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L'archer démoniaque

L'archer démoniaque

Titel: L'archer démoniaque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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appartements et en haut sa chambre. Personne n’y va jamais ! J’ai posé le balai et ai traversé la cour à pas de loup. J’ai regardé par la fenêtre, mais n’ai vu personne.
    — Donc l’homme a dû monter ? suggéra Corbett.
    — Sans doute. Vous savez, Messire, j’ai balayé très longtemps, mais il n’est pas ressorti. Une semaine plus tard, c’était la fin du mois puisque nous avons célébré la Saint-Jérôme, l’homme qui...
    — Oui, l’interrompit Corbett, je sais qui est saint Jérôme. Et vous balayiez à nouveau la cour ?
    — Non, Messire, cette fois c’était le réfectoire et j’étais toute seule : une autre punition. Je suis certaine, confia soeur Fidelis, que j’ai revu le même homme passer dans la cour.
    — Mais la prieure ne reçoit certainement pas d’amis ?
    — C’est bien cela, Messire, elle n’a pas d’amis ! Pour Lady Madeleine tous les hommes sont des démons !
    — L’a-t-elle dit clairement ?
    — Non, mais elle nous prévient contre eux. Elle nous apprend comment nous comporter quand des hommes sont invités.
    — Comme moi, par exemple ?
    — Oh, vous, vous êtes l’émissaire du roi et vous m’avez aidée à chanter. Et puis vous allez dire à Lady Johanna de ne pas se servir de la férule !
    — Savez-vous qui était cet étranger ?
    La jeune novice eut un geste de dénégation.
    — Peut-être me suis-je trompée, dit-elle, songeuse. L’étranger a pu repartir par l’autre côté.
    — Quel autre côté ?
    — Le logis de Lady Madeleine est un petit palais avec sa propre cuisine et des écuries, ainsi qu’une cour et une petite poterne dans le mur qui donne sur la forêt.
    — Et cet inconnu aurait pu s’en aller par là ?
    — C’est possible !
    — Avez-vous vu autre chose de suspect ? insista Ranulf.
    Soeur Fidelis jeta autour d’elle un regard inquiet.
    — Oh, non ! Je n’en ai parlé à personne d’autre. Je n’ose pas ! La colère de Lady Madeleine est redoutable !
    — Quitte-t-elle parfois le couvent ? s’enquit Ranulf.
    — Oui, le prieuré a des propriétés dans la ville de Rye. Elle s’y rend parfois avec la soeur aumônière ou l’un de ses frères pour collecter les redevances et inspecter les comptes des intendants. Elle est alors absente quatre ou cinq jours et c’est toujours un soulagement pour nous. Pourtant Lady Madeleine sait se montrer bienveillante et elle est très fière d’être dépositaire de la sainte relique.
    — Oui, j’allais y venir, dit Corbett en jetant un coup d’oeil par-dessus son épaule vers la porte : Lady Madeleine n’allait pas tarder à arriver et il ne voulait pas que cette jeune novice trop naïve ait des ennuis. Je sais peu de chose sur sainte Hawisia.
    — Oh, permettez-moi de vous en parler. J’ai appris toute l’histoire.
    Soeur Fidelis les entraîna hors du choeur jusqu’à la chapelle latérale. Corbett admira sans réserve le long cercueil de bois.
    — De quand date-t-il ?
    — Lady Johanna dit qu’il a au moins deux cents ans. Le chêne a été apporté spécialement des Cornouailles.
    Corbett embrassa la chapelle latérale du regard. Sur l’autel de marbre, encastré dans le mur du fond, se dressait une statue de ce qui devait être sainte Hawisia, une jeune femme, les cheveux sur les épaules, vêtue d’une tunique royale cramoisie et blanche. Dans ses mains tendues reposait une épée. Sur les murs d’immenses fresques dépeignaient, dans un déploiement de couleurs vives, les scènes de la vie de la sainte. L’une d’entre elles montrait une jouvencelle en fuite, poursuivie par des chevaliers armés de gourdins, d’épées et de massues. Une autre se passait dans un bois : la sainte était agenouillée près d’un étang, un lis dans les mains.
    — Qui était sainte Hawisia ?
    Corbett tapota la châsse de verre à la tête du cercueil dont Ranulf examinait le contenu.
    — Ce sont des cheveux ! s’exclama ce dernier. Regardez, Sir Hugh, de belles tresses d’or !
    Corbett repoussa le linge pourpre bordé d’or qui recouvrait la moitié du verre et aperçut les mèches disposées en cercle, chatoyantes et dorées comme le blé mûr.
    — Qu’est-ce ? demanda-t-il.
    — La relique, expliqua soeur Fidelis. C’est la chevelure de sainte Hawisia.
    Le magistrat scruta la peinture qui était derrière lui. Il remarqua la date en vermeil en bas de la fresque : 667 apr. J.-C.
    — Sainte Hawisia a vécu il y a des

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