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L'archer démoniaque

L'archer démoniaque

Titel: L'archer démoniaque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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sa chemise, révélant ainsi la cicatrice violet foncé, en haut de la poitrine, là où le carreau d’arbalète l’avait atteint. Jocasta s’approcha et l’examina avec soin en appuyant sur la balafre refermée.
    — La peau est propre, dit-elle. Cela vous fait-il mal ?
    — Parfois.
    — C’est une blessure par flèche.
    Corbett plongea son regard dans ses beaux yeux au fond desquels se cachait un certain sens de l’humour. Elle sentait bon la lavande et quelque chose de plus fort, plutôt agréable. Elle pressa à nouveau la cicatrice. Corbett tressaillit.
    — La douleur persistera, déclara-t-elle. Cette partie de votre corps – elle lui tapota la poitrine – est protégée par des muscles et des os. La chair guérit vite, mais l’os dessous...
    Elle recula et prit les pièces d’argent dans la main tendue de son interlocuteur.
    — Il faudra des mois pour que ça aille bien à nouveau. Et même alors, Messire, jusqu’au jour de votre mort, vous sentirez des tiraillements, des élancements douloureux et vous devrez, comme les autres coups de la vie, l’accepter.
    Corbett la remercia d’un sourire, boutonna sa chemise et renfila sa tunique.
    — Messire, remarqua Ranulf pendant que Jocasta entraînait sa fille vers la porte de l’église, il y a d’aussi bons mires dans le Sussex qu’à Londres.
    Le magistrat fixa le bouton du haut de sa chemise.
    — Il ne s’agissait pas de ma blessure, répliqua-t-il, il s’agissait de la dernière preuve.
    — De quoi ? questionna le franciscain.
    — Qu’elle disait bien la vérité. Les meilleurs médecins de Londres m’ont examiné. N’est-il pas curieux, mon frère, qu’elle dise la même chose qu’eux ? Elle aurait pu me flatter, me proposer un onguent ou une potion, mais elle a simplement dit vrai. Et je pense que c’était aussi le cas pour tout ce qu’elle nous a avoué.
    Il prit la plume que son serviteur avait écartée.
    — Il nous faudra faire le tri dans ses histoires, ajouta-t-il. Puis je réfléchirai à chacun de ses mots.
    — Elle a accusé Sir William ! s’exclama précipitamment frère Cosmas. Ou presque.
    — Je n’en suis pas certain. Mais sa description du Hibou m’a beaucoup intéressé. Bon, voyons cet ermite !
    Ranulf quitta son banc. Il avait à moitié descendu la nef quand la porte s’ouvrit à la volée et que Sir William fit irruption.
    — Sir Hugh Corbett, cria-t-il, venez ! Vous aussi, mon frère !
    Corbett et frère Cosmas se hâtèrent. Dehors, le petit cimetière était plein d’hommes armés. Jocasta et Blanche, arrêtées sous le porche, regardaient derrière elles. Le magistrat jeta un coup d’oeil aux soldats qui attendaient, encadrant une silhouette en haillons, au visage sale, qui était sans doute l’ermite ; mais ce qui retint son attention fut le corps, recouvert d’un manteau élimé, qu’on avait étendu sur le sol. On l’avait descendu d’un poney de bât à la selle enduite de vase et de boue. Sir William se fraya un passage parmi ses hommes, s’accroupit près du corps et enleva le manteau.
    — Pancius Cantrone, expliqua-t-il. L’ancien mire de mon frère.
    Le cadavre était couvert de la tête aux pieds de limon bourbeux qui ne faisait qu’accuser l’horrible rictus de la mort, et la bouche entrouverte était maculée de fange et de sang. Les yeux étaient grands ouverts, la peau cireuse humide et balafrée de traînées de vase. Les cheveux dégouttaient et dans le cou on voyait un trou déchiqueté plein de sang coagulé.
    — Une blessure par flèche, dit Ranulf.
    Il prit son poignard et gratta la boue.
    — Où l’a-t-on découvert ? s’enquit le magistrat.
    — Au bord d’un marais, au fond de la forêt.
    — Et la flèche ?
    — Arrachée.
    — Par le meurtrier ?
    — Sans doute, répondit Sir William. Mon verdier ne l’a trouvé que parce que le corps a refait surface et qu’une botte pointait hors de l’eau.
    Corbett retourna le cadavre. Cantrone portait encore sa chape, sa dague était au fourreau, mais la grande sacoche comme la petite escarcelle suspendue à son ceinturon étaient débouclées et vides.
    — Où est sa monture ?
    Sir William, accroupi de l’autre côté de la dépouille, fit une grimace.
    — Il était à cheval quand il a quitté St Hawisia, mais il n’y en a nulle trace.
    — Je pense que le cheval a été dessellé, avança Corbett, qu’on a jeté le harnachement dans un marais et qu’on a laissé la bête

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