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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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vif comme l’éclair, logea une balle entre
les deux épaules du misérable, qui s’affaissa comme un sac de sable, mort, sur
la crinière de son cheval.” » Charley sourit à nouveau et exhiba à Jesse
la couverture du livre, intitulé Les Frères James au Mexique. « Quelqu’un
a oublié ça là-bas. »
    De la main gauche, Jesse lui asséna une gifle
qui fit voler les lunettes bleues. Charley chancela et blêmit, une marque d’un
rose cuisant sur la joue.
    « Ne t’avise plus jamais de lire ces
mensonges à mon fils ! C’est bien compris ? Mes enfants seront bien
élevés !
    — Désolé ! »
    Bob vit que Jesse avait les yeux humides.
    « Je suis furax », dit-il, admonestant
les Ford, avant de prendre doucement sa fille endormie dans ses bras en lui
murmurant des mots de tendresse et de s’éloigner avec Tim.
    Tard le dimanche
soir, sur le lit du séjour, Charley se pelotonna contre le mur et, malgré l’oreiller
qu’il pressait contre sa bouche, Bob devina qu’il pleurait. Bob s’enquit de ce
qu’il avait.
    « Peur », bafouilla Charley.
    Bob se blottit près de son grand frère et l’étreignit
de son bras gauche.
    « Il ne nous tuera pas. »
    Charley soupira et trembla encore une minute, puis
se moucha dans l’oreiller.
    « Si, opposa-t-il à Bob une fois qu’il
eut récupéré son sang-froid. On va partir pour Platte City demain et il nous
abattra comme il a abattu ce chef de train à Winston. Ou peut-être qu’il
attendra qu’on soit endormis, dans les bois, et qu’il nous égorgera comme il a
dit pour ce caissier. »
    Bob jeta un coup d’œil par-dessus son épaule
en direction de la chambre, puis chuchota à l’oreille de Charley : « Il
ne pourra pas, parce que je ne dormirai pas. » Charley se retourna sur le
dos et fixa le plafond, puis lança un regard à son frère cadet.
    « Aujourd’hui, on était le neuvième jour,
non ? Craig t’en avait bien donné dix ? Si ça se trouve, ils vont
cerner la banque et quand on ressortira, on sera pris entre deux feux, on aura
peut-être en face de nous une cinquantaine de flingues pointés sur Jesse qui
canarderont dans tous les sens et tout le monde s’en fichera bien si ces moins
que rien de Ford se font descendre dans la bataille.
    — Tu te fais des idées. »
    Charley se couvrit les yeux de son bras et
respira à grandes bouffées pour se calmer, avant d’être saisi par une toux
violente. Puis le silence revint dans la pièce et Charley lâcha : « ‘Y
aura pas de Platte City. Jesse nous mène en bateau. » Bob réfléchit un
instant à cette hypothèse. Il se glissa hors du lit et enfila ses habits. Charley
le dévisagea et voulut savoir ce qu’il avait en tête, mais Bob l’exhorta
seulement à dormir. Il traversa le séjour, la salle à manger, la cuisine et
sortit dans la nuit. Le sol était froid comme du marbre sous ses pieds et l’herbe
le picotait comme les crins d’un balai. Il portait un pantalon de laine grise
par-dessus ses sous-vêtements longs, mais la fraîcheur de l’air le poussa à s’emmitoufler
dans une couverture matelassée à gros carreaux étendue sur la corde à linge. Il
distinguait une jument assoupie sur trois pattes dans l’écurie, tandis que la
quatrième, levée avec une certaine affectation, semblait préluder à une
révérence. Le vent dans les branches du sycomore soufflait le mot « souhait ».
Il apercevait au loin le district d’Independence, au Kansas. Les exhalaisons
des arbres fruitiers lui taquinaient les narines comme l’odeur d’une tarte qui
refroidit sur l’appui de la fenêtre d’un voisin. Il s’installa sur un simple
banc sous les lignes d’étendage distendues qui partaient de l’avant-toit. Une
cuillère tordue traînait par terre. Une poupée de paille trônait dans un seau
en fer-blanc.
    Il entendit la porte treillissée grincer et se
refermer derrière lui, entendit son frère qui s’approchait en boitant et se
campait derrière lui ; il sembla méditer sur leur sort, sur le passé, sur
la galaxie. Il se laissa tomber sur le long banc comme s’il pesait trois cents
kilos et Bob se rendit compte qu’il s’agissait de Jesse.
    « Je vois que nous sommes tous les deux
des oiseaux de nuit. »
    Bob ne dit rien.
    « Mrs Saltzman s’était fait un
potager par là. D’après les Turner, c’était une merveille : grillages à
lapin, ombre en plein midi, clématite le long des tuteurs de haricots… J’ai
négligé mes

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