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L'assassin de Sherwood

L'assassin de Sherwood

Titel: L'assassin de Sherwood Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Paul C. Doherty
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regards noirs : de toute évidence, le guet-apens de la veille avait laissé un souvenir cuisant. Le clerc prit place sur le banc, à côté de Maigret, et se coupa des tranches dans une miche juste sortie du four. Il avait repris du poil de la bête et se mit à réfléchir sur l’attaque dirigée contre le château.
    — Étrange ! laissa-t-il échapper tout haut.
    — Quoi ? demanda Naylor d’un ton hargneux.
    Ses yeux porcins étaient rougis par la fatigue.
    — Ces brigands, hier, auraient pu nous massacrer jusqu’au dernier, et pourtant nous avons sauvé notre peau. C’est presque comme si...
    — Comme s’ils nous envoyaient un avertissement ? acheva Roteboeuf.
    — Oui !
    Corbett mordit dans son pain. « Il y a anguille sous roche, songea-t-il. On a l’impression de regarder dans de l’eau trouble et d’y voir scintiller quelque joyau. »
    Il s’adressa à Branwood :
    — Sir Peter, désirez-vous que le roi vous confirme comme shérif ?
    — Sir Hugh, répondit calmement Branwood, c’est sa prérogative. C’est lui qui m’a nommé shérif adjoint.
    Il eut un sourire amer :
    — Peut-être exigera-t-il que j’hérite du poste de ce pauvre Vechey.
    Corbett approuva avec tact et allait lui répondre lorsque Maigret toussa pour s’éclaircir la gorge.
    — Sir Hugh, j’ai réfléchi à vos questions sur la mort de Sir Eustace.
    Son regard acéré se posait tour à tour sur chacun des convives comme pour les défier de soulever une quelconque objection.
    — Le poison utilisé peut avoir été de la belladone, ou une concoction fabriquée à partir de champignons vénéneux, tels ceux qui poussent sous les chênes et les ormes et qui sont particulièrement dangereux, surtout quand on les ramasse par une nuit de pleine lune.
    — La mort serait-elle instantanée ?
    — Si le poison était assez fort, oui !
    — Sir Peter ! Sir Peter !
    Les conversations s’éteignirent : un jeune soldat, âgé tout au plus de seize printemps, était entré en courant dans la grand-salle, les cheveux en bataille, les yeux écarquillés d’horreur.
    — Qu’y a-t-il, mon garçon ?
    — Je viens de les voir ! Les deux hommes qui ont disparu dans la forêt hier.
    Sa voix se brisa :
    — On les a pendus !
    Branwood bondit de son siège. Ses invités l’imitèrent. Il ordonna à Roteboeuf et à Maigret de rester dans la forteresse et aux autres de le suivre.
    Ils se ruèrent dans la cour où des palefreniers sellaient déjà leurs chevaux. La malédiction à la bouche, le shérif cria au jeune soldat de prendre n’importe quelle haridelle et de leur montrer le chemin : le soleil ne s’était pas encore levé, mais des traînées pourpres incendiaient le gris bleuté du ciel. Une fois la porte du château franchie à bride abattue, ils dévalèrent le sentier tortueux et firent irruption dans la ville encore endormie. Branwood galopait comme un possédé et Corbett avait peine à se maintenir à sa hauteur. Le clerc eut le temps, pourtant, de remarquer avec un amusement cynique que le frère Thomas était meilleur cavalier que Naylor qui glissait constamment de sa selle.
    « Je me demande quand reviendra Maltote », pensa-t-il soudain en passant en trombe devant le Pèlerin de Jérusalem pour gagner Friary Lane. Mais il cessa vite de se poser des questions, occupé qu’il était à éviter eaux sales, enseignes de taverniers et pancartes dorées de pelletiers, drapiers et autres orfèvres. Par chance, il n’y avait guère de monde dans les rues. Les rares passants s’aplatirent contre les murs pour laisser passer leur petite troupe dans un bruit de tonnerre. Les apprentis qui préparaient les étals pour la journée virent ou entendirent les cavaliers. Ils se précipitèrent dans les échoppes et en refermèrent violemment la porte. Deux hommes chargés de ramasser les ordures bloquaient le chemin avec leur charrette à moitié pleine. Branwood dut les contraindre, du plat de l’épée, à dégager la voie.
    On leur ouvrit rapidement les portes de la ville. Précédés du shérif, ils traversèrent des champs humides de rosée et suivirent la même sente que la veille, celle qui se dirigeait, droit comme une flèche, vers la lisière sombre et hostile de la forêt. Corbett eut l’estomac noué par la peur. « Ce n’est pas possible, protesta-t-il in petto, nous n’allons pas recommencer ! »
    — Sir Peter, s’écria-t-il, à quoi tout cela rime-t-il ?
    Branwood ne

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