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L'archer du Roi

L'archer du Roi

Titel: L'archer du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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belliqueuse.
    — C’est un arc anglais ! affirma-t-il d’un ton
sec.
    — C’est un arc de chasse d’Argentan, répliqua le jeune
archer.
    Il savait qu’il était dangereux de porter une arme aussi
reconnaissable. L’été précédent, alors qu’accompagné de Jeannette il avait
cheminé de Bretagne en Normandie, il l’avait maquillée en bâton de pèlerin.
    — Non, ce n’est qu’un arc de chasse, répéta-t-il,
mimant le calme le plus parfait.
    Puis il grimaça car la soupe était brûlante.
    — Que te veut ce bâtard ? s’enquit Robbie.
    L’homme l’entendit.
    — Vous êtes des Anglais !
    — Ai-je l’air de parler anglais ? répliqua Thomas.
    — Et lui, comment parle-t-il ? aboya l’homme en
désignant Robbie. Mais il a peut-être perdu sa langue à présent ?
    — Il est écossais.
    — Oh, assurément ! Et moi, par tous les diables,
je suis le duc de Normandie !
    — Tu sais ce que tu es, prononça Thomas d’un ton doux,
tu es un maraud qui trouble mon repas !
    Et il jeta sa jatte de soupe à la face de l’importun. Du
même mouvement, il renversa la table d’un coup de pied et la projeta contre son
entrejambe.
    — Sors ! cria-t-il à Robbie.
    — Par le Christ, une bagarre ! Ah, voilà qui me
plaît !
    Les amis de la victime accoururent en nombre pour se
précipiter sur Thomas, qui lança un banc dans leurs jambes, en faisant
trébucher deux, tandis que Robbie en menaçait un troisième de son épée.
    — Ce sont des Anglais ! cria le blessé cloué au
sol. Des damnés Anglais !
    — Il te traite d’Anglais ! signala Thomas à
Robbie.
    — Je vais lui faire rentrer ses paroles dans la
gorge ! jappa l’Écossais offensé, en administrant quelques coups de pied
dans la tête de l’offenseur.
    Puis il frappa un assaillant avec la poignée de son épée et
se dirigea vers les autres en poussant son cri de guerre écossais.
    Thomas avait attrapé leurs bagages et son arc. Il ouvrit une
porte en hurlant :
    — Vite, par ici !
    Mais Robbie n’écoutait pas.
    — Traitez-moi d’Anglais, vils étrons !
brailla-t-il, déifiant ses assaillants maintenus à distance par son épée.
    Mais Thomas présageait que les Français en fureur ne
tarderaient pas à rassembler leur courage et à charger. Robbie serait contraint
d’en passer un par le fil de l’épée pour pouvoir s’échapper et il s’ensuivrait
un branle-bas de combat qui risquait fort de les amener à terminer leur
aventure au bout d’une corde. Aussi attrapa-t-il le vaillant guerrier par le
col et le tira-t-il dehors.
    — Cours ! lui enjoignit-il.
    — Que nenni, je prends du bon temps ! protesta Robbie
en essayant de retourner vers le lieu de délices que son ami le contraignait à
quitter.
    Mais la poigne de fer de Thomas l’entraînait
irrémédiablement au loin, tandis que ses adversaires s’élançaient à leurs
trousses.
    — Cours ! répéta Thomas en le poussant vers le
centre de l’île.
    Ils se précipitèrent dans une ruelle, traversèrent une
petite place à toutes jambes et finirent par aller se réfugier à l’ombre du
porche de l’église Saint-Jean. Leurs poursuivants les cherchèrent pendant
quelques minutes, mais la nuit était froide et la patience des chasseurs,
limitée.
    — Ils étaient à six, fit observer Thomas.
    — Mais nous étions en train de l’emporter !
protesta Robbie d’un ton agressif.
    — Et demain, au moment où nous serons censés trouver
Pierre Villeroy ou les autres, nous croupirons dans la geôle de Caen.
    — Mais je ne me suis pas battu depuis la bataille de
Durham, en tout cas, pas une vraie bagarre ! déplora Robbie.
    — Et à Dorchester, la bagarre avec les quêteurs ?
    — Nous avions tous trop bu, ça ne compte pas. (Il
éclata de rire.) D’ailleurs, c’est toi qui as commencé.
    — Moi ?
    — Oui-da, tu lui as envoyé ta soupe en pleine face.
Toute cette bonne soupe !
    — J’ai seulement essayé de te sauver la vie, lui
rappela Thomas. Par le Christ ! Tu as parlé anglais à Caen ! Ils
haïssent les Anglais !
    — Ils font bien, approuva Robbie, ils font bien. Mais
que veux-tu que je fasse ? Que je ferme mon bec ? Par tous les
diables, c’est ma langue aussi ! Dieu sait pourquoi on l’appelle
l’anglais.
    — Parce que c’est de l’anglais, répliqua Thomas, et le
roi Arthur le parlait aussi.
    — Doux Jésus ! souffla Robbie.
    Puis il fut pris d’un nouvel accès d’hilarité.
    — Par les

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