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L'assassin de Sherwood

L'assassin de Sherwood

Titel: L'assassin de Sherwood Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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dans un voile de lin et des yeux superbes, d’un bleu de glacier et ardents comme du feu. Sa robe, très ajustée, soulignait le contour d’une poitrine généreuse, ce qui n’échappa pas à Ranulf. Sa taille fine, que le jeune homme aurait pu entourer de ses mains, était ceinte d’une cordelette argentée et le bord de sa robe relevée découvrait des bottes de cuir rouge. Elle arrangea une mèche de cheveux en un geste qui évoquait la grâce fragile du papillon.
    — Vous, Messire !
    Ranulf s’arracha à sa contemplation pour faire face au maître devin :
    — Posez-moi une devinette et j’y répondrai en moins de temps qu’il ne faut pour réciter trois Ave ! Sinon, cette pièce d’argent est à vous !
    — Et si deux solutions sont possibles ? riposta Ranulf en donnant un vif coup de coude à Corbett.
    — Si j’ai ne serait-ce qu’une réponse juste, je garde la pièce !
    — « Qui a deux jambes, puis trois, puis finalement aucune ? » s’écria Ranulf, conscient que l’on s’attroupait autour de lui.
    — Un homme, bien sûr ! répliqua immédiatement le maître devin. Nous naissons avec deux jambes, puis, dans notre vieil âge, quand nous nous appuyons sur un bâton, nous en avons trois et finalement aucune, sur notre lit de mort.
    Ranulf reconnut de bonne grâce sa défaite.
    — Dites-m’en une autre !
    — « Je suis nef, ronde comme airelle,
    Humide en mon milieu, teintée et belle,
    J’abrite parfois, en moi... du sel », déclama Ranulf.
    — Belle devinette, en vérité ! C’est l’oeil humain !
    Ranulf opina, puis Rahere se fit plus sérieux.
    — Je vous offre une chope de bière, Messire.
    Il lança un regard méfiant à Corbett.
    — À vous, mais pas à votre compagnon et sa mine à tâter vinaigre. Rahere, le maître devin de Lincoln, ne boit pas avec un homme qui ne se déride jamais !
    Corbett, gêné, ne savait sur quel pied danser. Il tira son serviteur par la manche.
    — Allez, viens ! murmura-t-il tandis que des devinettes fusaient autour d’eux. Rentrons au château.
    Ils s’éloignèrent en jouant des coudes.
    — Hé ! Messire le Rouquin !
    Ranulf se retourna.
    — N’oubliez pas, vociféra le maître devin, ma soeur Amisia et moi-même, nous vous devons une chope de bière. Retrouvons-nous au Coq sur la Barrique ! D’accord ?
    Ranulf allait refuser lorsqu’il vit la jeune femme lui sourire. Il suivit son maître à contrecoeur pour regagner Friary Lane. Ils étaient presque arrivés au pied de l’escarpement rocheux, dominé par la haute masse de la forteresse, quand Corbett s’arrêta.
    — Il vaudrait mieux que tu y ailles.
    — Où, mon maître ?
    — Au Coq sur la Barrique. Ranulf, Ranulf, chuchota-t-il, narquois, il y a trois choses auxquelles tu n’as jamais pu résister : un gobelet de vin, une partie de dés et un joli minois.
    Ranulf ne se le fit pas dire deux fois. Il dévala la ruelle sous le regard attentif de Corbett.
    — Cela te fera du bien ! cria ce dernier, mais son serviteur était déjà hors de portée de voix et demandait à des passants la direction du Coq sur la Barrique.
    Il finit par dénicher l’auberge en face du cimetière St Peter et s’y engouffra. Indifférent à l’odeur de renfermé, il ordonna au tavernier de le servir immédiatement et lui glissa un penny pour s’asseoir près de l’unique fenêtre. Puis il commanda de la godale dont il apprécia fraîcheur et piquant tout en essayant de maîtriser l’excitation qu’il sentait monter en lui. Ses paupières s’alourdissaient, et il était fourbu et énervé à cause de l’embuscade.
    — Je déteste cette foutue forêt ! marmonna-t-il entre ses dents.
    Adossé au mur, il observait un peaussier qui, assis en tailleur près de l’entrée, cousait méticuleusement des peaux de taupe. Ranulf ferma les yeux. Il pouvait se promener dans les ruelles obscures de Southwark sans broncher, mais cette étendue de verdure sinistre et les bruits furtifs du sous-bois lui faisaient froid dans le dos. Il repensa machinalement aux assassinats et à l’énigme du message codé : « Les trois rois vont à la tour des deux fous avec deux cavaliers. »
    « Si seulement je pouvais le décrypter ! » soupira-t-il en lui-même.
    Puis il songea au maître devin et une idée fort plaisante germa tout à coup dans son esprit. Il ouvrit les yeux.
    — Je vois que vous n’avez pas oublié la chope promise !
    Rahere s’installait en face de

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