Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'arc de triomphe

L'arc de triomphe

Titel: L'arc de triomphe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: E.M. Remarque
Vom Netzwerk:
dit-il à Wiesenhoff.
    À contre-cœur Wiesenhoff s’agenouilla derrière Goldberg.
    « Allez, dit Ravic avec impatience. Prenez-le par les poignets. Ou mieux encore, par les avant-bras. »
    Wiesenhoff suait à grosses gouttes.
    « Plus fort, dit Ravic. Il faut exprimer tout l’air qui est dans les poumons. »
    Il se tourna vers la patronne. Plusieurs personnes étaient entrées dans la pièce. Il fit signe à la patronne de sortir.
    « Il est mort, dit-il une fois dans le corridor. Tous ces efforts sont inutiles. Ce sont des formalités qu’il faut accomplir, voilà tout. Un miracle seul pourrait y changer quelque chose.
    –  Qu’allons-nous faire ?
    –  Ce qu’on fait en pareil cas.
    –  L’ambulance ? Ça veut dire que la police sera là dix minutes plus tard.
    –  Il faudra de toute façon appeler la police. Les Goldberg avaient-ils leurs papiers ?
    –  Oui, des papiers en règle. Passeports et cartes d’identité.
    –  Et Wiesenhoff ?
    –  Permis de séjour. Visa prolongé.
    –  Alors, tout va bien. Dites-leur à tous les deux de ne pas mentionner que j’étais là. Elle sera entrée, aura découvert le cadavre, aura appelé, et Wiesenhoff sera venu à l’aide, aura coupé la corde et pratiqué la respiration artificielle jusqu’à l’arrivée de l’ambulance. Vous vous en occuperez ? »
    La propriétaire le regarda avec des yeux d’oiseau.
    « Naturellement. De toute manière, je serai là quand la police arrivera. Je veillerai à tout.
    –  C’est parfait. »
    Ils retournèrent dans la chambre, Wiesenhoff, penché au-dessus de Goldberg, continuait ses efforts. Au premier coup d’œil, on eût cru qu’ils se livraient tous deux à des exercices de gymnastique sur le plancher. La patronne demeura debout près de la porte.
    « Mesdames et messieurs, dit-elle, c’est mon devoir d’appeler l’ambulance et la police. Je fais demander l’ambulance d’abord. L’interne ou le médecin qui va venir devra immédiatement prévenir la police. Les agents seront ici dans une demi-heure au plus. Tous ceux d’entre vous qui n’ont pas de papiers, feront bien de mettre tout de suite leurs effets dans des valises, de les descendre dans la Catacombe, et de demeurer là. Il est possible que la police fouille les chambres, et veuille des témoins. »
    La pièce se vida comme par enchantement. La propriétaire fit à Ravic un signe indiquant qu’elle parlerait à Ruth Goldberg et à Wiesenhoff. Il ramassa sa trousse et les ciseaux qui gisaient par terre, à côté de la cravate coupée. On remarquait l’étiquette de la cravate : S. Fœrder, Berlin. Elle avait coûté au moins dix marks. Un souvenir de la prospérité de Goldberg. Ravic connaissait la maison Fœrder. Il y avait déjà fait des achats.
    Il empila rapidement ses effets dans deux sacs qu’il porta dans la chambre de Morosow. Une simple précaution. La police ne ferait vraisemblablement aucun ennui. Mais c’était mieux. Le souvenir de sa récente mésaventure, hantait encore sa mémoire de façon cuisante. Il descendit dans la Catacombe.
    Plusieurs personnes couraient avec agitation de-ci de-là. C’étaient les réfugiés sans papiers. La brigade des hors-la-loi. La servante Clarisse et Jean le garçon s’affairaient à placer les va lises dans une pièce en forme de voûte qui touchait à la Catacombe. Dans la pièce tout était prêt pour le dîner. Les tables étaient mises. Les corbeilles de pain étaient remplies et une odeur de poisson et de gras s’exhalait de la cuisine.
    « Prenez votre temps, disait Jean. La police n’est pas si prompte. »
    Mais les réfugiés tenaient à éviter les risques. Ils avaient trop l’habitude de la déveine. Ils s’engouffraient dans la cave avec leurs ballots. L’espagnol Alvarez était parmi eux. La patronne avait fait avertir tout l’hôtel de l’arrivée imminente de la police. Alvarez sourit à Ravic avec l’air de chercher à s’excuser. Ravic ne comprit pas pourquoi.
    Un homme maigre s’approcha de lui. C’était Ernst Seidenbaum, docteur en philologie et en philosophie.
    « Les grandes manœuvres, dit-il, la répétition générale. Restez-vous dans la Catacombe ?
    –  Non. »
    Seidenbaum qui était là depuis six ans, haussa les épaules.
    « Moi, je reste. Je n’ai pas envie de me sauver. Et puis, j’ai la conviction qu’ils vont se contenter de constater les faits. Qui donc s’intéresserait à la mort d’un vieux juif

Weitere Kostenlose Bücher