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L'archer démoniaque

L'archer démoniaque

Titel: L'archer démoniaque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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dans les cours étrangères.
    — Je le suis aussi, rétorqua Corbett. Les Français ont été très pressants. Ils ont réclamé Lord Henry Fitzalan. Alors pourquoi, Messire ?
    Sir William regarda les poutres.
    — En vérité, Sir Hugh, je ne sais pas.
    Il leva la main.
    — Je suis prêt à en jurer. Mon frère entretenait sans doute de bons rapports avec le roi de France.
    — Correspondaient-ils ?
    — Quelques cadeaux et de brèves missives.
    — Puis-je les voir ?
    — Si vous le désirez.
    — Mais allons, Sir William, vous pouvez m’offrir davantage !
    Le magistrat eut un grand geste.
    — Vous voulez ma protection à la Cour, alors achetez-la !
    Sir William se mit debout non sans mal. Il alla repousser un volet et jeta un coup d’oeil par la fenêtre treillissée.
    — La clé de tout ceci, Sir Hugh, est Pancius Cantrone. Mais Dieu seul sait où il se trouve ! Il fait sombre et je m’inquiète pour sa sécurité.
    Corbett se rencogna dans sa chaire. « Oui, pensa-t-il, et où est Messire Ranulf ? »
    Ranulf-atte-Newgate, qui avait bu un peu plus qu’il ne l’avait désiré, se glissa, comme prévu, hors de la grand-salle, pour rejoindre Maître Baldock. Il trouva son nouvel ami et allié assis sur les marches du seuil.
    — Êtes-vous prêt, Messire Ranulf ? Parlerez-vous de moi à Sir Hugh ?
    Ranulf lui donna une tape sur l’épaule.
    — Je te présenterai au roi en personne, Baldock. Mais où est la maison de Maîtresse Alicia ?
    Le palefrenier lui fit signe de le suivre. Il lui fit emprunter une véritable garenne de couloirs et passer par les cuisines encore embaumées des fumets de rôts et de pain chaud qui avaient précédé le banquet de Sir William. Serviteurs, garçons de cuisine, souillons se régalaient des reliefs, grignotant les os et plongeant les doigts dans le blanc-manger sans se soucier des deux silhouettes qui se faufilaient par la poterne dans la cour.
    C’était une nuit de pleine lune, douce et tiède. Baldock saisit la torche qu’il avait dissimulée, l’alluma et précéda Ranulf. Il lui fit prendre une petite passerelle le long des écuries puis traverser les vergers pour se diriger vers la maison du verdier. La demeure à colombage sur une base de briques rouges avait un étage. Son toit de chaume avait depuis longtemps été remplacé par des tuiles et on avait élevé avec soin une cheminée à un bout. Ranulf serait volontiers resté là, mais Baldock le pressa d’aller plus avant. Ils passèrent par-dessus une barrière et pénétrèrent dans un jardin de simples. Baldock finit par s’arrêter sous un poirier.
    — Je vous laisse, chuchota-t-il. Vous ne ferez pas de mal à la fille, n’est-ce pas ?
    — Oh, tais-toi ! siffla Ranulf. Va m’attendre près du pont. Cache la torche et quand tu m’entendras arriver, lève-la.
    Baldock détala. Ranulf baissa le col de sa raide chemise de batiste et leva les yeux vers la fenêtre où brillait la lumière d’une veilleuse. Il s’enorgueillissait de savoir lire, de s’être éduqué sans maître et de tout savoir sur les troubadours de France : les chanteurs, les ménestrels, qui récitaient de la poésie sous les fenêtres de leur dame puis épinglaient leur oeuvre à sa porte. Il avait passé l’après-midi à s’y préparer. Nuit de mystère ! de passion éperdue ! Il ne dérangerait point cette jeune femme qui avait si profondément atteint son coeur, mais se montrerait parfait et courtois gentilhomme, un vrai chevalier d’amour. Alicia n’était pas une fille de taverne, mais une dame dans sa tour qu’il fallait séduire avec délicatesse, louer et flatter. Ranulf ferma les yeux. Le doux parfum des fleurs porté par une brise fraîche effleura son visage brûlant. Il était seul sous les étoiles. Toute idée de prêtrise, de brigue à la Cour ou à la chancellerie avait à présent disparu.
    Il ouvrit son escarcelle et en sortit le poème d’amour. Il faisait trop sombre pour lire, mais il connaissait les vers par coeur. Il se campa, une jambe en avant, comme il avait vu les ménestrels le faire.
    Le regard fixé sur la fenêtre, une main sur le coeur, Ranulf commença à réciter :
    Alicia ma bien-aimée, Amour de mon coeur,
    Mon étoile du matin !
    Ma tour d’ivoire !
    Mon château des délices, Lumière de ma vie, Flamme de mon coeur, Toute beauté...
    Quelqu’un lui effleura le bras.
    — Bonsoir, Messire !
    Il se retourna brusquement.
    Alicia Verlian, enveloppée

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