Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'archer démoniaque

L'archer démoniaque

Titel: L'archer démoniaque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
Vom Netzwerk:
prieure.
    Elle les conduisit par une allée empierrée à travers des jardins à la française entretenus avec soin. On y voyait des plates-bandes de fleurs, des talus herbeux et des banquettes en pelouse. Toute une gamme d’odeurs parfumait l’air. Corbett apprécia surtout les rosiers qui encadraient l’allée et qui libéraient leurs effluves particuliers. Les jardins s’étendaient sur un flanc du prieuré, mais, au loin, il apercevait de petits vergers plantés de pommiers, de poiriers et de pruniers. Soeur Veronica montra un autre mur dont les grandes portes en bois étaient ouvertes.
    — Ici se trouvent les écuries, les dépendances, les entrepôts et la boulangerie. De l’autre côté, il y a nos prairies. Nous élevons de bons moutons et nous avons même notre propre moulin à vent.
    Corbett acquiesça : St Hawisia semblait être une riche communauté. L’église, devant lui, était bâtie en pierres de taille, avec un toit d’ardoise gris fer. Le soleil matinal faisait resplendir les vitraux et de chaque côté de l’édifice étaient érigés d’imposants bâtiments en brique miel dont toutes les fenêtres étaient garnies de verre.
    — Nos dortoirs et le réfectoire sont par là-bas, dit soeur Veronica avec un geste. Nous possédons une hostellerie et une infirmerie. Lady Madeleine a un logis personnel au bout du chemin du cloître, près du mur qui donne sur la forêt. Et nous disposons aussi d’une bibliothèque et d’un scriptorium, ajouta-t-elle avec fierté.
    — Votre prieuré est donc bien renté ?
    La nonne s’arrêta brusquement.
    — Nous y apportons nos dots. La maison exploite des domaines prospères et, bien sûr, sainte Hawisia nous protège.
    Elle reprit son chemin, dos voûté.
    — Je ne peux vous emmener au-delà de notre clôture. Le prieuré n’est pas encore prêt à recevoir des hôtes et Lady Madeleine est très stricte quant aux visites masculines, qu’il s’agisse de clercs ou de princes. C’est pour cela que vous devez attendre dans l’église.
    Elle leur fit signe de monter les marches, mais quand Ranulf passa devant elle, elle le retint par la manche.
    — Attention où vous mettez les doigts ! Nous sommes dans la maison de Dieu, pas devant un étal sur la place du marché !
    Ranulf lui prit la main et, avant qu’elle puisse protester, la porta à ses lèvres.
    — Ma soeur, je n’y aurais même pas pensé. Depuis mon enfance, j’éprouve la plus profonde dévotion pour sainte Hawisia. Savez-vous que quand j’étais petit j’ai même eu une vision d’elle ?
    Soeur Veronica en resta bouche bée.
    — Plus tard, Ranulf ! intervint Corbett.
    Le jeune homme fit derechef un baisemain et, sans laisser à la nonne le temps de trouver une repartie adéquate, pénétra à la suite de son maître dans l’église.
    Immobiles sur le seuil, ils s’émerveillèrent devant la beauté et l’élégance de la chapelle, véritable joyau. Le sol dallé était d’une propreté irréprochable. Les piliers qui délimitaient les transepts étaient peints en bleu foncé et couronnés d’or. Des fresques aux couleurs vives illustrant des scènes de la Bible éclairaient les murs. Au bout de la nef, un jubé aux lourdes sculptures abritait les stalles du choeur. Des fleurs disposées dans de petits pots de cuivre à la base de chaque pilier embaumaient l’air. De légers nuages d’encens flottaient encore et retenaient les rayons colorés du soleil qui transperçaient les vitraux.
    — Bien doté, c’est vrai, commenta Ranulf. Mieux qu’une chapelle royale.
    — Avec une différence, dit Corbett.
    Il désigna les fenêtres aux rouges, ors, verts et bleus chatoyants.
    — Tu es clerc principal à la chancellerie de la Cire verte, Messire Ranulf. Tu dois avoir l’esprit vif et l’oeil perçant. As-tu remarqué quelque chose ? Les peintures et les fenêtres ?
    Ranulf fit le tour de l’église. Il s’enorgueillissait de son éducation. Ne possédait-il pas sa propre copie de la Bible et deux livres d’heures ? Et, où qu’il aille, il observait et écoutait sans cesse. Il ne put reconnaître certaines peintures, mais en identifia d’autres : Judith, d’après l’Ancien Testament, décapitant son ennemi ; Ruth la Moabite. Une scène retint son attention et lui arracha un sourire : elle dépeignait le serpent tentant Adam. Mais cette fois le corps de l’homme était caché et seule sa tête apparaissait derrière une épaisse haie de troènes.

Weitere Kostenlose Bücher