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L'année du volcan

L'année du volcan

Titel: L'année du volcan Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean-François Parot
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de votre apparence. Que faites-vous chez moi ?
    Un homme corpulent, tête chauve, le corps protégé par un tablier de cuir, venait de surgir du fond de l’atelier, une serpette à la main qu’il balançait de menaçante façon.
    Nicolas hésita un moment sur l’attitude à adopter. Leur langage venait de les trahir tout autant que sa démonstration sur les statuts des métiers.
    — Monsieur, vous n’êtes pas menacé. Sachez que je suis commissaire de police au Châtelet et que mon ami est inspecteur. Nous sommes en train d’enquêter sur une affaire délicate et, en particulier, sur la disparition…
    — Que vous soyez ça ou autre chose m’importe peu. Vous n’êtes pas ce que vous paraissez être. Et qui me prouve ce que vous avancez ?
    — Monsieur, il vous faudra me croire sur parole. Encore que cette lettre de cachet signée de la main de Sa Majesté devrait suffire à vous convaincre de notre sincérité.
    Sans lâcher le document, Nicolas le tendit à l’artisan qui, après avoir chaussé ses besicles, l’examina en grimaçant.
    — Et qui me dit que ce n’est pas un faux ?
    — Bigre, l’homme, dit Bourdeau, contrefaire la signature du roi, sais-tu ce qu’on y risque ? Autant se jeter dans le fleuve. Qu’il te prenne d’en douter et nous t’emmenons sur-le-champ. Quatre exempts rue de l’Égout n’attendent que notre appel. En dépit de ton volume, ils te saisiront aux quatre membres et, lié, tu seras conduit aussitôt au Grand Châtelet.
    Bourdeau, qui s’amusait sous cape et que l’agitation de faux exempts remplissait toujours d’aise,accompagna son propos d’un rire sarcastique. L’homme posa sa serpette et recula, effrayé.
    — Messieurs, il faut comprendre. Le doute est possible, votre costume, votre… odeur, tout concourt à laisser supposer ce que j’ai eu le malheur de vous énoncer. En quoi puis-je vous aider ?
    — À la bonne heure ! Ne perdons plus de temps. Connaissez-vous un gamin, un vas-y-dire , qui répondrait au surnom de Mange-rat  ? Et d’abord, comment vous nomme-t-on ?
    — Lambroie Jacques.
    Il s’arrêta pour se gratter le crâne, ses petits yeux enfoncés papillonnant.
    — Un vas-y-dire  ? Mange-rat , m’avez-vous dit ? Je ne vois pas. Non, point du tout. L’engeance, savez-vous, abonde par ici.
    Bourdeau décida de piquer droit.
    — Si nombreuse que l’un d’entre eux s’est introduit chez vous, il y a un instant. Quel est-il, ce marmot qui nous a précédés ?
    — C’était mon fils. Je n’aime pas qu’il fraye avec cette bande de va-nu-pieds.
    — Le pouvons-nous voir ?
    — Il n’est pas ici. Je l’ai envoyé livrer une commande.
    — Et par où est-il passé ?
    — Il y a une porte derrière qui donne sur des cours.
    — Vraiment !
    Bourdeau s’était avancé dans l’atelier. Il marchait la tête penchée, examinant le ramas de ferrailles, regardant sous un châssis, tapotant la muraille d’un index recourbé. Il finit par déplacer un établi de bois bancal. Il s’accroupit un long moment et se releva, hochant la tête.
    — Auriez-vous une brosse ou un balai ? Il y a là quelque chose qui m’intrigue.
    L’homme, que Nicolas tenait à l’œil, semblait respirer difficilement, une mauvaise sueur suintait à son front, lui coulait dans les yeux. Il eut un brusque mouvement en avant que le commissaire arrêta d’une jambe rapide. Fauché, l’homme s’effondra et, avant de pouvoir s’y reconnaître, fut proprement retourné et ses mains aussitôt entravées par une paire de poucettes qui ne quittait jamais le commissaire dans ce type d’expédition.
    — Voilà un bougre, dit Bourdeau qui s’était porté à la rescousse, qui n’a pas la conscience nette. Où pensait-il fuir ? Ma foi, je crois qu’il va jaser comme une pie et dégoiser ce qu’il sait. Sinon… Ah ! Je ne me retiendrai pas.
    L’air terrible, il avait levé la main, menaçant.
    — L’inspecteur cause un peu iroquois, mais je ne méjuge pas son propos, et l’écouterais-je que je lui ouvrirais volontiers la carrière pour un petit dressage. Qu’en dites-vous, mon cher monsieur Lambroie ? Qu’avez-vous à cacher qui vous mette en un tel état ?
    Il haussa le ton.
    — Hein, je vous cause, qu’y a-t-il que vous souhaitiez ainsi dissimuler ?
    Buté dans son silence, l’homme baissait la tête,
    — Bien. Bourdeau, trouve une corde et lie-moi solidement notre homme, qu’il ne puisse bouger. Il ne perd rien pour

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