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L'archer démoniaque

L'archer démoniaque

Titel: L'archer démoniaque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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d’un manteau noir, belle comme la nuit, se tenait près de lui.

 
    CHAPITRE IX
    — L’amour au clair de lune, hein, Ranulf ?
    Ce dernier, assis sur le bord de son lit de fortune, répondit par un regard rêveur. Corbett déboucla son ceinturon qu’il laissa tomber au sol.
    — Tu n’aurais pas dû faire ça, le morigéna-t-il. Tu n’aurais pas dû partir ! J’ai besoin de toi pour protéger mes arrières et tu ne dois pas être seul quand Craon se trouve dans les parages !
    — J’étais avec Baldock !
    — Ah, c’est vrai, Baldock, l’homme qui peut être partout à la fois sans se montrer indiscret !
    Le magistrat s’installa sur le lit et s’appuya contre le mur. Il avait rencontré le palefrenier juste avant de quitter le manoir d’Ashdown et avait été, sans l’avouer, impressionné par le jeune homme. Sans nul doute il ressemblait de façon troublante à Maltote, pas tant dans son apparence que dans ses manières et ses attitudes. Déjà il révérait Ranulf, s’était fait volontiers son complice en malice et, par sa façon de tenir les chevaux, se révélait cavalier et palefrenier accomplis.
    — Allez-vous l’engager, Messire ? Fitzalan a l’intention de se débarrasser de la plupart de ses serviteurs à la Noël. Je pense qu’il veut effacer tout ce qui lui rappelle son frère dans le manoir !
    — Baldock est-il honnête ?
    — Comme moi-même.
    Corbett se mit à rire.
    — Et l’amour de ta vie ?
    Le regard lointain de son serviteur inquiétait Corbett sans qu’il l’avouât. Il se demandait s’il était dû au vin ou à un amour secret au plus profond de la nuit. Le magistrat avait vu moult hommes éperdus d’amour, avait lui-même subi les affres de la passion, mais il avait toujours cru que Ranulf était différent. À présent il s’accusait et battait sa coulpe : il s’était montré présomptueux en pensant connaître si bien son serviteur.
    — Et vous, Messire ?
    Ranulf avait compris que l’attaque était la meilleure défense. Quand Corbett avait quitté Ashdown, il avait l’air satisfait d’un chat qui aurait volé et la crème et le fromage, et il avait même fredonné un petit air en empruntant les sentiers qui les ramenaient au Diable dans les Bois.
    — Sir William a fait un mauvais pas, dit Corbett. Il a avoué peu de chose mais il a prêté aide et assistance à Piers Gaveston, supposé être exilé de ce royaume par décret royal. Lui et sa soeur portent une lourde responsabilité.
    Ranulf se frotta les mains. Rien ne valait le vieux Maître Longue Figure quand il donnait une leçon d’humilité aux nobles hautains et aux fières prieures.
    — Mais tout cela n’est que vétille, continua le magistrat. Sir William m’a dit que le corps de la jeune femme découvert dans la forêt était sans doute celui d’une gueuse française, d’une putain de haute volée.
    — Que diable... ?
    — Je l’ignore. J’ignore ce qu’elle faisait à Ashdown. Sir William m’a aussi confié que Craon et Philippe de France éprouvaient moins d’amitié envers Lord Henry que de crainte. La clé en est ce mire au visage cireux, Pancius Cantrone, qui a disparu. Lord Henry et son précieux mire ! Je suis persuadé, tout comme Sir William, que son frère a découvert un scandale secret, quelque chose qui pourrait gravement nuire au roi Philippe. Or Lord Henry et Philippe ont échangé des missives ; l’Angleterre et la France étant en paix il n’y a point là félonie, mais Philippe a aussi comblé Lord Henry de cadeaux de prix. Sir William m’en a montré quelques-uns : couronnes en or, gobelets précieux, menus objets, qui, vérifiés et pesés par un clerc de l’Échiquier, équivaudraient à une petite fortune.
    Corbett se mordit les lèvres.
    — Je crois que Philippe a demandé qu’on envoie Lord Henry en France pour qu’il mène les négociations de mariage de sa fille, certes, mais aussi pour lui racheter, une fois pour toutes, ce fameux secret.
    — Contre quoi ? s’enquit Ranulf.
    — De solides avantages.
    — Mais n’était-ce pas dangereux ? Je veux dire que si Lord Henry s’était rendu à Paris, il aurait pu être victime d’un accident.
    — J’ai posé la même question à Sir William. Il m’a répondu que lorsque son frère allait à l’étranger, il laissait toujours Pancius Cantrone en Angleterre.
    — Ah, et ainsi il gardait le contrôle sur le secret ?
    — Oui, mais Sir William m’a aussi dit que

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