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L'archer démoniaque

L'archer démoniaque

Titel: L'archer démoniaque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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parchemin, souffla dessus, enroula le vélin et l’attacha avec un bout de ruban vert. Plumes, couteau et pierre ponce regagnèrent la sacoche de la Chancellerie.
    — Nous sommes à pied, dit le magistrat à Odo en souriant. Nous avons laissé nos montures au Diable dans les Bois et la journée a été belle. Frère Cosmas, pourriez-vous nous apporter une pioche et une houe ?
    Le franciscain acquiesça et sortit en hâte, suivi de l’ermite. Verlian regagna le choeur. Ranulf traînait les pieds. Corbett décida de ne point se montrer trop dur et descendit la nef, laissant l’amoureux éperdu à ses adieux. Il sortit sur les marches de l’église. Le parvis était à présent calme et désert. Sir William avait ramené ses hommes et le cadavre au manoir d’Ashdown. Corbett ferma les yeux et écouta le chant des oiseaux. Les parfums de la forêt, des herbes écrasées, des fleurs et de la terre fraîchement retournée assaillirent ses narines. Il se demanda ce que devenait Maeve à Leighton. Était-elle en sécurité ? Se portait-elle bien ? Il craignait toujours qu’elle ne s’affaire trop, mais il se souvint que son oncle, Lord Morgan Ap Llewellyn, qui, quelques années auparavant, avait été reçu comme hôte au château et avait décidé d’y rester, la suivait comme son ombre, gloussant comme un vieux coq agité qu’il était. Il entendit la porte s’ouvrir et se refermer derrière lui.
    — Eh bien, Ranulf ? Et Maîtresse Alicia ?
    Le visage légèrement empourpré de son serviteur lui apprit tout ce qu’il voulait savoir. Ce dernier ouvrit la main et Corbett aperçut le petit médaillon qu’Alicia portait autour du cou.
    — Un gage d’affection, n’est-ce pas, Ranulf ?
    Le visage du jeune homme devint grave.
    — Elle trouve que vous êtes un homme très dangereux, Sir Hugh !
    Le magistrat hocha la tête.
    — Tu as bien lu saint Augustin ? Il définit le meurtre comme le chaos suprême et ce désordre, Ranulf, doit être réduit par la logique, la preuve et l’application de la justice royale.
    Il lui donna en plaisantant une chiquenaude sur la joue.
    — Et le meurtre prend bien des aspects. Pour ce que nous en savons, Ranulf, nous avons peut-être passé la matinée en face d’un redoutable assassin. Souviens-toi : « Des deux frères, Caïn et Abel, Caïn était le plus aimable et le plus souriant. »

 
    CHAPITRE XII
    Après quelques recherches, l’ermite retrouva l’endroit où il avait traversé le sentier. Il était à peu près midi ; les nuages s’amoncelaient devant le soleil et les premiers vents frais de l’automne se faisaient sentir. Les feuilles dorées tourbillonnaient dans leur souffle et tapissaient les ornières de la piste. La forêt était silencieuse, mis à part les chants occasionnels des oiseaux et l’incessant croassement des corneilles. Le magistrat remarqua que la sente faisait un coude.
    — Un tournant, apprécia-t-il, est l’endroit idéal pour tendre une embûche. C’est, du moins, ce que Surrey m’a toujours dit.
    Le magistrat et son serviteur descendirent le talus, sur les talons de l’ermite et de frère Cosmas, et s’approchèrent de l’étroite tombe d’où Odo avait extrait le corps de la jeune femme. Corbett s’agenouilla et, de ses mains gantées, ôta les feuilles et les brindilles qui s’y étaient accumulées. La terre était meuble et facile à creuser : l’assassin n’avait dû mettre que peu de temps pour y déposer le cadavre puis le dissimuler sous une couche de terreau humide.
    — Que cherchez-vous ? demanda frère Cosmas.
    Corbett désigna la sente.
    — Je pense que cette femme venait du Diable dans les Bois. Elle se dirigeait soit vers le manoir, soit vers le prieuré ou, peut-être, au nord vers Londres. Elle a tourné ici. L’assassin devait être quelque part tout près d’elle, flèche encochée. C’est une ruse de truands bien connue. On jette une pierre en l’air et elle retombe sur la piste.
    — Et, bien sûr, la victime lève les yeux ?
    — Oui. Sa gorge devient ainsi une cible parfaite.
    — Mais l’archer était sans doute un bon tireur ? insista le franciscain.
    — Nous ignorons à quelle distance il se trouvait, expliqua Corbett. Mais c’était sans nul doute un maître archer et il avait bien l’intention de tuer. Vous avez fait la guerre, frère Cosmas. Vous rappelez-vous un homme atteint à la gorge qui ait survécu ? Quoi qu’il en soit, l’assassin a suivi la piste,

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