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L'archer démoniaque

L'archer démoniaque

Titel: L'archer démoniaque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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raffinée. Au début de chaque prière, on avait dessiné une miniature aux couleurs splendides. À la fin du livre, Lord Henry avait inscrit quelques notes privées. Rien d’inhabituel : des observations, la liste des bijoux qu’il détenait dans ses cassettes et de l’argent dû à une église. Ce que l’on pouvait découvrir à la dernière page des livres d’heures personnels, y compris celui de Corbett.
    — Le second, dit le magistrat en brandissant le petit volume relié de veau.
    La couverture en était râpée et noircie par l’usure ; quelques-unes des pierres précieuses incrustées de façon à former une croix étaient écaillées et d’autres manquaient.
    — Sir William m’a dit que son frère le portait toujours sur lui.
    Corbett feuilleta les pages craquantes.
    — Là encore, rien d’étrange. Prières, aumônes, passages des Saintes Écritures, vie des saints. Sainte Hawisia elle-même est mentionnée.
    Il parvint à la fin où les pages blanches du volume étaient couvertes d’une écriture noire. Ranulf remarqua aussi ce qui paraissait être une page détachée qui dépassait. Il lui donna une chiquenaude.
    — Qu’est-ce ?
    Corbett revint en arrière.
    — Ah oui, c’est une image sainte. Regarde !
    Il la lui tendit. Elle était petite et esquissée sur un bout de parchemin raide. C’était une scène de l’Ancien Testament : Suzanne accusée d’adultère par les vieillards. Banale sur les murs des églises ou dans les livres d’heures comme celui-ci. Mais là on avait découpé les yeux de tous les personnages en laissant une petite fente.
    — Pourquoi Lord Henry a-t-il fait ça ? s’enquit Ranulf. Détériorer exprès une image puis la conserver dans le livre d’heures qu’il emportait toujours.
    Il étouffa un bâillement et son maître le regarda. Ranulf avait les yeux rougis.
    — Tu ferais mieux d’aller te coucher, remarqua le magistrat. Demain nous aurons beaucoup de travail. À midi, j’ai l’intention d’ouvrir un tribunal d’enquête, dans la nef de St Oswald-sous-les-Arbres. J’en ai parlé à Sir William. Il veut entrer dans nos bonnes grâces ; il fournira donc une petite garde et s’assurera que certaines personnes se rendront bien à notre assignation.
    — Mais pas Lady Madeleine ? ironisa Ranulf.
    — Non, c’est une trop grande dame pour l’occasion et elle peut s’y refuser. Mais Odo, l’ermite, frère Cosmas, Robert Verlian...
    Corbett leva les yeux.
    — ... et sa fille, Alicia. Oh oui, et cette drôle de femme, Jocasta, celle qu’on prétend sorcière. Il vaut mieux que je les interroge là-bas.
    — Sir William vous a grandement aidé.
    — Sir William est terrorisé, répondit Corbett. Il craint que je ne t’envoie à Westminster narrer ses agissements avec Gaveston. Mais la colère du roi serait vaine et je tiens à ce que Sir William reste à portée de vue. Il s’est aussi engagé à surveiller de près notre frère en Jésus-Christ, le seigneur de Craon.
    Ranulf se leva et ôta sa chape. Corbett reprit le vieux livre d’heures. Au début une page blanche avait été remplie de dessins enfantins et de courtes prières ; le magistrat reconnut que Lord Henry maîtrisait l’écriture comme un clerc. Quelques notes dataient de plusieurs années ; l’encre, d’un gris terne, était passée. D’autres, en vert sombre ou en rouge, étaient plus récentes. Corbett leur prêta davantage d’attention. L’une d’entre elles, court journal d’un voyage en France, détaillait les endroits et les dates où le seigneur s’était arrêté. Un dessin représentait un léopard que Fitzalan avait vu à la Tour de Londres. Il y avait une liste de provisions pour la fête des fous et le costume que Lord Henry avait dessiné pour le rôle du pape des fous {20} . Une page entière – et Corbett remarqua que l’encre y était plus claire et l’écriture plus experte – racontait l’histoire d’une dévote et sainte femme nommée Johanna Capillana. Le magistrat la parcourut, mais ce n’était qu’une énumération des actes pieux de Johanna, de son dévouement aux pauvres, des soins qu’elle dispensait aux malades et de son savoir en matière de simples.
    — As-tu jamais entendu parler d’une sainte appelée Johanna Capillana ? interrogea Corbett.
    Ranulf était déjà couché, enveloppé dans sa couverture et tête tournée vers le mur. Son maître sourit et reposa le livre. Il se dévêtit, mit ses habits sur un

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