L'archer du Roi
le
péril.
— Archers !
Son appel fut entendu distinctement jusque de l’autre côté
de la Wear, à Durham.
— Archers !
Les hommes cessèrent leur pillage et sortirent leurs flèches
de leurs sacs.
Les arcs recommencèrent à chanter leur musique, et avec
chaque note, ils expédiaient une flèche dans le flanc des Écossais. La division
de David avait fait reculer le corps de bataille central des Anglais à travers
une pâture, elle l’avait étiré et clairsemé et elle était en train de se
rapprocher de la grande bannière de l’archevêque. C’est alors que les flèches
avaient commencé à voler, précédant les hommes d’armes de l’aile droite
anglaise, les hommes de lord Percy et lord Neville, dont certains étaient déjà
montés sur leurs grands chevaux entraînés à mordre, à se cabrer et à ruer avec
leurs sabots cerclés de fer. Les archers, abandonnant une fois de plus leurs
arcs, suivirent les cavaliers avec des haches et des épées. Cette fois, leurs femmes
vinrent les rejoindre avec des couteaux.
Le roi d’Écosse frappa un Anglais, le vit tomber, puis
entendit son porte-étendard pousser un cri d’effroi. Il se retourna et vit sa
grande bannière s’écrouler. Le destrier du porte-étendard avait eu les jarrets
coupés. Il s’écroula en hennissant. Une nuée d’archers et d’hommes d’armes se
rua sur l’homme et l’animal ; ils se saisirent de la bannière et
attirèrent le porte-étendard vers une mort horrible. Le chapelain royal attrapa
les rênes de la monture du roi et l’entraîna hors de la mêlée. D’autres
Écossais vinrent entourer leur roi pour l’escorter, et, derrière eux, les
Anglais frappaient d’estoc et de taille, jetaient les ennemis à bas de leur
selle en s’accompagnant de force jurons et malédictions. David tenta de tourner
bride afin de continuer à se battre, mais le chapelain entraîna son cheval au
loin. « Partez, Sire, partez ! » le conjurait-il.
Des hommes affolés venaient couper la route au cheval du
roi, qui trébucha sur un homme des tribus, puis sur un cadavre. À présent, des
Anglais avaient rejoint l’arrière des Écossais et David, voyant le péril, donna
les éperons à sa monture. Un chevalier ennemi leva son épée sur lui, mais il
para le coup et s’échappa au galop. Son armée s’était désintégrée pour se réduire
à quelques groupes de fugitifs désespérés. Il vit le comte de Menteith tenter
de monter à cheval, mais un archer attrapa Sa Seigneurie par la jambe et la
tira en arrière, puis s’assit sur elle et lui posa un couteau sous la gorge. Le
comte cria qu’il se rendait. Le comte de Fife avait été capturé, le duc de
Strathearn était mort, le duc de Wigtown était assailli par deux chevaliers
anglais dont les épées résonnaient sur son armure comme des marteaux de
forgerons. L’un des grands tambours écossais, dont la peau éclatée était en
lambeaux, dévala la pente de plus en plus vite en rebondissant sur les rochers
avec un bruit creux avant de rouler sur le côté et de s’arrêter.
La bannière du roi était entre les mains des Anglais, ainsi
que les étendards d’une douzaine de lords écossais. Quelques Écossais purent
s’enfuir au galop vers le nord. Lord Robert Stewart, qui avait été si près de
remporter la victoire, avait le champ libre sur le versant est de la crête,
tandis que le roi dévalait la pente ouest, vers l’ombre des collines, pour
tenter d’y trouver le refuge dont il avait désespérément besoin. Il pensa à son
épouse. Était-elle grosse ? On lui avait raconté que lord Robert avait
engagé une sorcière pour jeter un sort sur son utérus, de sorte que le trône lui
revienne.
— Sire ! Sire ! cria l’un de ses hommes.
Le roi sortit de sa songerie et vit qu’un groupe d’archers
anglais avait déjà rejoint la vallée. Comment avaient-ils pu le devancer ?
Penché sur la droite, il tira sur les rênes afin d’aider son
cheval à changer de direction, et sentit la flèche s’enfoncer dans la poitrine
de l’étalon avec un bruit sourd. L’un de ses hommes, à terre, était en train de
rouler sur le sol pierreux qui déchiqueta sa cotte de mailles en lambeaux. Un
cheval hennit, du sang fut projeté dans la lumière du crépuscule et une flèche
vint s’abattre dans l’écu que le roi portait accroché dans le dos. Une
troisième flèche se prit dans la crinière de son cheval, et l’étalon avança au
ralenti, piquant du nez et
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