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L'archer démoniaque

L'archer démoniaque

Titel: L'archer démoniaque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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ermites jusqu’à ce que cette affaire soit close. Cependant, vous m’emmènerez à l’endroit où vous avez découvert le corps de la femme.
    Odo acquiesça.
    — Maître Verlian, j’ai une question à vous poser, continua le magistrat. La veille de la chasse Lord Henry et ses hôtes se sont rendus à l’abri de Beauclerc, à quelque distance de Savernake Dell. Pourquoi ?
    Le verdier, installé à présent sur les marches du choeur, écarta les bras.
    — C’était l’habitude : Lord Henry quittait toujours le manoir le soir précédent. On conduisait les meutes là-bas et on donnait leurs instructions aux verdiers et aux veneurs.
    — Étiez-vous présent ?
    Verlian pâlit.
    — J’ai cru comprendre que Lord Henry est tombé malade, qu’il a eu mal à l’estomac, qu’il a vomi et a dû passer une partie de la nuit à la garde-robe pour se vider les entrailles ?
    — Lui et son frère ont bu fort avant dans la nuit, répondit Verlian. Ils ont ouvert des flasques de vin. Lord Henry s’enorgueillissait toujours de son vin.
    — Et ce vin, demanda Corbett, venait-il du manoir ?
    Verlian essuya la sueur qui brillait sur sa lèvre supérieure.
    — Allons, insista Corbett, c’était vous le chef des chasseurs. Vous aviez bien pour tâche de préparer l’abri, de fournir le gibier et de vous assurer qu’il était bien apprêté pour Lord Henry et ses invités ?
    — Je ne comprends pas très clairement ce que vous dites.
    — Et qui était chargé de servir le vin aux seigneurs ? Ils n’étaient point à Ashdown et les serviteurs et les valets habituels devaient y être restés.
    — Moi ! s’exclama Verlian en se levant et en s’essuyant les mains sur le côté de sa tunique. C’est moi qui ai servi le vin.
    — Et rien d’autre ? questionna Corbett. Vous êtes un homme de la forêt, Maître Robert, vous soignez les chiens et les chevaux. Je parie que vous en savez aussi long sur les plantes et les herbes que Jocasta. Avez-vous mis quelque chose dans le vin ? Quelque chose qui aurait donné un flux de ventre à Lord Henry et aurait distrait son esprit de ses désirs luxurieux ? Était-ce une revanche ou même une tentative d’empoisonnement ?
    Verlian évita son regard. Ranulf était bouche bée ; il jura en silence que la prochaine fois que son maître quitterait sa chambre au petit matin, il le suivrait. L’esprit du magistrat était aiguisé comme un rasoir.
    — Eh bien, l’avez-vous fait ?
    — Oui !
    Le chef verdier, d’un geste, imposa silence à sa fille.
    — Mais ce n’était pas du poison ; c’était un simple purgatif. Je l’ai vu assis là, pris de boisson avec ses yeux qui se moquaient de moi. Les autres invités s’étaient retirés. Il a réclamé une certaine flasque, apportée tout droit de Bordeaux. Je l’ai décachetée et y ai mêlé quelques poudres : pas du poison, Sir Hugh, mais quelque chose qui mettrait en branle les humeurs de ses entrailles et détournerait son esprit de toute idée de ribauderie. On ne peut pas jouer les cerfs en rut quand on a des flux de ventre ! Ce n’était pas plus fort que ce qu’aurait conseillé un apothicaire. Il ne s’est douté de rien. Je suis retourné chez moi puis suis revenu un peu plus tard. Au matin, Lord Henry, homme de forte constitution, se trouvait mieux. Il avait l’estomac dégagé et la poudre n’avait provoqué aucun dommage réel. Nous nous sommes rassemblés dans la cour, prêts pour la chasse. J’attachais les lanières de sa botte quand il m’a doucement tapé sur l’épaule : « Comment va la belle Alicia ? s’est-il gaussé. Rien ne vaut une journée de chasse, n’est-ce pas, Robert, pour réveiller l’ardeur des entrailles ? »
    Verlian s’humecta les lèvres.
    — J’ai pris peur. J’ai craint qu’il ne quitte la chasse et je suis donc allé prévenir Alicia, mais elle était déjà partie. Le reste s’est passé comme vous l’avez narré.
    — Sir William a-t-il bu de ce vin ?
    — Un peu, mais il l’a mêlé d’eau. Lord Henry se servait toujours de lui comme compagnon de beuverie. Rien ne lui plaisait davantage que de faire boire son frère jusqu’à ce qu’il roule sous la table, mais Sir William avait fini par apprendre sa leçon.
    Corbett se leva et prit sa chape.
    — J’en ai terminé céans.
    Tout en s’emmitouflant, il regarda Ranulf qui rangeait avec diligence son matériel d’écriture. Ce dernier répandit un peu de sable sur le

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