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L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford

Titel: L’assassinat de Jesse James par le lâche Robert Ford Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Ron Hansen
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changea
sa boîte à sandwich de main.
    « J. T.
    — On vous fait travailler jusqu’à point d’heure !
    — Les frères James ont encore attaqué un
train.
    — Pas possible ! »
    Dyerr jugea sans doute qu’il s’était assez
compromis par ces quelques mots, car il traversa son jardin sans ouvrir la
bouche.
    « Si on dépêche un détachement de
volontaires, pistonnez-moi pour que j’en sois ! » l’interpella Jesse
d’une voix stridente.
    Ils entendirent une femme poser une question à
Dyerr lorsqu’il ouvrit la porte treillissée et il répondit : « Avec
Machin, le voisin d’à côté. »
    « Vous êtes vraiment aussi culotté qu’on
l’affirme ! s’extasia Bob. J’en suis baba. »
    Le cigare de Jesse s’était éteint. Il tendit
la main vers la chandelle pour enflammer une allumette. Il paraissait soudain
morose, presque en colère.
    « J’aimerais vous confier un truc. »
    Jesse le foudroya du regard.
    « C’est plutôt drôle, en fait. Vous voyez,
quand Charley m’a appris que je pouvais l’accompagner, je me suis affolé, de
peur de ne pas être capable de reconnaître lequel de vous deux était Jesse
James et lequel était Frank. Du coup, j’ai découpé un extrait qui vous décrit
tous les deux et je l’ai emporté dans ma poche.
    — Et c’est un extrait de quoi ?
    — Vous voulez entendre ? Je peux
vous le lire si vous voulez. »
    Jesse déboutonna sa chemise en lin et se
frictionna la poitrine de camphre. Bob interpréta cela comme un signe d’acquiescement.
Il sortit de sa poche droite une coupure de presse flétrie et jaunie.
    « C’est tiré des écrits du major John
Newman Edwards, déclara Bob avant de ramasser la chandelle et de la poser sur l’accoudoir
de son rocking-chair. Il faut que je retrouve le bon paragraphe.
    — Vas-y, je suis assis et je n’ai rien de
mieux à faire.
    — Voilà : “Jesse James, le plus
jeune, a un visage aussi lisse et innocent que celui d’une écolière. Ses yeux
bleus, limpides et pénétrants, sont toujours en éveil. Il est de haute stature,
élégant, doué d’une endurance considérable et capable de grands efforts. Il a
toujours aux lèvres un sourire, un mot gentil, un compliment pour tous ceux qu’il
côtoie. À voir ses mains, petites et blanches, et leurs longs doigts effilés, on
ne soupçonnerait jamais que pourvues d’un revolver, elles comptent parmi les
plus vives et les plus mortelles de tout l’Ouest.” » Bob leva les yeux. « Ensuite,
il brosse le portrait de Frank. »
    Jesse tira sur son cigare. Bob se rapprocha à
nouveau de la chandelle.
    « “Frank est plus âgé et plus grand. La
figure de Jesse s’inscrit dans un ovale parfait – celle de Frank est allongée, large
au niveau du front, carrée et massive au niveau de la mâchoire, empreinte d’un
air de tranquillité immuable. Jesse est enjoué, téméraire, insouciant”… »
Bob adressa un sourire en coin à Jesse, qui ne manifesta aucune réaction.
« … “Frank, sérieux, posé, dangereux, toujours sur le qui-vive en société.
Jesse sait que sa tête est mise à prix et aime à discuter du pourquoi et du
comment de sa situation ; Frank en est lui aussi conscient, mais ça l’irrite
au plus haut point et hérisse le tigre qui sommeille en lui. Ni l’un ni l’autre
ne se laissera prendre vivant”. » Bob retourna le morceau de papier et
poursuivit : « “Abattus – ils le seront peut-être. Mais étant de ceux
qui ont depuis longtemps dit adieu à la vie, lorsque la mort viendra, sans
surprise ni regret ils l’accueilleront d’un simple ‘Comment va, vieille branche’?” »
    Jesse fit grincer son fauteuil et sabra d’un
doigt jauni l’extrémité incandescente de son cigare, dont le reste de cendres
éteintes se désintégra avant de tomber en pluie de son pantalon quand il se mit
debout.
    « Je suis un vaurien, Bob, lâcha-t-il. Je
ne suis pas Jésus. » Et il rentra dans son pavillon de location, plantant
là le jeune homme, qui, tout petit déjà, jouait à capturer Jesse James.

2
1865-1881
    On nous a accusés d’avoir
dévalisé la banque de Gallatin et tué le caissier ; d’avoir attaqué le
guichet à l’entrée de la Foire de Kansas City et une banque à Ste Genevieve ;
d’avoir pillé un train dans l’Iowa et tué le machiniste, ainsi que d’avoir
dévalisé deux ou trois banques dans le Kentucky et tué deux ou trois hommes
là-bas, mais nous sommes disposés à répondre de

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