Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
L'archer démoniaque

L'archer démoniaque

Titel: L'archer démoniaque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
Vom Netzwerk:
bien Lord Henry, n’est-ce pas ? C’était un homme assoiffé de pouvoir. S’il avait enfoncé le couteau, il le retournait dans la plaie jusqu’à ce que vous criiez.
    — Comme il l’a fait avec le roi de France ?
    Sir William eut l’air abasourdi.
    — Comment ? Comment ? bégaya-t-il.
    — Dites seulement ça à Amaury de Craon, grommela le magistrat. Mais vous parliez de votre frère ?
    — Quand j’ai compris qu’il savait la vérité à propos de Gaveston...
    Les épaules de Sir William s’affaissèrent.
    — ... J’ai su qu’il ne lâcherait jamais prise. Pas tant qu’il vivrait. Je me suis éloigné, effrayé et humilié, et j’ai vomi. J’ai rendu comme un petit garçon. Je ne cessais de trembler. Imaginez-vous, Corbett, ce que c’était que de vivre à l’entière disposition de Lord Henry ?
    — Est-ce la raison pour laquelle Lady Madeleine s’est faite nonne ?
    — Je l’avoue, Corbett, mais si vous le répétez, je vous défierai. Madeleine hait les hommes et peut-on l’en blâmer ? Il y a des années, dès que Lord Henry en avait l’occasion, il farfouillait sous sa robe comme si elle n’était qu’une donzelle de taverne.
    Corbett fit reculer sa monture, fort troublé par ce que lui avait appris son interlocuteur.
    — Je vous dis donc adieu, Messire.
    Sir William allait partir quand Corbett retint les rênes de son cheval. Fitzalan porta la main au pommeau de son épée.
    — Tout doux, Monseigneur ! s’exclama le magistrat. N’oubliez pas de répéter à Craon exactement ce que je vous ai dit sur Sir Henry et son maître !
    — Il ne va pas tarder à partir, Dieu merci ! Il s’est rendu à Eltham pour voir le roi.
    — Et Gaveston ?
    — Eh bien, Messire, me voilà seigneur d’un manoir. Le très fidèle sujet du souverain. Gaveston est bien au-delà des mers.
    Sir William s’avança sur le petit parvis devant l’église, ses cavaliers regroupés autour de lui. Plongé dans de profondes réflexions sur ce que son interlocuteur venait de lui apprendre, Corbett éperonna son cheval.
    Une fois à la taverne, il monta dans sa chambre où il débarrassa la petite table, prit un morceau de parchemin, des plumes et une pierre ponce, pour coucher par écrit tout ce qu’il avait appris. Un valet de cuisine lui apporta un tranchoir garni de nourriture et de la bière. Corbett, l’esprit ailleurs, le remercia et reprit son manuscrit.
    Il établit la liste des victimes tuées dans la forêt, toutes frappées par une flèche, puis leva les yeux et se tapota la joue du bout de sa plume. Quelque part, à l’orée de la forêt, un ramier roucoulait en cadence et sans trêve. Le magistrat sentit une douleur lui traverser le cou et frotta avec prudence la cicatrice laissée par l’assassin d’Oxford. Et le secret ? La pression que faisait peser Fitzalan sur le roi de France ? Quelle preuve avait-il ? Sir William ignorait tout à ce sujet. Craon trempait-il dans cette affaire ? Il nota : « Pancius Cantrone, mire italien », puis se mit à rire entre ses dents.
    Bien sûr qu’il n’y avait pas de documents cachés ! C’était Cantrone, la preuve ! Il avait exercé comme mire à la cour de France et c’est ainsi que le pacte avait été scellé ! Philippe ne serait que trop heureux de pouvoir s’emparer de cet homme et disposé à payer sans compter pour cela. Une fois Cantrone disparu, Lord Henry Fitzalan ne pourrait plus rien dire. Corbett réfléchit : il n’était pourtant pas impossible que Lord Henry ait pu laisser un message secret à son frère, mais...
    — Oh, comme c’est bien manigancé ! murmura-t-il.
    Certes, Philippe aurait mis la main sur Cantrone, mais Lord Henry, lui, aurait reçu une masse d’or envoyée par les banquiers du roi de France. Celui-ci aurait effectivement fait taire Fitzalan. Car comment un seigneur anglais aurait-il pu justifier aux yeux de son souverain la fortune acquise des mains des Français ? On aurait même pu l’accuser de trahison ! Ça ressemblait à un jeu d’échecs. Philippe et Lord Henry se seraient mutuellement mis mat.
    Corbett entendit un bruit dans l’escalier et Ranulf se glissa dans la chambre. Il s’assit au bord du lit, l’air désolé.
    — J’ai parlé à Alicia.
    — Est-ce qu’elle t’aime ? questionna son maître. Je suis navré d’être si direct, mais c’est de cela qu’il s’agit. Pas de pouvoir, d’argent ou d’influence. Est-ce qu’elle t’aime ? Car,

Weitere Kostenlose Bücher