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L'assassin de Sherwood

L'assassin de Sherwood

Titel: L'assassin de Sherwood Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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l’entendit pas, mais piqua des deux.
    Corbett, les dents serrées, ne se laissa pas distancer. Tout à coup, le shérif tira sauvagement sur ses rênes et fit halte, leur intimant l’ordre d’en faire autant.
    — Eh bien, par où faut-il aller ? beugla-t-il au soldat qui semblait avoir les os rompus par la chevauchée.
    Le jeune homme contempla la forêt en clignant des yeux. Il fit virevolter sa monture et longea la lisière au galop, suivi du reste de la compagnie. Il s’arrêta brusquement et tendit un doigt crasseux et potelé.
    — Je ne m’étais pas trompé, haleta-t-il. Je les avais bien vus en revenant de chez ma mère, au village.
    Corbett scruta les alentours. Il ne vit rien tout d’abord, mais Branwood s’approcha de lui et lui agrippa le poignet.
    — Là-bas ! proféra-t-il d’une voix rauque. Cet arbre, cet orme gigantesque !
    Corbett suivit la direction de son regard. La tache blanche et floue qu’il avait distinguée vaguement se précisa : deux pendus, leur peau blafarde et souillée comme le ventre d’un brochet mort, se balançaient à une maîtresse branche. Frère Thomas avança, imité par Branwood et Corbett, tandis que le jeune soldat se penchait par-dessus l’encolure de son cheval pour rendre tripes et boyaux. Les cadavres, nus à l’exception d’un linge autour des reins, avaient un aspect grotesque : yeux vitreux, regard vide et fixe, visage marbré de coups, ils se mordaient la langue qui dépassait des lèvres tuméfiées.
    — Deux des hommes portés disparus hier, murmura Branwood.
    Les chevaux, affolés par l’odeur de la mort, se mirent à hennir et à s’agiter nerveusement. Corbett, écoeuré, détourna la tête tandis que le shérif hurlait à Naylor de couper les cordes et de faire venir du château une charrette pour transporter les corps.
    — Rentrons ! décida-t-il ensuite, la mine sombre.
    — Pas moi ! lança frère Thomas. Je dois me rendre à mon église. M’accompagnerez-vous, Sir Hugh ?
    Corbett s’empressa d’accepter. Branwood n’avait rien d’un joyeux luron en temps normal, mais là, il ressemblait à un condamné à mort. Frère Thomas récita une prière à mi-voix et fit un signe de croix vers les suppliciés avant de se diriger vers sa modeste église paroissiale, Corbett à ses côtés. Elle se trouvait à environ deux miles à l’ouest de Nottingham, sur la route de Newark, et autour d’elle se blottissaient les maisons en pierre et en bois des paysans entourées de leurs minuscules potagers.
    — La plupart sont des vilains, déclara fièrement frère Thomas, ou presque. Ils ont leur propre lopin de terre et ne doivent que deux journées de corvée sur le domaine seigneurial.
    Corbett s’en félicita. Le franciscain semblait très aimé des villageois : il fut fêté à l’entrée du bourg par une horde de gamins dépenaillés, aux côtes saillantes, qui l’entourèrent en bondissant comme des diablotins et l’accablèrent de questions. Ils ne cessaient de le héler de leurs voix de crécelle, de jacasser et de montrer le clerc du doigt. Leurs parents, le visage hâlé et maculé de boue, revenaient des champs pour assister à la messe et déjeuner, avant de repartir travailler. Eux aussi accueillirent chaleureusement leur prêtre qui les salua avec affabilité. De fait, lorsqu’ils arrivèrent à l’église, une petite procession s’était formée derrière le franciscain. Corbett et lui mirent pied à terre devant le cimetière et deux jeunes garçons emmenèrent leurs chevaux pendant qu’ils entraient dans l’église. Sombre, sentant l’humidité, elle était dépourvue de colonnes et de vitraux. Sur le sol en terre battue se dressait l’autel, simple dalle de pierre. Corbett s’agenouilla avec les paysans devant la clôture en bois grossier tandis que frère Thomas revêtait ses habits liturgiques dans la sacristie. Puis le prêtre célébra la messe la plus rapide qu’eût jamais entendue Corbett, non pas parce qu’il avalait les mots, mais parce qu’il les prononçait extrêmement vite. Il parcourut ainsi l’Épître et l’Évangile avant de célébrer l’Offertoire et l’Eucharistie et de donner hâtivement la bénédiction finale à ses fidèles.
    — Voilà une messe promptement expédiée, mon frère ! fit remarquer Corbett en le regardant enlever sa chasuble dans la sacristie.
    Frère Thomas sourit avec malice.
    — C’est la foi qui compte, pas un rituel trop compliqué.
    Il désigna

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