Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'archer démoniaque

L'archer démoniaque

Titel: L'archer démoniaque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
Vom Netzwerk:
tabouret, souffla les chandelles et regarda par la fenêtre. La taverne était à présent silencieuse. Il jeta un coup d’oeil sur son serviteur. En général ce dernier ronflait comme un sonneur.
    — L’amour est quelque chose de terrible, observa Corbett. Une épée à double tranchant ! Qui virevolte et blesse sans qu’il existe de remède !
    Ranulf, étendu sur le lit, se contenta de sourire pour toute réponse. Il entendit son maître s’apprêter pour la nuit, mais son esprit retourna dans le jardin au clair de lune et son coeur bondit de joie. Il s’était attendu à ce qu’Alicia se moque de lui, mais elle ne l’avait point fait ! Elle avait expliqué que c’était sa servante qui se tenait dans la chambre au-dessus et qu’elle avait dû être fort flattée d’entendre ce poème.
    — Je sors toujours le soir, avait-elle ajouté en désignant les ténèbres. Il y a là un ruisseau. Mon père et moi nous y rendons quand les soirées sont chaudes. J’écoute les bruits de la nuit. Je suis heureuse d’y avoir été.
    Elle s’était approchée et avait saisi le poignet de Ranulf.
    — Les désirs, les regards audacieux et les paroles effrontées me sont familiers, Ranulf-atte-Newgate. Mais un poème ! Lu avec douceur au clair de lune ! Vous êtes vraiment un homme étrange. Je vous avais mal jugé.
    Et, s’étant hissée sur la pointe des pieds, elle l’avait avec gentillesse embrassé sur la joue, lui avait pris le poème des mains et s’était éloignée sans bruit.
    Nous étions ce que tu es,
    Tu seras ce que nous sommes !
    Corbett déchiffra l’inscription autour du Jugement dernier sur la sombre église de bois de St Oswald-sous-Les-Arbres.
    — À la fin, commenta-t-il pour Ranulf en ouvrant l’huis, nous serons tous ce que Dieu veut que nous soyons.
    Il s’arrêta sous le porche. La petite église était entièrement en bois : le bâtisseur avait avec habileté utilisé une rangée de chênes en guise de piliers pour soutenir le toit et de chaque côté de la nef les sombres transepts étaient éclairés par de petites fenêtres carrées. Le toit lui-même ressemblait à celui d’une grange coupé de grosses poutres. Le jubé, à l’autre bout, paraissait ancien. Quelques sculptures, saint Jean et d’autres saints groupés autour d’un Christ en croix, étaient rongées et usées. Corbett poussa la porte du jubé et pénétra dans le choeur. Un homme, portant l’habit des franciscains, y était assis. Dans l’alcôve derrière lui se trouvait un petit matelas mince et des couvertures pliées avec soin par-dessus un oreiller ; les reliefs d’un repas sur un tranchoir avaient été déposés à même le plancher.
    — Robert Verlian ? demanda le magistrat.
    Il examina le chef verdier. Il avait le cheveu rare. Verlian fit un signe de tête, se leva, tressaillit de douleur et se frotta le genou droit.
    — Dans ma fuite, expliqua-t-il, j’ai dû me blesser.
    Il fit quelques pas en claudiquant et tendit la main.
    Corbett la serra. Le verdier était de taille moyenne ; son visage, tanné par le vent et le soleil, était ridé et couturé ; la fatigue et les soucis avaient injecté ses yeux de sang. Il était rasé de près, mais s’était coupé à plusieurs reprises.
    — Veuillez excuser mon apparence, dit-il, mais je suis à présent prisonnier céans et je dépends de la générosité de frère Cosmas.
    — Nous avons rencontré votre fille Alicia, précisa Ranulf qui, tout sourire, s’avança.
    — Oui, je sais. Vous devez être Sir Hugh Corbett, l’émissaire du roi, et voici votre clerc Ranulf-atte-Newgate. Ma fille me rend visite, mais frère Cosmas a insisté pour qu’elle ne m’apporte ni vêtements de rechange, ni nourriture, ni vin.
    Il vit l’air surpris de Ranulf.
    — C’est la loi de l’asile, expliqua le magistrat. Pour la respecter, personne ne doit fournir habits, provende, boisson ni quoi que ce soit d’autre.
    — Mais vous êtes en sécurité à présent, insista Ranulf. Nous avons le mandat du roi. Il n’y a nulle preuve de meurtre et vous n’êtes accusé d’aucun autre crime.
    Verlian haussa les épaules.
    — Je n’ose pas quitter cette église, pas maintenant. Sir William m’est hostile. Il vaut mieux que je demeure ici jusqu’à ce que cette affaire soit réglée une bonne fois pour toutes.
    — Je suis tout à fait du même avis.
    Corbett se retourna. Frère Cosmas se tenait à la porte latérale qui menait à la

Weitere Kostenlose Bücher