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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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Peu de gens remarquèrent son
zézaiement. Il pleuvait des cordes au-dehors et peu à peu la salle d’audience
se rafraîchit. Heddens demanda à Charley si c’était pour participer à un coup
que Bob était venu à St Joseph et Charley informa le coroner de leurs
projets concernant la banque de Platte City.
    « Jesse nous a raconté qu’il allait y
avoir un procès pour meurtre cette semaine et que pendant que tout le monde
serait au tribunal, il se glisserait dans la banque pour la dévaliser ou alors
qu’il retournerait à Forrest City pour se faire celle-là. »
    Le coroner se posta devant la table de l’accusation,
les mains dans les poches. Il n’avait pas l’habitude des contre-interrogatoires
et n’avait que trop conscience de la présence d’innombrables avocats qui l’observaient.
    « Et vous, qu’aviez-vous comme idée en
tête ? » fit-il sans conviction.
    Charley continua comme si la question de
Heddens était logique et incisive :
    « Tout ce que je voulais, c’était que Bob
soit avec moi histoire que l’un de nous puisse descendre Jesse si jamais il
ôtait ses pistolets. Tenter quoi que ce soit tant qu’il les aurait ne servait à
rien, vu que Jesse m’avait souvent répété qu’il ne se rendrait jamais, même
face à une centaine d’hommes et que même si trois surgissaient devant lui et
lui tiraient dessus, il était capable de les abattre avant de toucher le sol. »
    Au désespoir d’O. M. Spencer, le Dr
Heddens laissa Charley disposer sans pousser plus avant son interrogatoire, mais
le procureur choisit d’en rester là en attendant de pouvoir questionner les
frères Ford lors de leur procès. Charley revint à sa place en se pavanant et s’affala
dans sa chaise afin d’échapper aux regards. « Tu t’en es bien sorti »,
lui souffla Bob. Le coroner Heddens appela Robert Newton Ford à la barre.
    Les spectateurs se tordirent le cou, se
levèrent de leur siège, sautillèrent sur place afin d’entrevoir l’as de la
gâchette. Il marcha avec assurance jusqu’à l’huissier, jura calmement de ne pas
se parjurer, puis se prêta avec complaisance à la curiosité de l’assemblée, un
sourire arrogant et comblé aux lèvres. Il avait vingt ans, mais en paraissait
seize. Son costume gris était neuf, ses cheveux bruns coupés court aussi soyeux
que ceux d’un enfant et il paraissait incroyablement soigné de sa personne. Il
était mince, mais musclé et ses os solides semblaient aussi fins et robustes
que les balustres d’une chaise. Ses traits étaient racés, son teint sans défaut
ni couleur (tout hâle était alors considéré comme aussi disgracieux que de la
crasse) et, hormis l’expression cruelle de sa bouche, Bob Ford eût pu être jugé
plutôt séduisant.
    Le coroner reprit son catéchisme élémentaire
par demandes et réponses et Bob lui donna la réplique d’une voix autoritaire et
confiante, sur un ton parfois sermonneur. Il fit un récit relativement précis
des quatre mois précédents, écorchant juste quelques dates et présentant la
récompense de dix mille dollars comme le seul mobile de son geste.
    « À quoi avez-vous employé votre temps
depuis que vous êtes ici ? s’enquit Heddens.
    — Mon frère et moi allons parfois en
ville le soir pour acheter les journaux.
    — Sous quel motif avez-vous approché
Jesse ?
    — Je lui ai dit que je ferais le coup
avec lui.
    — Projetiez-vous de dévaliser une banque ?
    — Il en avait évoqué plusieurs, mais il n’avait
arrêté son choix sur aucune. »
    Le coroner fut quelque peu décontenancé par
cette assertion qui contredisait celle de Charley, mais poursuivit.
    « Bien, à présent auriez-vous l’obligeance
de nous indiquer les circonstances et l’heure du meurtre ?
    — Après le petit-déjeuner, entre huit et
neuf heures ce matin, lui, mon frère et moi étions dans le séjour. Il a enlevé
ses pistolets, il est monté sur une chaise pour épousseter le cadre de quelques
tableaux, j’ai dégainé et je l’ai tué.
    — À quelle distance de lui étiez-vous ?
    — Un peu moins de deux mètres.
    — Et votre main armée ? »
    Bob adressa un regard réprobateur au coroner, estimant
la question futile.
    « Environ un mètre vingt, je pense.
    — A-t-il dit quoi que ce soit ?
    — Il a fait mine de tourner la tête, mais
il n’a pas dit un mot.
    — Jesse James était-il désarmé quand vous
lui avez tiré dessus ?
    — Oui. »
    Le coroner autorisa Bob à

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