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L'assassin de Sherwood

L'assassin de Sherwood

Titel: L'assassin de Sherwood Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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donjon en brandissant une petite bannière aux armes de Branwood.
    — Si les gens nous voient pénétrer dans la forêt et en ressortir sans dommage, ce sera déjà une belle victoire.
    Et, se retournant, il lança des ordres.
    Aussitôt la cour se mit à fourmiller d’activité : les palefreniers amenèrent les chevaux et les hommes montèrent en selle pendant que les sergents vérifiaient les équipements. Leurs nourrissons dans les bras, des femmes se pressaient pour saluer la petite troupe qui se composait, estima Corbett, d’une trentaine de cavaliers et d’autant d’archers. Enfin Branwood donna le signal du départ.
    Naylor souffla dans un cor. Au son strident, les portes s’ouvrirent et ils quittèrent la forteresse en s’engageant dans le chemin tortueux qui traversait Brewhouse Yard. Puis ils prirent par Castle Street et Friary Lane pour déboucher sur la place du marché. Branwood chevauchait en tête, suivi de Corbett et de Ranulf, tandis que Naylor parcourait constamment la colonne pour y maintenir l’ordre. Quelques passants leur firent grise mine, mais la plupart leur souhaitèrent bonne chance et Corbett en conclut que Branwood avait acquis une certaine popularité, malgré ses fonctions.
    Ils atteignirent la Grand-Place en longeant les demeures et les étals de la Guilde des volaillers, lesquels vaquaient aux préparatifs de la journée. Du duvet flottait dans la brise légère tandis que femmes et enfants plumaient les volailles qu’ils tendaient ensuite aux apprentis. Ceux-ci, alors, vidaient les carcasses, les plongeaient dans de vastes chaudrons remplis d’eau bouillante et les suspendaient à l’étal. Mendiants et chiens se disputaient les abats jetés dans les flaques.
    Deux garnements essayaient de chevaucher une truie, en poussant force cris de joie. Un roquet mordit l’un d’eux. L’animal fut immédiatement chassé, glapissant et jappant, jusque dans les pieds des archers où il se fit rosser derechef, avant de déguerpir dans une ruelle. Des saltimbanques, vêtus de guenilles, le visage peint en brun et vert, exécutaient une danse bizarre autour d’un crâne de chèvre fiché sur un bâton. Branwood leur cria de faire place, mais ils n’en eurent cure et ne reculèrent que lorsque Naylor s’avança sur eux, l’épée levée. Le détachement traversa la place pavée pour s’enfoncer dans la rue menant à St Peter’s Gâte. La foule devenait plus dense et l’air était chargé de remugles de sueur, car les chalands se pressaient d’un étal à l’autre en marchandant bruyamment avec les apprentis, les artisans et les colporteurs.
    Les soldats durent ensuite céder le passage à du bétail que l’on conduisait aux abattoirs et qui beuglait de peur. Puis apparut un homme d’Église que l’on avait surpris avec une prostituée et que l’on traînait dans les rues, pour l’humilier publiquement. Sa maîtresse et lui, dépouillés de presque tous leurs vêtements, étaient attachés dos à dos et escortés par deux dizainiers {17} goguenards. Les soldats eurent tôt fait de se joindre aux rieurs, mais ils se retournèrent brusquement : un fou avait bondi sur l’étal d’un mercier en brandissant un gourdin de frêne. Vêtu d’un habit en lambeaux et de grossières bottes boueuses, il dardait vers les hommes d’armes un regard de bête sauvage et clamait qu’il était l’archange Gabriel, envoyé par Dieu pour les avertir du Jugement imminent. Les gardes ne prêtèrent aucune foi à ses divagations et l’annonce de « l’ange » fut noyée sous un déluge de sarcasmes et d’insultes. Le nasal de son casque de fer lui dissimulant presque le visage, Naylor réclama le silence d’une voix de stentor, avant de se frayer un chemin dans la foule, l’épée au poing.
    Ils franchirent enfin les portes de la ville et s’engagèrent sur le sentier blanc de poussière qui serpentait entre les vastes champs. Devant eux apparut la lisière de la forêt de Sherwood dont les sombres frondaisons semblaient toucher les nuages noirs de plus en plus bas. Corbett regarda son serviteur et remarqua ses yeux caves et son visage que l’angoisse rendait blafard.
    — As-tu bien dormi, Ranulf ?
    Le jeune homme cracha et marmonna :
    — Pas vraiment ! Je déteste les forêts, leur obscurité, leurs bruits... Ce que je regrette les coupe-gorge de Southwark !
    Corbett s’efforça de le rassurer, mais lorsqu’ils pénétrèrent sous les hautes futaies, il ne fut pas loin

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