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L'archer démoniaque

L'archer démoniaque

Titel: L'archer démoniaque Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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votre jeunesse, avant que la vie ne devienne amère, vous jouiez dans la forêt d’Ashdown. Vous et vos frères en êtes venus à connaître ces bois – et tout particulièrement Savernake Dell et les chênes creux – mieux que n’importe quel habitant des lieux.
    Lady Madeleine avait baissé la tête et caché ses mains dans son giron.
    — Mais la vie change, continua Corbett. En vieillissant, le coeur s’endurcit. La rudesse de l’âge commence à glacer la joie de la jeunesse. Vous avez fini par haïr votre frère Henry. Et pourquoi pas ? Vous aviez peut-être de bonnes raisons. Un seigneur qui ne craignait ni Dieu ni homme. Les Fitzalan ont pourtant usé de leur influence pour faire de vous la prieure de St Hawisia. C’est devenu votre château, votre forteresse contre le monde des hommes. Une communauté de femmes, consacrée au souvenir d’une autre femme tuée par sa propre famille.
    Corbett fit une pause.
    — Voulez-vous dire que j’ai tué mon frère ? demanda la prieure avec calme.
    Elle releva la tête et le magistrat s’aperçut qu’elle avait repris ses esprits.
    — Oui, vous êtes une meurtrière, rétorqua-t-il. Le sang de moult personnes souille vos mains : celui de Lord Henry, de Pancius Cantrone, de Robert Verlian et celui de la ribaude Françoise Sourtillon.
    — Et, de grâce, Messire, comment les aurais-je tués ? Et pour quelles raisons ?
    — Vous ne le niez point, remarqua Corbett. Et vous savez que le verdier a été assassiné.
    — Les rumeurs courent vite à Ashdown.
    — C’est vrai. Revenons au début.
    Le magistrat désigna le cercueil.
    — Votre patronne, sainte Hawisia, est la cause de toutes ces morts, n’est-ce pas ? J’ai appris que ce lieu de pèlerinage avait été fermé quelque temps.
    Il lança un coup d’oeil sur les murs peints en rose.
    — Restauré, n’est-ce pas ?
    — Assez de questions, Messire ; venez-en au fait !
    — Lord Henry est venu céans, reprit Corbett. Pendant que vous étiez absente, occupée à collecter vos fermages et à vous conduire en dame du château. Il a amené le mire italien avec lui. Lord Henry était un homme cynique et vous raillait sans arrêt au sujet de cette châsse et de la relique sacrée qu’elle renfermait ; il a donc ouvert le couvercle de verre pour examiner avec plus de soin la chevelure, ou plus exactement c’est Cantrone qui s’en est chargé pour lui. Le couvercle est fixé par des fermoirs. Un homme aussi adroit que Cantrone pouvait les desserrer et sortir la chevelure. Il en a étudié la texture. Il désirait plaire à son seigneur et prouver que c’était une fausse relique. J’ignore ce qui s’est passé exactement, cependant les cheveux se sont détériorés. Peut-être l’air était-il impur ? Ils ont remis la chevelure en place, mais elle a commencé à se dessécher et à pourrir. En rentrant, vous avez compris ce qui était arrivé. On avait violé la relique. Lord Henry est revenu au prieuré. Cherchait-il à vous provoquer, à jouir de son méfait ?
    — Avez-vous des preuves ? demanda la prieure. Un tel blasphème, un tel sacrilège causerait à la fois grand bruit et force scandale.
    — Je ne crois pas, Madame. Vous êtes de retour à St Hawisia. De votre propre aveu, vous vous en éloignez le plus rarement possible. On vous dit que votre frère est venu et s’est enfermé dans l’église. Vous vous souvenez de ses moqueries et de ses attaques cyniques contre votre relique. Vous allez donc vérifier ce qu’il en est. Au premier abord, vous ne voyez rien d’étrange, tout est en ordre. Cependant un jour, disons deux jours plus tard, vous constatez que les cheveux s’abîment. La chapelle est fermée aux pèlerins et Lord Henry est immédiatement prié de vous rejoindre ici. Malgré votre ire, vous ne voulez point ébruiter l’affaire. Après tout, la relique est non seulement une source de revenus, mais aussi de rang. J’imagine fort bien la malveillante jubilation de Lord Henry ! En quels termes l’avez-vous menacé ? Que s’est-il passé lors de cette furieuse querelle à voix basse entre frère et soeur ? Il a dû réaliser le péril dans lequel il s’était jeté. Car si la relique était détruite, vous pouviez crier au sacrilège et au blasphème. Notre sainte mère l’Église n’aime pas cela. Et si le scandale remontait jusqu’à Cantorbéry, Lord Henry risquait d’être excommunié. Pour un puissant seigneur qui espérait conduire une

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