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L'archer démoniaque

L'archer démoniaque

Titel: L'archer démoniaque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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Testament, dans laquelle Lord Henry a enlevé avec grand soin les yeux des personnages.
    Corbett feuilleta les pages et Ranulf revint à son poème. La poésie des troubadours français lui avait fait grande impression et il s’efforçait de se remémorer certains vers pour décrire les beaux yeux bleus et les traits du visage d’Alicia. À l’autre bout de la pièce, Corbett parlait toujours dans sa barbe.
    L’après-midi s’écoula. Le magistrat demanda qu’on allume bougies et chandelles. Il se levait parfois et s’étirait pour dissiper ses crampes. Ranulf pensait à Alicia. Si au moins Maître Longue Figure se couchait ! Il pourrait alors, lui, se glisser dehors. La forêt ne lui faisait pas peur : une rencontre avec sa bien-aimée chassait toute crainte d’embûche.
    Corbett était à présent profondément plongé dans son travail. Quand Ranulf eut composé son poème, il le dissimula dans une petite poche de son pourpoint.
    Il se rendit aux écuries, mais Baldock dormait à poings fermés sur une balle de paille et Ranulf n’eut pas le coeur de le réveiller. Il alla dans la cour et regarda le ciel. Le soleil se couchait, l’auberge était calme et la forêt, au-delà du chemin, paraissait plus dangereuse, plus menaçante, maintenant que les ombres s’allongeaient. Il entendit son maître l’appeler et remonta en courant l’escalier. Corbett, assis au bord de son lit, arborait un grand sourire.
    — J’ai trouvé le secret ! dit-il en brandissant le livre d’heures. Te souviens-tu de l’histoire de sainte Johanna Capillana ?
    — Oui, celle que Lord Henry narre à la fin de son livre d’heures.
    — Je parie, Ranulf, une pinte de bière contre une barrique de vin qu’il n’existe pas de sainte nommée Johanna Capillana.
    Il ouvrit le volume et appliqua l’image sur le texte.
    — Écoute, Ranulf. Capillana signifie la tête, en latin vulgaire. Et aussi Capet.
    — Le nom de la famille royale française !
    Le magistrat tapota la page avec excitation.
    — Il y a deux ans, l’épouse de Philippe, Jeanne de Navarre, est morte fort brusquement. Les gens ont cru qu’il s’agissait d’une fièvre, mais, si on use du code secret de Lord Henry, l’histoire de Johanna Capillana devient celle de Jeanne Capet, reine de France.
    Il fit signe à Ranulf.
    — Un morceau de parchemin et une plume !
    Corbett reprit le livre.
    — Écris ce qui suit : «  Johanna Capillana, regina occisa, mari, rex interfecit eam, non per gladum, sed vitrio secreto infuso, teste medico suo. » C’est fait ?
    Ranulf acquiesça.
    — C’est du bas latin, expliqua Corbett. Chaque mot apparaît dans l’une des découpures de l’image de Suzanne et traduit...
    Ranulf sifflota entre ses dents.
    — Jeanne Capet, lut-il lentement, la reine, a été tuée par son mari. Le roi l’a assassinée non par l’épée, mais en secret par une infusion empoisonnée. Son mire en fut témoin ou le sut.
    Il secoua la tête.
    — Messire, cela ne se peut pas !
    — Clerc de la Cire verte, c’est possible ! Si je me souviens bien, Gilles Malvoisin était le médecin de la reine Jeanne. Je l’ai rencontré deux fois : c’était un homme plein de son importance, mais un habile praticien.
    — Mais pourquoi Philippe aurait-il occis sa propre épouse ?
    — Je l’ignore. Mais un légiste, un membre de son conseil secret nommé Pierre Dubois, a rédigé un mémoire confidentiel dans lequel il presse le roi d’étendre son pouvoir hors de France, non par la guerre, mais par mariage.
    — Comme celui de sa fille Isabelle avec le prince de Galles ?
    — Exactement. Philippe a trois fils fiancés à différentes princesses dont les apanages et les dots renforceront la puissance des Capet et élargiront les frontières de la France.
    — La Flandre ! s’exclama Ranulf. Le comte de Flandre a une fille.
    Le magistrat lança le livre d’heures sur le lit.
    — Ranulf, tu n’es pas aussi fou d’amour que je le pensais ! Voilà deux ans, Philippe a envahi la Flandre et a subi une cuisante défaite à Courtrai. Il se peut que notre aragne de roi ait des vues sur une princesse flamande, même s’il sait qu’Édouard d’Angleterre ne permettra jamais une telle alliance.
    — Et quoi d’autre ? interrogea le jeune homme.
    — Philippe nourrit aussi des desseins sur l’ordre des Templiers. Et ce, depuis qu’il est monté sur le trône. Tu connais les Templiers, Ranulf : c’est un puissant ordre de

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