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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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sergent Ditsch et deux policiers. Timberlake
envoya Bob dans un coin et fourgonna au milieu des bûches carbonisées du
fourneau avec une fourchette en quête de braises ou de tisons.
    Martha consentit à allumer un feu et Timberlake
invita le reste des policiers à se mettre à l’abri du froid, geste certes plein
de compassion, mais qui s’avéra malavisé. Le shérif fit le tour du salon et de
la cuisine, inspectant un tiroir ici et là. Ida, mal réveillée, fit son entrée
en chemise de nuit emmitouflée dans un manteau en laine et contempla tous les
policiers avec des yeux ronds de stupéfaction. Martha plaça une cafetière sur
le fourneau et une lampe à pétrole surmontée d’un plumet de fumée tremblotant d’une
cinquantaine de centimètres sur le buffet. Martha s’efforçait de déchiffrer l’attitude
de Bob, mais elle n’arrivait pas à déterminer s’il feignait l’innocence ou si c’était
lui qui était à l’origine de cette descente. Elle se souvint qu’autrefois, Bob
se versait du sucre au creux de la main et le léchait ; qu’il avait pour
habitude de jeter des pommes sur le toit quand elle recevait des amies ; et
qu’une fois elle l’avait même pourchassé jusque dans la rivière parce qu’il
avait mis de la moutarde en poudre dans le moule du gâteau qu’elle préparait.
    Bob entendait les policiers passer d’une pièce
à l’autre au premier étage, extraire des tiroirs, les vider, fourrager parmi
les vêtements.
    « Faut pas se gêner », grommela Bob
et le shérif lui lança un regard renfrogné.
    Martha tendit des tasses à café vides à tous
les hommes. Il faisait encore si froid dans la cuisine que leur souffle faisait
de la condensation quand ils discutaient. Martha s’arrêta ensuite devant chacun
avec la cafetière et servit le café ; Timberlake voulut lui sourire, mais
ne fut capable que d’un rictus et tourna à nouveau un regard incendiaire vers
Bob. Il mesurait quinze bons centimètres et pesait presque trente kilos de plus
que le cadet des Ford, et celui-ci n’osa pas boire une seule gorgée du café de
sa sœur de peur que le shérif ne lui incrustât la tasse dans la figure.
    Le sergent Ditsch redescendit afin de ramener
Bob au premier étage et Timberlake leur emboîta le pas.
    « Vous ne trouverez rien, leur annonça
Bob. Nous autres, les enfants Ford, nos parents nous ont bien élevés. Je dors
sur mes deux oreilles. »
    Le sergent considéra Bob et Timberlake avec un
froncement de sourcils et ouvrit la porte de la chambre. Timberlake bouscula
Bob et entra en lâchant :
    « N’écoute pas ce que raconte ce
blanc-bec. Je lui filerais pas le bon Dieu sans confession. »
    Le commissaire Craig était assis sur le lit de
Bob avec la boîte à chaussures de souvenirs sur les genoux.
    « Vous êtes un fétichiste, dites-moi… commenta-t-il.
    — Montre-nous comment accéder au grenier,
lui intima Ditsch.
    — Vous voulez dire que vous n’y êtes pas
encore allés ? »
    Craig fixa Bob par-dessus ses lunettes rondes,
les yeux plissés, avec une expression aigre.
    « Je ne pense pas qu’on découvrira
grand-chose dans le grenier. J’ai l’impression que notre espion nous a aiguillés
sur une fausse piste.
    — Il faut bouger les cartons posés sur
ces étagères. Au lieu de construire un escalier, ils ont juste découpé une
trappe au fond de la penderie. »
    Timberlake balança les boîtes derrière lui ;
des robes noires et des crinolines se déversèrent sur le plancher à l’endroit
même où Wood Hite avait quitté ce bas monde. Bob prit place sur le lit de camp
et appuya son crâne contre les réclames de corsets épinglées au mur. Il se
moquait que Dick tirât sur les policiers quand ils entreraient dans le grenier ;
il se moquait que Dick se rendît, avouât tout et que lui, Bob, fut condamné
pour meurtre. Il avait des frissons, la nausée et une seule envie – s’allonger.
La coiffeuse blanche avait perdu ses trois tiroirs ; le sol était tapissé
de manteaux et de pantalons ; des livres gisaient à plat par terre comme
des bouses de vache.
    Sous le regard vigilant de Craig et de Ditsch,
Timberlake grimpa sur une chaise et asséna une série de coups de coude dans le
couvercle de la trappe jusqu’à ce qu’il se disjoignît de son cadre et que le
shérif pût dégager l’ouverture. Il dégaina son revolver, le leva et vociféra :
« Toi, là ! Rends-toi ! »
    Il attendit une réponse en observant ses
genoux, puis

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