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L'archer démoniaque

L'archer démoniaque

Titel: L'archer démoniaque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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siècles ! s’exclama-t-il. Il y a presque sept cents ans, mais ces cheveux... !
    — C’est parce que c’est un miracle ! déclara la nonne. Vous savez, Messire, sainte Hawisia était une princesse saxonne. Son père régnait sur ce pays.
    Elle ferma les yeux comme pour mieux se souvenir de sa leçon.
    — Il voulait la marier à un puissant thane.
    Elle rouvrit les yeux.
    — Qu’est-ce que c’est, un thane ?
    — Un noble, répondit Corbett.
    — Hawisia dit qu’elle était vouée à Dieu et n’épouserait pas ce prince. Son père se mit en colère. Hawisia était belle. Et particulièrement, célèbre pour ses cheveux d’or.
    Soeur Fidelis montra la fresque.
    — Elle s’échappa du palais paternel, mais il la poursuivit avec ses soldats. Elle s’enfuit dans un bois et parvint à un puits, à cet endroit même. Elle coupa ses cheveux d’or qu’elle déposa près d’un étang en guise d’offrande à Dieu.
    La jeune novice ferma les yeux.
    — Ah oui, c’est ça ! Quand son père la rattrapa, il fut si furieux de ce qu’elle avait fait qu’il tira sa dague et la lui plongea au fond du coeur.
    Soeur Fidelis mima le geste d’un soldat qui frappait ; Corbett écrasa le pied de son serviteur pour qu’il maîtrise son hilarité.
    — Quand sa rage s’apaisa... oui, c’est bien ça, dit la nonne en rouvrant les paupières, il regretta amèrement son geste. Il se convertit au christianisme, fit des obsèques honorables à sa fille et fonda un lieu de prières qui, plus tard, devint le prieuré de St Hawisia.
    — Et voici son tombeau ?
    — Oui, sainte Hawisia repose sous les dalles. Cette tombe a été construite par un ancêtre de Lady Madeleine. Les Fitzalan ont toujours eu une grande dévotion pour elle.
    — Mais ce n’est sûrement pas la chevelure de la princesse Hawisia ! s’exclama Ranulf.
    — Si, insista soeur Fidelis sur la défensive. Vous comprenez, c’est pour ça que son père s’est converti. Les cheveux sont restés tels qu’ils étaient le jour de la mort de sa fille : ils ne se sont ni décomposés ni desséchés au fil des siècles. Si vous posez la main sur le verre et adressez une prière à sainte Hawisia, elle l’exauce toujours.
    Le magistrat observa les tresses dorées. Elles étaient sans nul doute authentiques et paraissaient pourtant aussi fraîches et brillantes que si on les avait coupées la veille.
    Lors de ses voyages, il avait vu maintes reliques. Assez de clous de la Vraie Croix pour bâtir une échoppe. Au moins trois têtes de saint Jean-Baptiste, cinq jambes de saint Sébastien, des plumes de l’aile de l’archange Gabriel et, lors d’une occasion mémorable, même la pierre sur laquelle Jésus était supposé s’être tenu avant de monter aux cieux. On trouvait de semblables reliques dans toute l’Europe : du sang sacré qui se liquéfiait, des statues qui pleuraient. On allait du sublime au ridicule, jusqu’à la tunique de travail que saint Joseph était censé porter dans son atelier.
    Corbett tapota la châsse de verre : oeuvre d’un artisan, elle était rivée avec soin à la partie supérieure du cercueil. Cette relique avait-elle une explication logique ? Avait-elle été scellée ainsi pour la protéger de l’altération due à l’air ? C’était manifestement un étrange phénomène. Rien d’étonnant à ce que St Hawisia attire autant de pèlerins !
    — Tout cela est très beau.
    — Oh, Lord Henry l’a récemment restauré.
    — Quand ?
    — Il y a trois mois environ. L’endroit a été scellé et fermé aux pèlerins un certain temps pour qu’on puisse repeindre les murs et le plafond.
    — Le reliquaire a-t-il jamais été ouvert ?
    — Non, jamais.
    Le magistrat eut soudain l’impression d’être observé et, faisant volte-face, aperçut deux nonnes sur le seuil de la chapelle latérale. La plus proche, grande et l’air sévère, portait un habit blanc comme neige. Une médaille d’or suspendue à une chaîne filigranée pendait à son cou. Derrière elle, l’autre religieuse, vêtue du même habit, était plus petite et moins à l’aise. Si les yeux avaient pu tuer, la jeune novice serait morte sur-le-champ.
    — Lady Madeleine Fitzalan ? demanda Corbett en faisant un pas un avant.
    Cette dernière ne quitta même pas du regard la novice pétrifiée.
    — Que faites-vous céans, soeur Fidelis ?
    — Je m’exerçais à chanter le Salve Regina.
    — Et elle a chanté tout à fait

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