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L'archer démoniaque

L'archer démoniaque

Titel: L'archer démoniaque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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années, sur la marche galloise. On disait que vous étiez un maussade compère, mais le clerc de confiance du roi.
    Ranulf étouffa un rire.
    — Et voici sans doute votre serviteur ? Celui qui a les yeux du diable et les cheveux qui vont avec. Deux hommes de main du roi, hein ?
    — Je suis clerc royal, rétorqua le magistrat. Et suis toujours un rabat-joie. Mais je fais régner la justice du souverain et ça, ça n’a pas changé, c’est constant.
    — Ah oui ? Ah oui ? Alors, il faut que je vous présente à l’un de mes paroissiens : Robert Verlian, chef verdier de feu Lord Henry Fitzalan. Il a demandé asile dans mon église. C’était ça ou Sir William l’aurait fait pendre à l’arbre le plus proche.
    — Est-il innocent ? s’enquit Corbett.
    — Il l’affirme.
    — Et qu’en pensez-vous, mon frère ? Je veux dire que vous vous êtes institué juge d’autrui.
    Le franciscain rit et donna une claque sur le dos du magistrat.
    — Bien dit, clerc royal.
    Il se frappa la poitrine.
    — Mea culpa, mea culpa, j’ai péché. Si vous êtes juge du roi en ces contrées, Verlian a une chance. Oui, il se prétend innocent et, oui, je le crois. Voulez-vous venir le voir ?
    — Je ferai mieux, expliqua Corbett. Je suis porteur du mandat royal d’audition et de jugement {16} . J’ai le droit d’instaurer une cour et d’entendre tout procès.
    — Et vous voulez donc user de mon église ?
    — Oui, je gagnerai beaucoup de temps. Et je vous nommerai témoin du roi. Je préfère St Oswald à n’importe quel autre endroit. Bon. Je vais me rincer les mains et le visage, et voir si Lady Madeleine a quelque chose à me dire.
    — S’il en est ainsi, je vous salue.
    Le franciscain serra la main de Corbett.
    — Vous vous rendez au parloir de la prieure et moi aux cuisines pour mendier quelques rogatons.
    — Mon frère !
    Cosmas se retourna.
    — Êtes-vous allé à l’abri de chasse de Beauclerc le soir précédant la mort de Lord Henry ?
    — Oui, quelques instants. Je lui ai adressé des remontrances au sujet de son application trop rigoureuse des lois de la forêt.
    — Et le matin de sa disparition ?
    — Je priais, clerc, comme d’habitude ! répondit le prêtre en s’éloignant.
    Un moment plus tard, après que Corbett eut fait ses ablutions et se fut remis l’estomac d’aplomb en absorbant un demi-gobelet de vin rouge, on lui fit traverser la cour pavée jusqu’à l’accueillant parloir de la maison de la prieure. Un lambris imitant le drapé d’un tissu recouvrait les murs jusqu’aux trois quarts de leur hauteur. Au-dessus le plâtre, badigeonné de rose, était orné de petits tableaux, dans des cadres sculptés et dorés. Ils représentaient des scènes de la vie de la Vierge Marie. Des tapis de pure laine égayaient le dallage reluisant. Coffres, armoires, chaires et bancs étaient placés tout autour de la salle. La table de Lady Madeleine se dressait sous la baie principale qui donnait sur son jardin privé. La prieure, assise, dictait un texte à une autre nonne installée à un pupitre sur sa droite. Quand Corbett et Ranulf entrèrent, elle renvoya sa compagne. Elle ne se leva pas pour les saluer, mais indiqua d’un geste au magistrat un haut tabouret de l’autre côté du bureau. Elle ignora Ranulf.
    — Avez-vous vu ce que vous vouliez voir ? s’enquit-elle.
    Corbett, négligeant le siège, restait debout, bras croisés, toisant la supérieure tandis que son serviteur, adossé à la porte, sifflotait entre ses dents. Il avait l’intention d’être désagréable et obtint l’effet désiré. Lady Madeleine lui lança un regard furibond et repoussa sa chaire, ce qui l’obligea à lever les yeux sur Corbett.
    — Avez-vous des questions à me poser, Messire le clerc ?
    — Non, Madame, c’est le roi qui a des questions à vous poser. Sur la mort de votre frère.
    — Il a été tué pendant qu’il chassait, répliqua vertement la prieure. Il aimait le sang, Henry. Le sang et la destruction ! Pour parader, comme il le faisait toujours, devant ses hôtes français.
    — Vous n’êtes point une soeur éplorée ?
    — Demi-soeur, Messire !
    — Mais toujours point éplorée ?
    — Le chagrin est chose privée. Lord Henry vivait dans son monde et moi dans le mien.
    — Et vous ne savez rien sur sa mort ?
    — Plaît-il ?
    Corbett lui renvoya un coup d’oeil glacial.
    — Pourquoi voulait-on sa disparition ?
    Lady Madeleine rejeta la

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