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L'archer du Roi

L'archer du Roi

Titel: L'archer du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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s’alluma tout
à coup. Mais messire Guillaume tira à demi son épée.
    — Peut-être bien que je m’en vais m’en retourner,
annonça le gros homme.
    — Peut-être bien que oui, renchérit Skeat avec un rire.
    À son tour, Robbie monta ses bagages sur le pont, puis dirigea
son regard sur un groupe de filles qui étaient occupées à vider des harengs en
lançant les viscères aux mouettes qui les attrapaient au vol. Les filles
accrochaient les poissons vidés sur de longues piques qui seraient placées dans
les fumoirs situés au bout du quai.
    — Sont-elles toutes aussi mignonnes par ici ? se
renseigna l’Écossais.
    — Encore plus, répondit Thomas en se demandant comment
il pouvait voir les visages des filles sous leurs bonnets.
    — Je vais aimer la Bretagne, en déduisit Robbie.
    Il restait quelques dettes à régler avant de partir. Messire
Guillaume donna son dû à Villeroy, en y ajoutant une somme rondelette pour lui
permettre de s’acheter une nouvelle voile.
    — Tu ferais bien d’éviter Caen pendant quelque temps,
conseilla-t-il au géant.
    — Nous allons descendre jusqu’en Gascogne, répondit ce
dernier. Il y a toujours quelque commerce à faire en Gascogne. Ils se pourrait
même que nous poussions jusqu’au Portugal.
    — Peut-être me prendrez-vous à bord ? demanda
timidement Mordecaï.
    — Vous ? s’étonna messire Guillaume en se tournant
vers le médecin. Ventredieu, vous qui détestez les bateaux !
    — C’est que je dois descendre vers le sud, expliqua le
vieux juif d’un ton las. D’abord à Montpellier. Plus on va vers le sud, plus
les gens sont aimables. Plutôt souffrir un mois entier de la mer et du froid
qu’affronter les sbires du duc Charles.
    — Un passage pour la Gascogne, dit messire Guillaume en
tendant une pièce d’or à Villeroy. Pour un de mes amis.
    Le marin jeta un regard à Yvette, qui haussa les épaules,
décidant par ce geste son homme à accepter.
    — Vous êtes le bienvenu, docteur, dit-il.
    Après avoir fait leurs adieux à Mordecaï, Thomas, Robbie,
Will Skeat et messire Guillaume, accompagné de ses deux hommes d’armes,
descendirent à terre. Une barque remontait la rivière jusqu’à La Roche-Derrien,
mais plus tard dans la journée.
    Ils laissèrent donc les deux hommes d’armes avec les
bagages, tandis que Thomas guidait ses compagnons sur l’étroit chemin qui
longeait la rive ouest du cours d’eau. Par prudence, car les paysans de la
région n’éprouvaient aucune sympathie pour les Anglais, ils portaient leur
cotte de mailles et leurs armes, mais ils ne firent aucune rencontre, hormis
celle d’un groupe de laboureurs inoffensifs qui déchargeaient des charrettes de
fumier. Les braves vilains s’arrêtèrent pour regarder passer les soldats sans
mot dire.
    — Et demain, à la même heure, commenta Thomas, Charles
de Blois aura déjà eu vent de notre arrivée.
    — Il en chiera dans ses bottes ! se réjouit Skeat,
hilare.
    Alors qu’ils atteignaient le pont qui menait à La
Roche-Derrien, il se mit à pleuvoir. Thomas s’arrêta sous l’arche de la
barbacane, sur la rive opposée à la cité, et montra le quai délabré en amont où
lui et les autres archers de Skeat s’étaient faufilés dans la ville, la nuit
qui avait précédé sa prise par les Anglais.
    — Vous vous souvenez de cet endroit, Skeat ?
interrogea-t-il.
    — Pour sûr, je me souviens, répondit son ancien chef,
mais l’expression vague de son regard démentait ses paroles et Thomas n’ajouta
rien.
    Ils traversèrent le pont de pierre et se hâtèrent vers la
maison dont Richard Totesham avait fait son quartier général, près de la
taverne. Totesham en personne était justement en train de mettre pied à terre
lorsqu’ils arrivèrent.
    À leur vue, il se retourna et détailla ces nouveaux venus
d’un air menaçant. Soudain, il reconnut Will Skeat et écarquilla les yeux comme
s’il avait vu un fantôme. Mais son vieil ami se contenta de lui jeter un regard
indifférent, ce qui troubla fort le commandant.
    — Will ? Will ? Est-ce toi ? se
risqua-t-il à demander.
    Une expression de surprise joyeuse se peignit sur les traits
du vieil archer.
    — Dick Totesham ! Toi ici !
    Le fait que Skeat se montrât surpris de le rencontrer dans
sa garnison ne fit qu’ajouter au trouble du soldat. C’est alors qu’il remarqua
les yeux vides de son vieil ami. Fronçant les sourcils, il s’inquiéta :
    — Tu vas bien,

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