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L'archer du Roi

L'archer du Roi

Titel: L'archer du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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Will ?
    — J’ai reçu un coup sur la caboche, expliqua Skeat,
mais un médecin m’a rafistolé. Les choses s’embrouillent un peu dans ma
cervelle, c’est tout.
    Les deux hommes se tapèrent vigoureusement dans la main.
Tous deux étaient nés sans le sou et étaient devenus soldats. Ils avaient
pareillement gagné la confiance de leurs maîtres et tiré profit de la rançon de
leurs prisonniers et du pillage, ce qui leur avait permis de devenir assez
riches pour lever leur propre troupe de guerriers. Ils louaient les soldats au
roi ou à un noble, arrondissant encore leur pécule au fur et à mesure qu’ils
ravageaient de nouvelles terres ennemies. Les troubadours, dans leurs chansons
de geste, chantaient les exploits guerriers du roi, des ducs, comtes, barons et
chevaliers, mais c’étaient les Totesham et les Skeat qui se battaient dans
toutes les batailles.
    Totesham donna à son ami une joyeuse tape sur l’épaule.
    — Dis-moi que tu as amené tes hommes, Will !
    — Dieu seul sait où ils sont, répondit Skeat. Je n’ai
pas vu l’ombre d’un de mes gars depuis des mois.
    — Ils sont devant Calais, intervint Thomas.
    — Doux Jésus !
    Totesham se signa. C’était un homme trapu, aux cheveux gris
et aux traits grossiers, qui tenait la garnison de La Roche-Derrien par la
seule force de son caractère, mais il avait trop peu d’hommes. Beaucoup trop
peu.
    — J’ai cent trente-deux hommes sous mes ordres, dit-il
à Skeat, dont la moitié de malades. Et il y a cinquante ou soixante mercenaires
qui vont peut-être rester, ou peut-être pas, jusqu’à l’arrivée de Charles de
Blois. Naturellement, les habitants de la ville vont se battre pour nous, ou en
tout cas la plupart.
    — Que dites-vous ? l’interrompit Thomas, surpris
de cette affirmation.
    Quand les Anglais avaient attaqué la ville, l’année
précédente, les habitants avaient âprement défendu ses murs. Après leur
défaite, ils avaient été soumis au viol et au pillage. Et à la suite de tout
cela, ils soutenaient la garnison ?
    — C’est que le commerce marche bien, expliqua Totesham.
Ils n’ont jamais été aussi riches ! Les bateaux font voile jusqu’en
Gascogne, au Portugal, en Flandre et en Angleterre. Ils gagnent de l’or. Ils ne
veulent pas nous voir partir, ce qui fait que beaucoup vont se battre pour
nous, et ils nous seront utiles, mais moins que des soldats entraînés.
    Les autres troupes anglaises de Bretagne étaient loin à
l’ouest. Lorsque Charles de Blois arriverait avec son armée, Totesham devrait
tenir la petite ville pendant deux ou trois semaines avant de pouvoir espérer
quelque renfort. Même avec l’aide des habitants, il n’était pas certain d’y
parvenir. Il avait envoyé une requête au roi, à Calais, le suppliant de lui
envoyer des soldats. « Nous sommes livrés à nous-mêmes, avait écrit son
scribe sous sa dictée, et nos ennemis se rassemblent tout autour de
nous. »
    À la vue de Will Skeat, l’espoir s’était levé en lui, et il
en avait déduit que sa présence en ville, avec ses hommes, constituait la
réponse à sa requête.
    — Tu vas écrire au roi, toi aussi ? lui
demanda-t-il sans pouvoir cacher sa déception.
    — Tom pourra écrire pour moi.
    — Alors, demande qu’on t’envoie tes hommes, le pressa
Totesham. Il me faudrait trois ou quatre cents archers de plus, mais les tiens
me suffiront, même s’il n’y en a que cinquante ou soixante.
    — Tommy Dagworth ne peut pas t’en envoyer
quelques-uns ? suggéra Skeat.
    — Il n’est pas mieux loti que moi. Trop de terres à
tenir, trop peu d’hommes, et le roi ne veut pas nous laisser céder un pouce de
terrain à Charles de Blois.
    — Dans ce cas, pourquoi n’envoie-t-il pas de
renforts ? intervint messire Guillaume.
    — Parce qu’il n’a plus personne en réserve, répondit le
commandant, mais ce n’est pas une raison pour nous empêcher de demander.
    Totesham les emmena chez lui. Un bon feu brûlait dans l’âtre
et des valets apportèrent des cruches de vin chaud et des plats de pain et de
porc froid. Un bébé était couché dans un berceau de bois près du feu. Totesham
avoua en rougissant que c’était le sien.
    — Je viens de me marier, annonça-t-il à Skeat.
    Puis il ordonna à une servante d’emmener l’enfantelet avant
qu’il ne se mette à pleurer.
    Il tressaillit lorsque Skeat enleva sa coiffure, révélant
son crâne affreusement tailladé. Puis il insista pour

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