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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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quitter la barre et
l’audience fut ajournée au lendemain matin, à dix heures. O. M. Spencer
émit un soupir.
    « Ton tour viendra, Spencer », l’apostropha
Henry Craig, et tous deux s’en furent ensemble au restaurant afin de confronter
leurs stratégies.
    Pendant ce temps, les Ford rentrèrent d’un pas
nonchalant à la prison sous une pluie glaciale. Des policiers les abritèrent
sous une grappe de parapluies noirs et toute une foule leur emboîta le pas, dans
un concert d’acclamations, de félicitations, de sifflets et de quolibets
agrémentés de regards hargneux. Le shérif James Timberlake se leva de son
fauteuil lorsque les deux frères se réfugièrent à l’intérieur et les
raccompagna jusqu’à leur cellule tandis que l’on verrouillait les portes et que
l’on baissait les stores. Timberlake leur recommanda de ne conclure aucun
accord sans consulter au préalable Henry Craig ou William H. Wallace, de ne pas
se fatiguer à chercher un avocat, dans la mesure où il y en avait déjà un bon
qui avait exprimé son intérêt pour leur cas, et d’accorder leurs violons quant
aux événements – d’après les reporters avec qui il avait discuté, il existait
trop d’incohérences. Dans certaines versions, Charley n’était même pas dans la
pièce au moment où le coup de feu avait été tiré. « Je m’amusais juste un
peu, fit valoir Bob. – Tu t’amusais… » répéta le shérif.
    Dick Liddil se reposait sur un lit de camp
voisin des leurs. Il se leva à l’entrée des Ford et salua Charley, mais il
était manifestement sous le choc et ne put que regarder Bob avec affliction. Timberlake
suggéra qu’il serait plus sûr pour Dick de passer la nuit en prison et Dick en
convint :
    « Ça ira, Jim. Je suis habitué, maintenant. »
À l’extérieur, le shérif Timberlake fut intercepté par un correspondant du St Louis
Democrat et profita de l’occasion pour rectifier diverses idées fausses ;
il soutint que Jesse était au courant que Bob Ford était en mission et qu’il
guettait le bon moment pour liquider le jeune homme :
    « J’ai passé dix jours à me ronger les
sangs, je m’attendais à tout moment à apprendre que Bob avait été tué et quand
enfin j’ai appris la mort de Jesse et les conditions dans lesquelles elle était
survenue, j’ai su que Jesse n’avait retiré ses revolvers en présence de Bob que
pour lui faire croire qu’il était en eau sûre. Il n’imaginait pas que Bob lui
tomberait dessus à ce moment-là. Ce soir, au cours du trajet jusqu’à Platte
City qui avait apparemment été décidé, Jesse aurait sans le moindre doute collé
une balle entre les deux yeux de Bob. » Les sociétés de chemin de fer
avaient pour leur part déjà mis en place avec jubilation des wagons spéciaux
destinés à acheminer les curieux jusqu’à St Joseph à des tarifs des plus
avantageux, si bien que des milliers d’étrangers fascinés firent le pèlerinage
jusqu’au pavillon de Lafayette Street et allèrent vénérer les restes
frigorifiés dans la chambre froide de Seidenfaden. Les reporters écumaient la
ville, recueillaient anecdotes et épisodes apocryphes, multipliaient les
entretiens avec les principaux intéressés, rabâchaient sans vergogne, déformaient
les faits et, pour certains, inventaient afin de s’attirer les bonnes grâces
des propriétaires de journaux.
    L’homme qui avait proposé trente mille dollars
pour le cadavre de Charles Guiteau envoya au marshal Enos Craig un télégramme
dans lequel il en offrait cinquante mille pour le corps de Jesse Woodson James
afin de le montrer dans tout le pays ou du moins de le revendre à P. T. Barnum
pour son « Plus Grand Spectacle du Monde ». Nonobstant sa promesse
envers Mrs James, Craig semble avoir mûrement pesé cette requête ; il
semble aussi avoir eu des vues sur les armes du criminel, car le mercredi, avec
humeur, le gouverneur Crittenden intercéda par câble auprès d’O. M. Spencer :
« Viens d’apprendre que vos hommes refusent de remettre la dépouille de
Jesse James à son épouse ou de m’expédier ses armes. J’espère que vous vous en
serez chargé. L’humanité commande l’un et la préservation de telles reliques
par l’État, l’autre. Pour l’heure, ses bijoux se doivent d’être gardés sous
scellés. » Le gouverneur dépêcha également la milice de l’État à St Joseph
le 3 afin de garantir l’ordre public et de protéger ses exécutants de plus

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