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L'archer du Roi

L'archer du Roi

Titel: L'archer du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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faufilèrent jusqu’à la pâture. Là, ils se mirent
à quatre pattes et entreprirent de fouiller l’herbe mouillée et mêlée de bouses
de vaches desséchées. Au bout de ce qui leur parut des heures, Robbie trouva le
carreau et découvrit un paquet cacheté enveloppé autour de sa courte tige.
    — Tu vois, dit-il lorsqu’ils furent de retour dans leur
abri, autour d’un faible feu, c’est possible !
    Il eut un geste envers le message entourant le trait. Le
parchemin avait été enroulé autour de la tige avec un cordon de coton qui avait
rétréci. Thomas le coupa pour le détacher, puis déroula le parchemin et le tint
près du feu afin de pouvoir déchiffrer le message qui avait été écrit au
charbon de bois.
    — Il vient de messire Guillaume, dit Thomas, et il veut
que nous allions à Caen.
    — À Caen ?
    — Et là, il nous faut trouver un… (Thomas fronça les
sourcils et rapprocha la missive des flammes afin de mieux déchiffrer les
pattes de mouche de messire Guillaume.)… Il nous faut trouver un capitaine de
bateau nommé Pierre Villeroy.
    — C’est peut-être bien Pierre le Hideux, émit Robbie.
    — Non, répondit son ami, le nez plongé dans le
parchemin, le bateau de cet homme s’appelle le Pentecôte, et s’il n’est
pas là, il nous faut chercher un certain Jean Lapoullier ou un Guy Vergon.
    Thomas tenait le message si près du feu qu’il se mit à
roussir et à se recroqueviller pendant qu’il lisait les derniers mots à haute
voix.
    « Tu diras à Villeroy que je veux que le Pentecôte soit prêt au jour de la Saint-Clément et qu’il contienne des provisions pour
dix passagers en vue de faire voile vers Dunkerque. Vous attendrez avec lui, et
nous vous rencontrerons à Caen. Allumez un feu dans les bois cette nuit pour
indiquer que vous avez bien reçu ce message. »
    Cette nuit-là, ils allumèrent dans les bois un feu qui brûla
brièvement ; puis la pluie se mit de la partie et il s’éteignit, mais
Thomas était certain que la garnison avait vu les flammes.
    Et à l’aube, trempés de pluie, fatigués et sales, ils
étaient de retour à Caen.
     
    Thomas et Robbie parcoururent les quais de la ville sans
trouver trace de Pierre Villeroy ni de son bateau, le Pentecôte , mais un
tavernier leur dit qu’à son avis, ils n’attendraient pas bien longtemps.
    — Il est parti pour transporter une cargaison de
pierres à Cabourg, dit-il, et il pensait être de retour aujourd’hui ou demain.
Le temps est clément, il ne l’aura pas retenu.
    L’homme jeta un regard suspicieux à l’arc de Thomas.
    — Ne serait-ce point l’un de ces maudits arcs
anglais ?
    — Non, c’est un arc de chasse d’Argentan, répondit le
jeune homme d’un ton négligent.
    Son mensonge parut satisfaire le tavernier. En effet, dans
toutes les régions de France, on trouvait des gens qui utilisaient ce long arc
de chasse. Malgré tout, ils étaient peu nombreux, et jamais en nombre suffisant
pour pouvoir constituer une armée capable de teinter de rouge le flanc des
collines avec du sang noble.
    — Si Villeroy rentre aujourd’hui, affirma le tavernier,
sûr qu’il viendra étancher sa soif en ma taverne dès ce soir.
    — Vous me le montrerez ? demanda Thomas.
    — Vous ne pourrez point le manquer, répondit l’homme en
riant, c’est un géant ! Un géant qui n’a pas un poil sur le caillou mais
en revanche une barbe où on pourrait faire un élevage de souris, et une peau
pleine de trous de petite vérole. Vous n’aurez point besoin de moi pour savoir
que c’est lui.
    Thomas, pensant que messire Guillaume serait pressé en
arrivant à Caen et ne voudrait pas perdre de temps à convaincre des chevaux à
monter à bord du Pentecôte, passa la journée à négocier le prix des deux
étalons. Au soir, les deux compagnons retournèrent à la taverne, les poches
pleines.
    Nul géant chauve à épaisse barbe ne les y attendait, mais il
pleuvait, et ils étaient tous deux transis de froid. Aussi commandèrent-ils une
soupe d’anguille, du pain et du vin chaud épicé. Un aveugle jouait de la harpe
dans un coin ; puis il entama une chanson où il était question de marins,
de phoques et d’étranges monstres marins qui sortaient du fond de l’océan pour
hurler à la lune décroissante.
    On leur apporta leur repas. Au moment où Thomas s’apprêtait
à l’entamer, un homme trapu au nez cassé traversa la salle pour aller se
planter devant lui, visiblement d’humeur

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