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L'archer démoniaque

L'archer démoniaque

Titel: L'archer démoniaque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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devenir franciscain. J’ai fait mes études à Cantorbéry où j’ai rencontré frère Cosmas. Nous sommes devenus amis intimes, de véritables frères dans tous les sens du mot. Il m’a narré l’époque où il était soldat ; je lui ai raconté mon passé et à quel point je rêvais de me venger de la famille Fitzalan. Frère Cosmas était comme une potion que l’on boit pour apaiser la douleur d’une vieille blessure. Je suis donc devenu prêtre franciscain.
    Il tenta de maîtriser sa voix.
    — J’ai travaillé pour les pauvres de Dieu, allant de paroisse en paroisse et prêchant au nom du Christ crucifié. Vous comprenez, Sir Hugh, la façon dont mes parents étaient morts me navrait cruellement. Les enseignements de l’Église sur le suicide sont très désespérants. Et ma mère...
    Ses yeux brillèrent de larmes.
    — Soyons honnête, Messire, ma mère a commis l’adultère, ce qui a provoqué sa mort et celle de mon père. J’ai cru qu’en menant une vie de pénitence, je pourrais expier leurs péchés, que le Christ leur pardonnerait et les recevrait en Son paradis. Mais parfois, la nuit, ou quand je voyais un seigneur tout-puissant traverser la ville, bannières et pennons au vent, au son des trompettes, je pensais à Lord Henry Fitzalan, la vraie cause de leur péché. J’avais entendu parler de son importance et de sa richesse sous la protection du roi et de l’Église. J’ai regagné notre maison à Cantorbéry. Cela doit faire un an aux dernières Pâques. Cosmas s’y trouvait aussi. Il m’a raconté ce qu’il faisait dans la forêt d’Ashdown.
    — Nous étions amis, l’interrompit ce dernier. Liés, à présent, par notre haine pour Lord Henry Fitzalan et tout ce qu’il représentait. Croyez-moi, Messire, c’était un homme malfaisant.
    Cosmas jeta un coup d’oeil à Alicia.
    — Il était insensible et égoïste. Quand on lui parlait, on sentait que son âme, derrière son masque, vous raillait.
    — J’ai persuadé mes supérieurs de m’envoyer prêcher dans les comtés du sud de Londres, continua Odo. Que Dieu me pardonne, je suis venu ici pour abattre Lord Henry. J’ai fait semblant d’être un ermite. On m’avait enseigné le tir à l’arc et la vénerie. Frère Cosmas m’a montré sentiers et pistes de la forêt d’Ashdown. Il m’a nourri et aidé.
    Odo prit une bruyante inspiration.
    — Il m’a aussi prié de ne point exercer la vengeance à laquelle j’aspirais. Je peux vous affirmer ceci, Sir Hugh : maintes fois Fitzalan a été dans ma ligne de tir ; maintes fois j’aurais pu lui envoyer une flèche en plein coeur !
    — Et l’avez-vous fait ? s’enquit Corbett. Ce matin-là, à Savernake Dell ? Votre soif de vengeance l’a-t-elle emporté sur la voix de merci ?
    La réponse fusa sèchement :
    — Je n’étais point dans les parages de Savernake Dell.
    Les yeux de l’ermite lancèrent des éclairs.
    — Mais je vous avouerai, Messire le clerc royal, et que Dieu ait pitié de moi, que j’ai dansé de joie quand j’ai ouï dire qu’il avait été tué.
    — Et la flèche, la nuit dernière ? intervint Ranulf. Celle qui a brisé la fenêtre du manoir d’Ashdown ?
    Odo eut un petit rire.
    — Croyez-moi ou non, Messire, c’était mon adieu. Je comptais rester une semaine ou une dizaine de jours, puis partir. Sir William appartient à la même engeance pourrie, mais je ne le tiens pas pour coupable envers moi.
    Il soupira.
    — Je suis navré de vous avoir décoché des flèches.
    Corbett examina avec soin les deux hommes. D’un côté, il avait l’impression que l’ermite disait la vérité, mais, d’un autre, il se sentait mal à l’aise. Et si c’était frère Cosmas le tueur, s’il se servait de son ami comme prétexte, comme bouc émissaire ? Comme bien des frères, c’était tous deux des hommes pratiques. Robustes, vigoureux, farouchement attachés à la justice. Cela avait-il pu l’emporter sur leur formation de prêtres ?
    — Et maintenant ? demanda frère Cosmas.
    Corbett regarda Ranulf, mais celui-ci semblait distrait. Il dessinait quelque chose sur le bord du parchemin que le magistrat identifia comme un « A » majuscule. Corbett se leva. Il avait conscience qu’Alicia se tenait derrière lui pendant que Verlian, assis plus avant dans le choeur, avait sans doute lui aussi tout entendu.
    — Je serai franc, commença Corbett en appuyant sur l’épaule de Ranulf pour l’avertir de se tenir coi, vous

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