L'archipel des hérétiques
19.
23. L'exécution des sentences sur le Sardam :
H. Drake-Brockman souligne que Deschamps fut de retour au conseil du Sardam le
30 novembre, une quinzaine de jours après l'exécution des peines qui avaient
été prononcées contre lui - le passage sous la quille et cent coups de fouet -,
apparemment parce qu'elle trouve surprenant qu'il ait pu s'en remettre en si
peu de temps. Gijsbert Bastiaensz, le seul témoin à avoir laissé une trace
écrite des faits, indique simplement que, « parmi les autres, certains furent
châtiés sur le navire, et d'autres furent emmenés à Batavia ». Cette dernière
précision pourrait ne concerner que Jacob Pietersz, mais comme il s'agit d'un
pluriel, je crois plus probable qu'aucune des sentences prononcées à l'encontre
des huit prévenus du Sardam ne fut exécutée dans les cinq jours qui
s'écoulèrent entre le verdict et l'arrivée du navire à Batavia. En revanche,
les cinq prisonniers déjà condamnés se virent infliger leurs châtiments -
Pelsaert note dans son résumé que les peines seraient appliquées « dès le
lendemain », c'est-à-dire le 13 novembre. Il ne serait pas totalement
impossible que Deschamps ait été suffisamment rétabli pour pouvoir reprendre
son poste auprès de Pelsaert à la fin du mois ; cela dépendait en grande partie
de la sévérité avec laquelle la sentence avait été appliquée. On sait que les
marins qui subissaient le châtiment du fouet étaient tenus de reprendre leur
poste dans un délai encore plus bref. Condamnations de Salomon Deschamps,
Rogier Decker, Abraham Gerritsz et Claas Harmansz, Journal de Pelsaert, 12
novembre 1629 [DB 231-234] ; LGB ; Drake-Brockman, op. cit., p. 247n.
24. Les sentences prononcées par Specx : «
Condamnations finales des hommes déjà interrogés et condamnés à bord du Sardam », ARA VOC 1011 [DB 270-1],
25. Coupe-Pierre Pietersz : Les journaux de
bord du Batavia ne donnent aucun détail concernant les interrogatoires
de Pietersz. Il est donc particulièrement difficile d'établir sa participation
à la
mutinerie. Voir cependant la déposition de Jan Hendricxsz,
Journal de Pelsaert, 19 septembre 1629 [DB 178], à propos du rôle joué par
Pietersz dans le massacre de l'île aux Traîtres.
26. Le supplice de la roue : Philippe Godard, The First and Last Voyage of the Batavia (Perth : Abrolhos Publishing, nd
c. 1993), p. 215 ; Laurence, op. cit., pp. 224-225. Le salaire moyen du
bourreau, pour une exécution de ce type, était de trois florins.
27. Bilan des pertes humaines : Francisco
Pelsaert a laissé la note suivante (ARA VOC 1098, fol. 582r [R 220] ; Godard, op. cit., pp. 205-208) :
Employés et soldats de la VOC :
Hommes des échelons inférieurs qui désertèrent avant le
départ en fuyant à travers les dunes : 6
Transférés sur le Galiasse et le Sardam, deux autres bateaux de la même flotte, le soir du départ : 3 Morts de maladie,
en particulier du scorbut, au cours du voyage :
10
Noyés durant le naufrage, en tentant de gagner la côte à
la nage :
40
Morts sur l'île où échoua le Batavia, soit de
maladie, soit après avoir bu de l'eau de mer : 20
Débarqués aux Indes orientales, sur la chaloupe du Batavia : 45 Assassinés par Jeronimus Cornelisz, par noyade, strangulation,
décapitation ou massacre à la hache : 96
Exécutés par Wiebbe Hayes après avoir été capturés lors de
l'assaut qu'ils lancèrent contre ses positions sur l'île aux Chats : 4
Condamnés à mort et pendus sur l'île aux Otaries : 7 Condamnés à mort puis
graciés et abandonnés sur le continent :
2
Morts accidentellement à bord du Sardam pendant le
retour vers Batavia : 2
Arrivés sains et saufs à Batavia à bord du Sardam : 68 Total : 303
Passagers des deux sexes
Morts de maladie ou de soif sur le Cimetière du Batavia
: 9 enfants, 1 femme Tués par les mutins : 7 enfants, 12 femmes Arrivés
sains et saufs à Batavia à bord du Sardam : 2 enfants, 7 femmes
Total : 38
Ce qui donne un total de 341 personnes, dont apparemment
329 se trouvaient à bord lorsque le navire appareilla. On sait qu'au moins deux
bébés sont nés sur le navire, et qu'un garçon, Abraham Gerritsz, fut embarqué
en Sierra Leone, tandis que dix autres personnes moururent de maladie au cours
du voyage proprement dit. Ce qui fait pour le Batavia un effectif total
de 332, réduit à 322 au moment du naufrage. Sur ce nombre, 115 personnes furent
tuées par les hommes de Cornelisz (dans son journal,
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