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L'archer du Roi

L'archer du Roi

Titel: L'archer du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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Son destrier, blessé
par plusieurs flèches, s’éloignait à petits pas nerveux du gros de la bataille
qui faisait rage à quelques pas.
    — Descendez votre visière et retirez-vous.
    — Retirez-vous ? répéta le roi comme s’il avait
mal entendu.
    — Retirez-vous ! réitéra sir William, d’un ton
ferme et assuré, alors qu’il ne savait pas exactement pourquoi il donnait ce
conseil.
    C’était encore une de ses maudites prémonitions, comme celle
qu’il avait eue à l’aube dans le brouillard, mais il savait que son conseil
était le bon. Il fallait se retirer et filer tout droit jusqu’en Écosse, à
l’abri des grands châteaux qui pouvaient résister à des tempêtes de flèches,
mais il ne pouvait justifier ce conseil auprès du roi, car il n’en trouvait pas
la raison. Simplement, la crainte était entrée dans son cœur, l’emplissant de
funestes pressentiments. De la part de n’importe qui d’autre, ce conseil eût
passé pour une manifestation de lâcheté, mais il était impossible à quiconque
de jamais accuser sir William Douglas, le chevalier de Liddesdale, de lâcheté.
    Le roi le prit pour une mauvaise plaisanterie, et
l’accueillit par un ricanement.
    — Nous sommes en train de vaincre ! jeta-t-il.
    Le sang continuait à couler de son heaume et trempait sa
selle.
    — Sommes-nous en péril sur notre droite ?
interrogea-t-il.
    — Non, répondit sir William.
    Le trou qui avait englouti l’attaque écossaise ne manquerait
pas de stopper pareillement tout assaut anglais.
    — Donc, nous allons gagner cette bataille sur notre
gauche, décréta le roi en tournant bride. Vraiment, se retirer !
    Avec un rire, le roi prit un linge que lui tendait l’un de
ses chapelains et le plaça entre sa joue et son heaume.
    — Nous sommes en train de vaincre ! répéta-t-il à
sir William, avant d’éperonner son cheval.
    Il s’élança vers l’est, prêt à apporter la victoire à
l’Écosse et à montrer qu’il était le digne fils du grand Bruce.
    — Saint André ! cria-t-il, la bouche remplie de
sang. Saint André !
    — Vous pensez que nous devrions nous retirer, mon
oncle ? demanda Robbie Douglas, aussi perplexe que le roi. Mais nous
sommes en train de gagner !
    — Crois-tu ? répondit sir William en écoutant la
musique des arcs. Tu ferais bien de dire tes prières, Robbie, tu serais diablement
bien inspiré de dire tes prières et de demander à Dieu de faire en sorte que le
diable emporte ces satanés archers. Et prier pour que Dieu ou le diable
t’écoute.
     
    Sir Geoffrey Carr s’était posté sur le flanc gauche, là où
les Écossais avaient été arrêtés de façon si décisive par le terrain, et les
quelques hommes d’armes qui lui appartenaient étaient descendus dans le creux
trempé de sang, à la recherche de prisonniers. L’Épouvantail avait vu les
ennemis pris au piège tomber sous les traits des archers, et ce spectacle lui
avait arraché un sourire carnassier. Un homme des tribus, au plaid tellement
criblé de flèches qu’il paraissait transformé en hérisson, avait tenté de
remonter la pente. Jurant et sacrant, atteint à plusieurs reprises par des flèches
dont l’une sortait de son crâne hérissé de cheveux emmêlés, et une autre dans
la broussaille de sa barbe, il avançait, ensanglanté et furibond, si rempli de
haine qu’il ne savait même pas qu’il était presque mort. Il était parvenu à
s’approcher à cinq pas des archers. Mais sir Geoffrey avait lancé sa cravache
et lui avait arraché l’œil gauche, le sortant de son orbite aussi adroitement
que s’il avait sorti une noisette de son écorce, puis un archer s’était avancé
et avait fendu son crâne piqué de flèches d’un coup de hache.
    L’Épouvantail avait enroulé sa cravache et touché le bout
humide du crochet de fer.
    « Ah, une bonne bataille, il n’y a rien de
meilleur ! » avait-il dit comme pour lui-même.
    Lorsque l’action s’était calmée, il avait vu qu’un seigneur
écossais, tout chamarré de bleu et d’argent, gisait mort parmi l’amoncellement
de cadavres, et il avait fort déploré sa malchance. C’était une véritable
malchance, car une vraie fortune venait de lui échapper. Sir Geoffrey, pensant
à ses dettes, avait ordonné à ses hommes de descendre dans le trou pour couper
les gorges, dévaliser les cadavres et trouver quelque prisonnier pouvant lui
rapporter une rançon à peu près correcte. Ses archers avaient

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