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L'archer du Roi

L'archer du Roi

Titel: L'archer du Roi Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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de le remplacer et dirigea une nouvelle flèche sur un
homme des tribus hirsute et grimaçant de fureur. Un Écossais qui encourageait
ses troupes du haut de son cheval se mit à se balancer sur sa selle, percé de
trois flèches. Thomas envoya une flèche qui alla se planter droit dans la
poitrine d’un homme d’armes, à travers la cotte de mailles, le transperçant de
part en part. Sa flèche suivante tomba sur un écu.
    Les Écossais, qui piétinaient, tentaient désespérément de
progresser au milieu du déluge mortifère.
    — Allez-y, les gars, allez-y ! criait un archer à
ses camarades, pour les encourager à tenir bon.
    — C’est bien, continuez ! rugissait lord Outhwaite,
dont les doigts continuaient à marteler le pommeau de sa selle, bien que
l’entrain des tambours eût fortement diminué. Jolie besogne ! Jolie
besogne !
    — Les chevaux ! Les chevaux ! commanda lord
Percy.
    Maintenant, les Écossais avaient compris que les archers
anglais, en réalité, disposaient d’autant de flèches qu’il leur en fallait pour
les anéantir.
    Ses hommes d’armes se ruèrent sur leurs selles. Les pages et
les écuyers tendirent leurs lourdes lances à leurs seigneurs tandis qu’ils
introduisaient leurs pieds cuirassés dans les étriers, examinaient les rangs
ennemis mis à mal, puis descendaient leurs visières.
    — Tirez ! Tirez ! aboyait lord Outhwaite.
C’est bien, les gars !
    Les flèches étaient sans pitié. Les Écossais blessés
invoquaient Dieu, appelaient leur mère, et la mort empennée de blanc continuait
à frapper. Un homme à genoux, arborant le lion de Stewart, crachait un mélange
rosâtre de sang et de salive. Il parvint à se lever, fit un pas, avant de
retomber à genoux, de se traîner par terre en soufflant des bulles teintées de
sang. Puis une flèche alla se ficher dans son œil et traversa son cerveau pour
aller s’écraser contre l’arrière de son crâne. Il sauta en l’air, comme atteint
par la foudre.
    Puis arrivèrent les grands destriers.
    — Pour l’Angleterre, pour Edouard et pour saint
Georges ! cria lord Percy, aussitôt relayé par un joueur de trompette qui
accompagna la charge des chevaux.
    Poussant les archers de côté sans cérémonie, les cavaliers
s’élancèrent, lance en avant.
    Le sol se mit à trembler. Les cavaliers n’étaient pas très
nombreux, mais leur assaut frappa l’ennemi avec une force stupéfiante, le
faisant reculer. Les lances s’enfoncèrent dans les corps, les épées
s’abattirent sur des hommes terrifiés, recroquevillés et incapables de s’enfuir
dans la mêlée des corps. Bientôt, d’autres cavaliers vinrent rejoindre les
premiers, et ceux qui étaient trop impatients pour attendre leurs étalons
accoururent à pied afin de se joindre au carnage. Les archers vinrent y prendre
part, taillant à coups d’épée ou de hache. Les tambours s’étaient enfin tus. Le
massacre avait commencé.
    Thomas avait déjà vu se dérouler ce genre de réjouissances.
Il avait vu comment, en un clin d’œil, le cours d’une bataille pouvait changer.
Les Écossais avaient fait pression toute la journée, ils avaient été très près
de briser leur ennemi, ils étaient déchaînés et triomphants. Maintenant, ils
étaient battus. Et les hommes du flanc gauche qui avaient été si près de donner
la victoire à leur roi étaient les vaincus.
    Les chevaux de guerre anglais se précipitèrent au galop au
sein de leur ligne pour y ouvrir des allées sanglantes et leurs cavaliers
abattirent des épées, des haches, des massues et des masses d’armes à tête
cloutée sur des hommes en proie à la panique.
    Les archers, qui s’étaient joints à la curée, poursuivaient
les malheureux Écossais comme des meutes de chiens traquant les cerfs.
    — Des prisonniers ! s’époumonait lord Percy, je
veux des prisonniers !
    Un Écossais leva une hache sur son cheval, manqua son but et
fut abattu par l’épée de Sa Seigneurie, avant d’être achevé à coups de couteau
par un archer qui ouvrit son gilet capitonné dans l’espoir d’y trouver des
pièces de monnaie.
    Deux charpentiers de Durham, armés chacun d’une herminette,
s’acharnaient sur un homme d’armes qui se débattait et finirent par l’occire à
petit feu en le frappant sur la tête. Un archer recula, haletant, le ventre
ouvert, poursuivi par un Écossais hurlant de rage, rapidement réduit au silence
par un coup de bois d’arc et achevé par une nuée

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