elle a crêpé le chignon de sa camarade. Mercy voulant protéger la Levasseur tire son épée, chacun s’en mêle et prend parti. La lutte a continué. Cheveux arrachés et horions. Je ne sais la fin de l’acte !
    — Je la connais, dit Nicolas. Mon collègue le commissaire Le Blond, accompagné d’une escouade de la garde de Paris, est entré à l’Opéra. À l’aspectde la robe noire du magistrat, les déesses ont pris leurs jambes à leur cou et se sont dissipées comme des ombres.
    —  Colombes effarouchées, elles rejoignirent l’Olympe …, s’écria une voix joyeuse.
    La Borde fit son entrée, le visage encore enflammé de la chaleur des fourneaux.
    — Comte, je vous salue. Mais c’est notre Nicolas !
    — Que j’ai entraîné, dit Besenval, à m’accompagner pour vous demander à souper ce soir. J’en suis le seul coupable.
    — Soyez-en remercié. Il est le bienvenu, étant ici chez lui.
    — Vous avez piqué ma curiosité avec la promesse de me présenter un personnage très couru. J’ai pensé que le marquis de Ranreuil apprécierait aussi de faire sa connaissance.
    — Et de surcroît, nous accueillons une personne de sang royal.
    — Comment cela ?
    — Cela vous intrigue, n’est-ce pas ? Une descendante du sang des Valois, par Nicole de Savigny, maîtresse d’Henri II. Sa généalogie a été jugée authentique par le juge d’armes de la noblesse d’Hozier de Sérigny et par l’érudit Chérin, généalogiste des ordres du roi. C’est la marquise de Boulainvilliers, femme du prévôt de Paris, qui l’a recueillie, dans le ruisseau où elle demandait la charité. Elle a reçu depuis aide et appui du prince Louis, cardinal de Rohan, grand aumônier de France ! C’est

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