Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'archer démoniaque

L'archer démoniaque

Titel: L'archer démoniaque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
Vom Netzwerk:
faisait une pause à la fin de chaque phrase et la jeune femme répétait après lui. Tout à fait à la fin, elle chanta triomphalement avec lui les derniers mots :
    — O Dulcis ! O Pia Virgo Maria !
    « J’ai réussi ! s’exclama-t-elle. Je la sais ! Vous ne leur direz pas, n’est-ce pas ?
    Corbett se tourna vers son compagnon.
    — Nos lèvres sont cousues, hein, Ranulf ?
    Ce dernier resta bouche bée et se demanda – ce n’était pas la première fois – si la flèche qui avait frappé son maître à Oxford n’avait pas causé des dégâts ailleurs que dans sa poitrine.
    — Merci, sourit soeur Fidelis. Je ne me souviens jamais des paroles dans le choeur, Lady Johanna est si dure ! Elle me donne des coups de férule sur les phalanges.
    Elle leva sa fine main blanche ; de vilaines marques rouges striaient les jointures. Corbett baisa le bout des doigts.
    — Une telle sévérité est messéante, chuchota-t-il.
    Soeur Fidelis rougit et retira sa main.
    — Ainsi, vous voulez voir Lady Madeleine. Je vous préviens, vous allez attendre longtemps ! Lady Madeleine aime faire patienter ses hôtes. Même Lord Henry, quand il venait céans, devait naqueter dans l’hostellerie.
    Elle s’arrêta.
    — Il a pourtant versé une somme généreuse pour restaurer le reliquaire !
    — Le prieuré reçoit-il beaucoup de visiteurs aussi nobles ? s’enquit Corbett.
    — Oh, oui ! Le prince de Galles y est venu.
    — J’ignorais que le prince Édouard éprouvait de la dévotion pour sainte Hawisia ! remarqua Corbett feignant l’innocence.
    — Mais si, il est venu ici. Mais je ne suis qu’une novice, Messire, roucoula-t-elle. Ces allées et venues ne me concernent pas.
    — Quelles allées et venues ?
    Corbett pria en silence pour que Lady Madeleine tarde vraiment encore un peu, puisque cette nonne au frais visage semblait désireuse de bavarder.
    — Lady Johanna ne devrait pas me frapper à coups de baguette, se plaignit soeur Fidelis en se suçant les doigts.
    Corbett l’observa avec attention. Il se demanda si la jeune femme avait été placée là non par vocation, mais parce qu’elle était un peu niaise.
    — Que disiez-vous ? demanda-t-elle.
    — Vous alliez me parler d’étranges allées et venues.
    — Ah oui ! Oh, Messire, comment vous appelez-vous ?
    — Sir Hugh Corbett. Je suis l’envoyé du roi.
    — Eh bien, vous comprenez, Sir Hugh, je rêvasse souvent, surtout au réfectoire ; je ne termine jamais mes plats ! Alors on m’accable de corvées, de petites punitions. Je hais les feuilles !
    — Plaît-il ? intervint Ranulf.
    — Les feuilles, répéta soeur Fidelis. Comme je ne mange pas assez vite, quand les autres novices vont en récréation, je dois balayer la cour. On me remet un épais tablier pesant qui me blesse le cou et un balai qui est beaucoup trop lourd. On m’ordonne de nettoyer la cour pavée qui sépare notre réfectoire de la maison de Lady Madeleine.
    — Moi non plus je n’aime pas les feuilles, lui avoua Corbett. Et je vous promets que je demanderai à Lady Madeleine de vous punir moins rigoureusement.
    — Oh, vraiment, Messire, et mentionnerez-vous aussi la férule de Lady Johanna ?
    — Pour l'amour de Dieu ! chuchota Ranulf.
    — Et l’histoire des feuilles ?... insista son maître.
    — Un soir, je crois que c’était la veille de la Saint-Matthieu...
    Elle porta la main à sa bouche.
    — Ou était-ce la veille de la Saint-Cornélius ?
    — Vous balayiez les feuilles dans la cour ?
    — Oui. Je suis allée dans un coin quand il s’est mis à faire sombre et que personne ne pouvait me voir. J’avais volé une friandise au réfectoire et j’avais les doigts gelés. Mais je l’ai quand même mangée. J’étais très en colère parce que les novices étaient rentrées et que toutes les autres soeurs s’esbaudissaient. Tout à coup...
    Elle pencha la tête en avant et Corbett faillit sursauter.
    — Tout à coup, chuchota-t-elle, j’ai aperçu un homme, encapuchonné et emmitouflé dans une cape, qui traversait la cour.
    — Êtes-vous sûre que ce n’était pas l’une des soeurs ? demanda le magistrat.
    — Elles ne portent ni éperons cliquetants ni épées ! Elles ne marchent certainement pas d’un pas décidé. Bon, il est entré chez Lady Madeleine. Oh, me suis-je dit, qu’est-ce qui se passe ? Le voilà qui entre en poussant simplement l’huis. En bas elle a son réfectoire personnel et ses

Weitere Kostenlose Bücher