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L'archer démoniaque

L'archer démoniaque

Titel: L'archer démoniaque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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tus, ou était-ce son imagination ? Il dégrafa son ceinturon, car les pots étaient lourds, et le reboucla plus étroitement. Tenant le sac de cuir d’une main et son poignard dans l’autre, il reprit sa marche d’un bon pas. La forêt lui rappelait les vallées aux bois épais du pays de Galles. Il se souvint du conseil d’un maître archer, un éclaireur chargé de conduire les troupes du roi :
    — Souvenez-vous, avait-il conseillé, de regarder à gauche et à droite. Ne laissez pas libre cours à votre imagination. Écoutez les bruits de la forêt. Si vous ouïssez quelque chose d’anormal, déplacez-vous plus vite, ne restez pas immobile. Un homme qui court est beaucoup plus difficile à atteindre.
    Le magistrat hâta le pas. En haut de la poitrine la blessure qu’il avait reçue à Oxford l’élança. Des souvenirs l’assaillirent. Il refréna sa peur, tendit l’oreille et surveilla les bois de l’autre côté. Un oiseau sortit des branches en poussant des cris d’alarme. Corbett accéléra encore l’allure. Sur sa droite, un rameau se cassa net. Quelque chose tomba sur la chaussée, comme une pierre qu’on aurait jetée. Il n’attendit pas davantage et, épaules rentrées, tête basse, se mit à courir. Tout en zigzaguant, il sentit la flèche lui siffler aux oreilles. Il eut envie de s’arrêter et de se jeter au sol. L’assassin devait être quelque part sur sa droite. Il abandonna donc le chemin et plongea sous le couvert, usant des arbres comme d’une palissade. Il se crut en sécurité, mais une autre flèche se ficha avec un bruit sourd dans un arbre ; l’assassin était sans doute tout près car elle vibrait encore. Corbett fonça, essayant de ne pas suivre une ligne droite. Des branches lui cinglaient le visage, des orties et des ronces lui piquaient les jambes. Il trébucha, ce qui lui sauva sans doute la vie, car un autre trait passa en vrombissant au-dessus de sa tête. Corbett jeta un coup d’oeil à droite. Il ne devait pas perdre la route de vue et s’égarer.
    Il lâcha le sac de cuir et reprit sa course. La douleur au cou était vive. Il avait du mal à respirer. Il dut finalement s’arrêter : adossé à un arbre, toussant et pris de haut-le-coeur, il scruta les bois et ses arrières. Il ne vit nulle trace du tueur. Il regarda ses mains écorchées, sortit des gants d’une petite poche de pèlerine et les enfila. Puis il se fraya un passage dans le sous-bois pour regagner la chaussée, certain d’avoir laissé son poursuivant derrière lui. Qui que ce fût, il avait dû comprendre que la poursuite était trop dangereuse. Devant lui, le magistrat entendit grincer une carriole. Il défit sa chape, négligeant les tiraillements de douleur dans son ventre et les égratignures dues aux branches, et tituba jusqu’à un carrefour. Le conducteur, un paysan accompagné de sa famille, eut un hoquet de surprise quand le magistrat s’accrocha à la ridelle de sa voiture.
    — N’ayez pas peur ! haleta Corbett. Je suis un clerc royal, l’hôte de Sir William Fitzalan.
    Ce qui n’apaisa pas l’effroi du bonhomme.
    — La taverne du Diable dans les Bois ?
    Le paysan fit un signe de tête. Corbett sortit une pièce de son escarcelle et la fourra dans la main calleuse.
    — Conduisez-moi !
    Sans attendre de réponse, il se hissa à côté de l’homme. Il adressa un sourire rassurant à la famille, une mère et ses quatre enfants, qui le dévisageaient, yeux écarquillés comme des hiboux. Le paysan fit claquer ses rênes.
    — Vous voulez aller au Diable dans les Bois, Messire, nous irons donc au Diable dans les Bois. Mais, à vous voir, on dirait bien que vous l’avez déjà rencontré, le diable !
    Corbett se détendit quand le bonhomme, riant à grand bruit de sa propre plaisanterie, pressa son cheval. Le magistrat jeta un regard derrière lui vers les sombres frondaisons. Il jura en silence d’user de toute sa force et de toute son adresse pour traîner ce démon devant la justice.

 
    CHAPITRE XIII
    — Ainsi, tu n’as rien découvert ? demanda Corbett en se tamponnant le visage avec l’eau salée apportée par le tavernier.
    Ranulf, assis sur son lit, fit non de la tête.
    — Tout était normal, pas trace d’une arme cachée.
    — Mais Sir William aurait-il pu atteindre Savernake Dell par l’autre côté ? insista le magistrat. Prendre un arc et un carquois de flèches dissimulés, puis tuer son frère ?
    — Il se peut.
    Ranulf se demandait en

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