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L'arc de triomphe

L'arc de triomphe

Titel: L'arc de triomphe Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: E.M. Remarque
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d’écroulement. C’était touchant, ridicule et héroïque à la fois… et combien inutile ! Comme si l’on pouvait arrêter l’avalanche qui déferle ! Tous ceux qui tentaient l’expérience étalent engloutis. Mieux valait attendre le calme ; être présent lorsqu’il faudrait déterrer les victimes… Il fallait être présent, cela seulement était important.
    Il regarda sa montre. Il était l’heure d’aller jeter un coup d’œil sur Lucienne Martinet. Après ce serait l’Osiris.
    Les filles de l’Osiris attendaient. Madame ne se contentait pas de la visite régulière du médecin officiel. Elle tenait à éviter qu’un de ses clients ne fût contaminé dans sa maison ; elle s’était mise d’accord avec Veber pour qu’il fît chaque jeudi un examen supplémentaire. Assez souvent, Ravic devait le remplacer.
    Madame avait gardé à part, au premier, une pièce munie de tout, ce qu’il fallait, et qui servait de salle d’examen : Elle était très fière de pouvoir dire que, depuis un an, pas un de ses habitués n’avait contracté de maladie chez elle. Cependant, malgré toutes les précautions prises, dix-sept de ses pensionnaires avaient été contaminées par des clients.
    Rolande, la sous-maîtresse, apporta à Ravic une bouteille de cognac et un verre.
    « Je crois que Marthe a quelque chose, dit-elle.
    –  C’est bien, je l’examinerai de près.
    –  Je lui ai interdit de travailler depuis hier. Évidemment, elle nie avoir quoi que ce soit.
    –  Je vais voir, Rolande. »
    L’une après l’autre, les filles entrèrent, vêtues seulement d’une combinaison transparente.
    « Inutile de m’examiner, docteur, dit Léonie, une rousse qui venait de Gascogne.
    –  Pourquoi ?
    –  Pas un seul client de toute la semaine.
    –  Et que dit Madame ?
    –  Rien du tout. Je leur ai fait boire des quantités de Champagne. Sept, huit bouteilles chaque soir. C’étaient trois hommes d’affaires de Toulouse. Mariés. Ils voulaient bien tous les trois, mais aucun d’eux n’osait, à cause des autres. C’est pour ça qu’ils ont tant bu : chacun espérait soûler les deux autres. » Léonie se mit à rire. « Le seul qui ne se soit pas endormi était incapable de se tenir debout !
    –  Il faut quand même que je t’examine.
    –  Comme vous voudrez. Avez-vous une cigarette, docteur ?
    –  Oui. Voilà. »
    Ravic fit un prélèvement et le colora. Il le glissa sous la lentille du microscope.
    « Il y a une chose que je n’arrive pas à comprendre, dit Léonie en le regardant.
    –  Quoi donc ?
    –  Que vous ayez encore envie de coucher avec des femmes après une telle besogne.
    –  Je ne le comprends pas plus que toi. Tu n’as rien, Léonie. Qui est la suivante ?
    –  C’est Marthe. »
    Marthe était pâle, mince et blonde. Avec le visage d’un ange de Botticelli, elle parlait l’argot de la rue Blondel.
    « J’ai rien, docteur.
    –  Parfait. Nous allons examiner ça.
    –  Mais puisque je vous dis qu’y a rien !
    –  Dans ce cas, tant mieux ! »
    Rolande entra dans la pièce. Elle lança un coup d’œil à Marthe, et celle-ci ne dit plus rien. Elle regarda Ravic avec appréhension. Il fit un examen approfondi.
    « Je n’ai rien, docteur. Vous savez bien comme je fais attention. »
    Ravic ne répondit pas. Il fit son prélèvement et l’examina.
    « Tu es malade, dit-il.
    –  Hein ? fit-elle en sursautant. C’est pas possible !
    –  C’est vrai. Tu es malade, Marthe. »
    Elle le regarda. Et soudain, elle se répandit en un flot d’imprécations.
    « Le cochon ! Le sale cochon ! Je me défiais de lui, le salaud ! Il m’avait dit qu’il étudiait la médecine et qu’il saurait quoi faire. La vache !
    –  Pourquoi n’as-tu pas fait attention ?
    –  J’ai fait attention… mais il est allé si vite… Et puis il disait que comme étudiant en médecine, il s’y connaissait… »
    Ravic fit signe qu’il comprenait. La vieille histoire. Un étudiant en médecine qui s’était soigné lui-même. Au bout de deux semaines, il s’était cru guéri…
    « J’en ai pour combien de temps, docteur ?
    –  Six semaines. »
    Ravic savait que ce serait davantage.
    « Six semaines ? Six semaines sans travailler ? Va-t-il falloir que j’aille à l’hôpital ?
    –  On verra. On pourra peut-être te soigner chez toi après très peu de temps. Si tu promets…
    –  Je promettrai tout ce que vous voudrez… mais

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