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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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farouches lamentations, scandant à tue-tête : « Comment
pourrai-je le supporter ? Comment pourrai-je le supporter ? Comment
pourrai-je le supporter ? » Zee James, debout immobile au pied du
cercueil, caressait doucement du bout de ses doigts gantés l’imitation bois de
rose. Sur la bière avait été apposée une plaque en argent sur laquelle était
gravé « Jesse James » en caractères gothiques. Le Dr Samuels relata
une anecdote inintéressante à propos de la première fois où il avait aperçu son
épouse, dans cet hôtel justement, et le correspondant du New York Herald persifla à l’oreille de l’un de ses collègues. Il était cinq heures du matin
quand les journalistes allèrent enfin se coucher.
    Le shérif Timberlake s’était arrangé pour que
le recteur de William Jewell College célébrât les offices du Jeudi saint, mais
après que le très révérend W. R. Rothwell eut accepté, on lui rappela que
George Wymore, un étudiant de l’établissement, avait été abattu par la bande
des frères James et Younger lors de l’attaque de la caisse d’épargne du comté
de Clay et, prétextant un début de maladie, Rothwell recommanda le pasteur J. M. P.
Martin de l’église baptiste de Mount Olivet pour le remplacer.
    Quoique Kearney ne fût alors qu’une bourgade
de six cents âmes construite autour d’une unique rue principale, cinq cents
personnes se succédèrent dans le hall de McCarthy House entre le lever du
soleil et midi. Des trains de marchandises comme de passagers marquèrent des
arrêts impromptus afin que les voyageurs et les cheminots pussent voir la
dépouille du desperado ; des métayers vivant parfois dans des cabanes à
plus de vingt-cinq kilomètres de la ville firent le déplacement. Puis vers deux
heures de l’après-midi, on revissa le couvercle du cercueil, qu’on porta jusqu’à
un chariot équipé de suspensions. Une procession de vingt voitures et attelages
s’étira derrière le cercueil jusqu’à l’église de brique rouge de plain-pied
déjà si comble que deux cents personnes faisaient le pied de grue sur la
pelouse en fumant et en plaisantant. Les deux étaient d’un bleu azur, la
température de quinze degrés, l’herbe sillonnée d’une légère brise.
    Le shérif Timberlake joua les porteurs de
cercueil suppléants et beaucoup dans l’assistance le prirent pour Frank James. Les
cinq autres préposés à cette tâche étaient le shérif adjoint J. T. Reed, un
ami d’enfance du hors-la-loi et J. D. Ford, le maire de Liberty, ainsi que
Charles Scott, James Henderson et James Vaughn (qui, bien plus tard, perdit la
tête et prétendit être le frère de Jesse). La bière fut disposée sur une courte
table, face à l’autel dépouillé, et la famille et les proches prirent place à
côté, tandis que la congrégation entonnait le cantique « What a friend we
have in Jesus » – « Quel ami nous avons en Jésus ».
    Le pasteur R. H. Jones cita le livre de
Job : « L’homme né de la femme – sa vie est courte, sans cesse agitée.
Il naît, il est coupé comme une fleur ; Il fuit et disparaît comme une
ombre. »
    Mrs Samuels gémissait « Ô doux Jésus »
à intervalles stratégiques et persévéra tout au long de la lecture du psaume 39 :
« Seigneur, fais-moi connaître ma fin et quelle est la mesure de mes jours,
que je sache combien je suis éphémère. Voici, tu as donné à mes jours une
largeur de main, et ma durée n’est presque rien devant toi : oui, tout
homme solide n’est que du vent. » Puis Jones proposa de prier pour que le
Seigneur fît de la douleur de cette mère, de cette épouse, de ces enfants
abandonnés à eux-mêmes une bénédiction en leur permettant de parvenir à une
merveilleuse connaissance de Lui.
    La congrégation de Mount Olivet se leva pour
chanter « Oh, where shall rest be found ? » – « Oh, où
trouverons-nous le repos ? » – et le pasteur Jones rejoignit
Timberlake alors que le pasteur J. M. P. Martin, voûté et renfrogné, grimpait
péniblement les degrés d’une chaire surélevée barrée d’un rai de soleil. Il
considéra gravement le cercueil à travers ses lunettes, puis adressa un regard
d’excuse à la famille et au reste de l’assemblée avant de diviser sa bible en
deux du doigt.
    « Nous savons tous que l’on ne peut
ramener les morts à la vie, commença-t-il. Et il ne servirait à rien que je
révèle devant cette congrégation quelque information

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