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L'archer démoniaque

L'archer démoniaque

Titel: L'archer démoniaque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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aucune beauté dans la mort !
    Il se revit tout à coup à Oxford : l’assassin aux yeux fous se précipitait sur lui, arbalète levée, carreau volant vers lui. Il repoussa cette vision.
    — Souviens-toi, homme, que tu es poussière et que tu redeviendras poussière.
    — Sic transit gloria mundi...
    Corbett se retourna. Un homme encapuchonné se tenait là. Sa bure noire faisait penser à un franciscain. Il était, de plus, chaussé de simples sandales et il tenait avec fermeté une épaisse canne de frêne. Ranulf s’avança.
    — Dites à votre serviteur, Sir Hugh, que je ne vous veux aucun mal.
    Une main aux veines apparentes repoussa le capuchon. Corbett aperçut une moustache et une barbe noires et broussailleuses, un crâne en partie chauve, un visage dur, mais aux yeux joyeux et plissés par l’amusement. Le magistrat, trouvant insupportable la puanteur de la putréfaction qui montait du cercueil, se leva.
    — Je suis frère Cosmas, prêtre de la paroisse de St Oswald-sous-les-Arbres. Lady Madeleine m’a dit qui vous étiez.
    Le sourire du franciscain s’élargit, révélant des dents jaunes et irrégulières.
    — En fait, pas elle exactement, mais la très chère soeur Veronica qui, dans une vie antérieure, a dû être un héraut de ville !
    Corbett eut, lui aussi, un grand sourire. Il avait toujours aimé les franciscains. Il appréciait leur dévouement envers les miséreux, leurs manières frustes, leur franc-parler.
    — Je suis venu chercher des provisions, reprit le frère. Tout ce qu’on veut bien m’offrir, et Lady Madeleine aime jouer les grandes dames. Je suis sûr qu’au paradis on lui donnera une position importante et qu’elle organisera le monde des anges !
    D’un mouvement de tête, il désigna la dépouille.
    — L’odeur est insupportable !
    Corbett fit glisser le linge qui couvrait sa bouche et son nez et acquiesça.
    — Cela ne semble pas vous émouvoir, mon frère.
    — Qu’est le corps, si ce n’est un sac plein de sang ? répondit le franciscain. L’âme qu’il abritait s’est envolée.
    Son regard s’adoucit.
    — Pauvre enfant ! Et, pour vous répondre sans barguigner, Sir Hugh, j’ai été soldat, barbier et chirurgien pendant les guerres du roi. J’ai vu plus de cadavres que je n’en peux compter. Nous, les humains, nous aimons tuer, n’est-ce pas ?
    Il s’accroupit près du cercueil, marmonna les paroles du Requiem et esquissa un signe de croix dans l’air.
    — Une blessure par flèche, remarqua-t-il en montrant la gorge. Un bon tireur.
    — Vous vous y connaissez en tir à l’arc, mon frère ?
    — J’étais maître archer dans les armées royales. On m’a appris à toujours viser le cou. La tête, la poitrine, le ventre sont protégés. Mais on ne peut guérir d’un morceau d’acier dans la trachée. Elle a dû mourir sur-le-champ. Avez-vous besoin d’aide, Messire le clerc du roi ?
    Corbett remonta le linge sur sa bouche. Il se sentait un peu nauséeux et aurait aimé être loin de cette misérable tombe et de ce sinistre cadavre. Assisté par le franciscain, il retourna le corps. Il entendit Ranulf qui, de sous l’if, toussa et jura quand l’odeur se répandit, mais il continua sans défaillir. Il retroussa la tunique pour examiner la victime sous toutes les coutures.
    Il n’y avait aucune trace, sauf une marque en forme de lis, ancienne et effacée par endroits, sur l’épaule. Ils recouchèrent la dépouille et remontèrent le voile de gaze. Corbett dut s’éloigner pour respirer pendant que frère Cosmas, s’emparant d’une pierre, reclouait le couvercle.
    Corbett se rendit sous l’if, ôta son masque et observa un oiseau qui rasait les herbes. « Une grive ? » se demanda-t-il. Il essaya de penser à quelque chose d’agréable. Ranulf s’avança pour lui parler, mais son maître se contenta de secouer la tête. Le franciscain termina sa tâche et se dirigea vers eux.
    — On ne le laissera pas là, n’est-ce pas ?
    — Non. Les frères lais le remettront en terre.
    Le magistrat le regarda du coin de l’oeil.
    — Savez-vous quelque chose sur sa mort, mon frère ?
    Ce dernier fit signe que non.
    — Rien ! Je ne la reconnais même pas et pourtant je connais la plupart des gens alentour. Une étrange mort, continua-t-il. Les rumeurs prétendent que son corps a été enterré, puis exhumé et abandonné aux grilles du prieuré.
    Il scruta Corbett.
    — Je vous ai déjà vu, vous savez. Il y a des

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