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L'année du volcan

L'année du volcan

Titel: L'année du volcan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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protégeaient les angles du portail. Les deux policiers levèrent le nez pour admirer l’ensemble.
    — C’est Mme Crozat, mère de la duchesse de Choiseul, qui acquit la propriété et fit ériger le dragon.
    — Sur Paris il ne tarit point, dit Bourdeau goguenard.
    — Allons, prenons l’allure comme de vieilles rosses de manège.
    Ils firent leur entrée d’une démarche heurtée, accentuant encore leur désastreuse apparence. Nicolas comprit aussitôt, en envisageant l’ensemble qui s’offrait à ses yeux, le pourquoi de sa précédente interrogation. Une vingtaine de maisons de trois étages se faisaient face, donnant sur une cour fangeuse inégalement pavée. Chaque rez-de-chaussée comportait de grandes portes en bois qui ouvraient sur des ateliers. Les enseignes qui pendaient devant chacun d’eux indiquaient leurs activités et spécialités. Les principales intéressaient la serrurerie, l’étamage et la chaudronnerie. Il s’agissait donc bien de ferrailles, mais à l’autre bout de la chaîne menant de la récupération à la transformation.
    Nicolas envisagea des enfants, pieds nus, qui jouaient avec un toton. L’enjeu consistait à ce que la petite toupie s’arrêtât au plus près d’une pièce d’un liard posée sur le pavé. Nicolas, d’un mouvement vif, se pencha et rafla le disque en bois. Il y eut une protestation générale de la part de la marmaille qui s’accrocha en piaillant aux basques des policiers.
    — Paix ! cria Nicolas. Je hausse l’enjeu à un écu…
    Il fit miroiter la pièce tendue entre le pouce et l’index.
    — … à condition que l’on me dise où je pourrais trouver Mange-rat.
    Le plus grand leva une tête hardie et mal lavée.
    — C’te pour sûr qu’on voudrait vous aider, seigneur écu le bien puant.
    Tous se mirent à huer, crier et certains à faire des cabrioles.
    — Mais c’est qu’on le cherche aussi notre compain. Le Mange-rat , on ne l’a point vu ici depuis deux jours !

V
    GRIGNOTIS 16
    « Non seulement les choses doivent se suivre, mais elles doivent se tenir les unes aux autres. »
    Lucien
    Nicolas et Bourdeau se regardèrent.
    — Comment cela, gamin ? Cela sort-il de l’ordinaire ?
    — Quoi que tu m’dis ? Pas ordinaire ? Et comment ! On vit tous ensemble. Pas vrai les autres ? On s’quitte jamais.
    Il n’y eut qu’un seul cri dans la marmaille.
    — Alors, où est-il ? Toi qui sembles le chef de cette basse-cour morveuse, qu’en dis-tu ?
    — J’en dis, lunettes bleues, c’que j’en dis. J’marche point comme la crevisse et j’machote point mon propos. Où’s qu’est notre compain ? Et vous, pourquoi tu nous questionnes, seigneur puant ? Z’êtes point de la pousse, au moins ?
    — Nous avons une récompense à lui remettre pour un service rendu.
    — Ouais ! C’qu’on dit. Z’êtes point de la pousse, vous puez trop !
    Sur ce il rafla l’écu demeuré entre les doigts de Nicolas, émit un bref sifflement et toute la troupe s’égailla, courant et hurlant, vers la rue de l’Égout.
    — Ah ! Les sacripants, ils nous filent entre les mains !
    — Tout n’est pas perdu. Pendant que tu parlais avec ce coquillon, j’observais la scène. As-tu remarqué que l’un d’eux nous a quittés sur la pointe et, l’air cafard, a rejoint l’un des ateliers ? Je crois que nous aurions intérêt à voir de plus près de quoi il retourne.
    Bourdeau désigna la troisième maison à gauche qui portait l’enseigne d’une gigantesque clé, éloquente indication de son activité. Le portail de bois tiré, un rayon de soleil éclaira l’intérieur de l’atelier, un invraisemblable capharnaüm apparut. D’un côté s’accumulaient, en amoncellements successifs, toutes sortes de débris, morceaux, pièces, de l’autre, plus ou moins disposés dans des casiers de bois, s’entassaient crampons, boulons, ustensiles de ménage en fer, loquets, gonds, pivots et verrous. Au fond trônaient une forge éteinte et son soufflet. De clés, point et cela frappa Bourdeau.
    — Tout cela ne correspond guère à l’enseigne, qu’en penses-tu ?
    — Ah ! Là encore il faut en revenir aux textes. Lors tu apprendrais que le grand roi, aïeul de notre sire, octroya en 1750 des statuts aux serruriers et l’article 44 de ceux-ci déclinait les marchandises qu’ils pouvaient fabriquer et vendre, dont les objets que tu as sous les yeux.
    — Vous m’avez l’air bien renseigné sur mon métier en dépit

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