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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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en
plus menacés.
    Toutefois, la milice n’était pas encore
arrivée le jour où six cavaliers en imperméables, coiffés de chapeaux à larges
bords, pénétrèrent à cheval dans le jardin du 1318 Lafayette Street. Des
carabines courtes et des fusils dépassaient de leurs fontes de selle, des
revolvers évasaient leurs manteaux à la taille et ils riaient à quelque saillie
ou à quelque plaisanterie quand un agent de police en uniforme bleu marine
sortit du pavillon et s’avança à leur rencontre. Certains d’entre eux se
troublèrent, d’autres s’effrayèrent, mais l’un des hommes se borna à fixer le
policier d’un air renfrogné et à lui demander ce qu’il était advenu du
propriétaire. Lorsqu’ils entendirent que l’homme qu’ils recherchaient avait été
abattu, l’un des six cavaliers grommela : « Oh, Seigneur, non ! »
Et comme ils tournèrent bride sur-le-champ et quittèrent la ville, on conjectura
par la suite qu’il s’agissait de nouvelles recrues dont même les Ford ignoraient
tout, ce qui bien entendu accrédita la thèse de Bob selon laquelle Jesse avait
l’intention de se débarrasser de Charley et lui. On ne fit cependant que peu de
cas de l’apparition inattendue et du départ précipité des six hommes – la
frénésie et l’effervescence étaient alors telles en ville que l’incident ne fit
guère impression sur les autorités locales.
    À l’issue de cette journée, Mr Seidenfaden
nota dans son registre de comptabilité noir : « 3 avril. Décès de Mr Jesse
James. Cercueil n° 11 S + linceul, 250 $. Linceul 10 $. Réglé. » Il s’agissait
là d’une extravagance : le cercueil était en acier galvanisé imitation
bois de rose, les poignées et les vis en argent, le capiton en satin couleur
crème. La somme de deux cent soixante dollars était plus de dix fois supérieure
au prix de funérailles normales, mais elle fut entièrement prise en charge par « des
messieurs souhaitant conserver l’anonymat », qui se révélèrent bien plus
tard n’être autres que James R. Timberlake et Henry H. Craig.
    Tard cet après-midi-là, Jacob Spencer, le propriétaire
du St Joseph News s’enferma dans sa bibliothèque afin de s’atteler
à la rédaction de La Vie et les tribulations de Frank et Jesse James, un
ouvrage de deux cents pages qu’il termina sept nuits plus tard et dont le
premier tirage fut épuisé sitôt mis en vente, le 12 avril. (Spencer affirma par
la suite que cinq cent mille exemplaires eussent été nécessaires afin de
répondre à la demande.)
    Un homme s’introduisit cette nuit-là dans le
pavillon des Howard et découpa un échantillon du tapis taché de sang, que dès
le lendemain après-midi, il revendit à Chicago sous forme de fragments d’un
pouce carré pour cinq dollars pièce.
    Désirant avoir le cœur net que le cadavre
exposé sur la glace était bien celui de Jesse James, le gouverneur fit venir
jusqu’à St Joseph un groupe de proches et de voisins du comté de Clay à
bord d’un train de la Missouri Pacific et tous se retrouvèrent face à la
dépouille sur le coup de minuit. Mattie Collins fut la plus affectée par ce
spectacle : elle traita Bob Ford de chien, de scélérat, insulta avec
impudence William Wallace et Henry Craig en leur présence, tempêta contre cette
garce de Martha Bolton qui avait tout orchestré et se comporta en tout comme
une tragédienne exaltée, jusqu’à ce que finalement Wallace lui intimât :
    « Ma chère, veuillez cesser ! »
    Un par un les identificateurs se virent
demander par Craig s’ils reconnaissaient le défunt et tous corroborèrent que c’était
bien l’homme avec qui ils étaient allés à l’école, à la guerre ou encore en
patrouille.
    « C’est bien Jesse, confirma Dick Liddil.
Je reconnaîtrais sa poire dans un verger. »
    Quatre d’entre eux signèrent une déclaration
dans laquelle ils certifiaient « que nous connaissions bien Jesse James de
son vivant, que nous venons de voir son corps, à présent sous la garde du
coroner céans, et témoignons sans la moindre hésitation qu’il s’agit
indubitablement de sa dépouille ».
    Peu après leur départ, aux environs d’une
heure du matin, le coroner Heddens et trois autres médecins, parmi lesquels
George C. Catlett, le directeur de l’asile psychiatrique se glissèrent dans la
chambre froide afin de pratiquer une autopsie. Ils observèrent que le cadavre
était celui d’un « homme au physique

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