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L'assassin de Sherwood

L'assassin de Sherwood

Titel: L'assassin de Sherwood Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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de partager ses sentiments. Branwood fit halte dans une clairière et envoya des éclaireurs en reconnaissance, chargés de repérer d’éventuelles embuscades. Puis la troupe se remit en marche et fut comme avalée par la pénombre verte. Le silence inhabituel leur pesait. Le ciel disparut. Corbett percevait avec acuité le moindre son émis par chevaux et cavaliers, en même temps qu’il prenait conscience de l’opacité environnante. Sa nuque se couvrit de sueur et il se mit à scruter les halliers. L’absence de tout chant d’oiseau, le craquement des fougères brisées et les bruits des petits animaux détalant dans le sous-bois enflammaient encore plus son imagination. Il éperonna son cheval pour revenir à la hauteur de Branwood.
    — Combien de temps allons-nous passer ici, Sir Peter ?
    — Une heure, peut-être, ou deux. Puis nous ferons demi-tour et rentrerons au bercail. Nous ne sommes à la poursuite de personne, affirma le shérif en observant, lui aussi, les fourrés de chaque côté du sentier. Nous devons démontrer que nous ne sommes pas de simples passants.
    Il haussa les épaules.
    — Qui sait ? Peut-être aurons-nous la chance de lever un lièvre.
    Ils poursuivirent leur chevauchée, les éclaireurs revenant de temps à autre agripper les rênes du shérif et lui rendre compte de leurs observations. Parfois, ils traversaient avec soulagement une clairière où la semi-obscurité se faisait moins oppressante et Corbett se remémorait les histoires que l’on racontait à voix basse sur les petits hommes bruns de la forêt ainsi que les récits cauchemardesques mettant en scène elfes et lutins. Cet univers, il le sentait bien, lui était totalement étranger et les lois de la Couronne ne s’y appliquaient guère. Il sursauta soudain, les entrailles nouées par la peur : un grand dix-cors venait de surgir du couvert. Portant haut ses bois, la bête lança un coup d’oeil hautain aux cavaliers avant de s’enfoncer calmement entre les buissons.
    Tout à coup Branwood leva la main. Le détachement s’arrêta et le shérif se retourna :
    — Vous comprenez ce que je veux dire, Sir Hugh ?
    Il allait continuer lorsque retentit, du coeur enténébré de la forêt, l’appel rythmé et lugubre d’un cor de chasse. Les chevaux s’agitèrent nerveusement. Les soldats dégainèrent en grondant, le sifflement de l’acier résonnant anormalement fort. Les archers retirèrent leurs armes de l’épaule. Le son du cor s’éteignit, mais fut repris, de l’autre côté du sentier, par un autre cor, plus proche et plus puissant. Puis une pluie de flèches s’abattit sur eux. Branwood prit son épée, imité par Corbett. Ranulf fut frappé de panique. Naylor hurla des ordres et les archers ripostèrent. Quant aux cavaliers, ils s’efforçaient de se protéger derrière leurs longs boucliers ovales. Ranulf sauta à terre et, se tenant entre les chevaux affolés, scruta le sous-bois.
    — Rien ! s’écria-t-il. Je n’en vois aucun, de ces misérables !
    En écho, ils entendirent comme le vrombissement des ailes d’un faucon fondant sur sa proie. Un garde eut la bêtise de baisser son bouclier et le paya d’un long trait en pleine poitrine. La mort empennée et bourdonnante envahit l’air vif et calme. Un cavalier bascula, les paupières tremblotantes, la gorge transpercée au-dessus du gorgerin. Corbett fit faire volte-face à sa monture.
    — Sir Peter, s’égosilla-t-il, vite !
    Il aperçut des ombres qui se faufilaient entre les arbres. Il brava les volées de flèches pour se dresser sur les étriers et désigner un point, au loin. Branwood, la tête bien protégée par son grand heaume, regarda dans cette direction.
    — Ils vont nous encercler ! hurla-t-il.
    Il retira son casque et ordonna à Naylor de lancer trois sonneries de cor, le signal de la retraite. Les soldats ne se le firent pas dire deux fois. Ranulf remonta à cheval et suivit Corbett sur le sentier, les flèches tourbillonnant autour de lui, l’une d’elles rebondissant môme contre le haut pommeau de sa selle. Les deux hommes avaient vu juste : les hors-la-loi se rapprochaient en une manoeuvre d’encerclement. Les archers couraient ou s’agrippaient aux étriers de leurs compagnons. La confusion était indescriptible. Un cheval, fou de terreur, se cabra. Son cavalier désarçonné tomba dans les buissons, puis se releva péniblement. Mais, paralysé par la peur, il se figea sur place jusqu’à ce

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