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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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le sergent Ditsch lui tendit une chandelle allumée, que Timberlake
déposa sur le plancher du grenier. Craig lorgna en direction de Bob, qui lui
répondit par un discret hochement de tête.
    « Vas-y, Jim », intima-t-il.
    Timberlake prit appui sur ses mains et passa
la tête par la trappe. Ses jambes pivotèrent de droite et de gauche, tandis qu’il
inspectait le grenier, mais il n’y eut ni coup de feu ni bruit d’aucune sorte.
    « Des moineaux », fit Timberlake, avant
d’ajouter, après quelques gesticulations supplémentaires : « Vous
avez une fenêtre ouverte, vous êtes au courant ?
    — Redescends, Jim, déclara Craig en
retirant ses lunettes pour les nettoyer. On dirait que notre espion s’est fichu
de nous. »
    Martha apparut dans le couloir vêtue d’une
robe en vichy bleue et d’un tricot blanc.
    « Et vous prétendez appartenir aux forces
de l’ordre ! » ironisa-t-elle à la vue de la chambre sens dessus
dessous.
    Craig eut un sourire inauthentique et prit
quelques notes dans un cahier, puis le referma.
    « Pourquoi ne pas nous montrer la grange
et l’écurie, Mr Ford ? » suggéra-t-il.
    Bob boutonna son manteau et s’enroula une
écharpe en laine autour du cou, puis Timberlake et lui sortirent dans la neige
tels deux vieux copains partant faire du patin à glace.
    « Tu vas avoir du succès, au pénitencier,
l’asticota Timberlake. Un beau garçon comme toi. Tu n’as pas à redouter de te
sentir seul. »
    Il ne restait plus qu’une vingtaine de minutes
avant le lever du soleil. Wilbur émergea de sa chambre, habillé pour les
travaux de la ferme. Le shérif et deux autres policiers fouillèrent la
mezzanine et les moindres recoins de la grange.
    Bob patienta dehors dans le froid, les poings
fourrés dans son manteau, et étudia la fenêtre nord du grenier. Elle avait
manifestement été forcée. Un lambeau de tissu blanc ondoyait au bout de l’éclat
de bois sur lequel il s’était déchiré ; un moineau était perché sur l’appui
de la fenêtre ; des bardeaux affleuraient çà et là dans le sillon neigeux
que Dick avait creusé lorsqu’il avait dévalé le toit en silence. Ses bottes
avaient laissé deux entonnoirs dans la neige ; celui de gauche s’évasait
quelque peu d’un côté et évoquait la queue d’une comète, comme si Dick s’était
tordu la cheville à la réception de son saut.
    Entre-temps, les deux policiers avaient
découvert dans la neige les vestiges du passage d’un cavalier qui s’était enfui
vers le nord à travers le verger, mais étant donné qu’ils étaient à pied, ils
ne purent poursuivre Dick et durent se contenter de maudire la malchance.
    Bob les entendit et ferma les paupières. La
porte de l’écurie grinça et Bob flaira l’odeur de la chique. Il rouvrit les
yeux et vit le commissaire Craig debout à côté de lui, songeur.
    « Comme on dit, “Dieu veille sur les
simples d’esprit et les enfants”, maugréa Craig avec humeur.
    — Non, pas toujours, objecta Bob. En l’occurrence,
je crois que c’est une exception. »
    En octobre, un
médecin avait diagnostiqué à Clarence Hite que sa toux était due à la phtisie
et celui-ci était rentré se retaper au Kentucky, bien que la vie n’y fût pas
particulièrement agréable. Mrs Sarah Hite avait pris la fuite peu après le
meurtre de John Tabor ; Wood Hite avait été arrêté, s’était échappé, avait
disparu ; puis la nouvelle que l’on avait retrouvé le corps d’Ed Miller en
décomposition dans un bois était parvenue jusqu’aux Hite. Plus tard, dans ses
aveux, Clarence rapporta que, « environ une semaine avant que Johnny
Samuels ne se fasse tirer dessus », Jesse lui avait envoyé une lettre.
« Elle était timbrée de Kearney, dans le Missouri, mais je crois qu’il l’avait
écrite à Kansas City. Il y disait en substance que j’avais intérêt à mettre les
bouts, parce que Dick était en cheville avec la police et qu’ils n’allaient pas
tarder à se pointer pour me mettre à l’ombre. »
    Comment Jesse avait-il pu le deviner ? cela
demeure un mystère ; peut-être n’était-ce que supposition ; peut-être
Jesse avait-il le don de clairvoyance, comme il l’avait toujours affirmé. Toujours
est-il qu’il avait un mois d’avance, car James Andrew Liddil ne se livra au
shérif Timberlake que le 24 janvier 1882, à Liberty, dans le Missouri. Henry
Craig avait tenu parole et n’avait dévoilé à personne que c’était Bob qui

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